La diplomatie ne se juge pas aux déclarations de bonnes intentions, mais à leur mise en œuvre concrète. C’est précisément dans cet esprit que s’inscrit la visite de travail que le ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Étranger, M. Nasser Bourita, effectue ce lundi à Paris, à l’invitation de son homologue français, M. Jean-Noël Barrot. Loin d’un simple exercice protocolaire, ce déplacement revêt une portée stratégique majeure : il s’agit de traduire, dans les faits, l’ambition portée par le Partenariat d’Exception Renforcé, scellé à Rabat le 28 octobre 2024.
Le contexte régional et international impose aux deux pays une coordination étroite. Qu’il s’agisse des grands enjeux sécuritaires en Méditerranée, du Sahel, de la coopération économique euro-africaine ou des défis migratoires, Rabat et Paris ont tout à gagner d’un alignement stratégique, d’autant plus nécessaire que le monde traverse une phase d’instabilité géopolitique aigüe. Sur tous ces fronts, le Maroc est un acteur fiable, doté d’une vision claire et stable, appuyée sur la légitimité de son modèle de développement et sa crédibilité régionale.
Mais au-delà de la dimension géopolitique, cette visite s’inscrit aussi dans une volonté d’approfondir les liens humains, culturels et économiques entre les deux nations. Le rôle central de la communauté marocaine en France, la fluidité des échanges universitaires, la vitalité de la coopération décentralisée : autant de piliers qui doivent être consolidés pour faire de ce partenariat une réalité vivante, incarnée dans le quotidien des peuples et non cantonnée aux cercles diplomatiques.
Il appartient donc à M. Bourita et à son interlocuteur français de transformer les engagements pris dans la Déclaration d’octobre en feuilles de route précises, en mécanismes bilatéraux efficaces et en perspectives communes. Ce rendez-vous diplomatique n’est pas une simple étape, mais une boussole. Il dira si la France est prête à considérer le Maroc non comme un partenaire ordinaire, mais comme un allié stratégique à part entière, fidèle à la parole donnée et attentif aux évolutions profondes du Royaume.
La balle est désormais dans le camp des bâtisseurs de l’avenir. Le Partenariat d’Exception Renforcé ne doit pas rester un slogan : il doit devenir une matrice d’action. C’est à cette exigence que répond la visite de M. Bourita à Paris. Et c’est à l’histoire qu’il reviendra de juger si les deux capitales ont su, en ce printemps 2025, répondre à l’appel de leurs ambitions communes.