La ville affronte l’insécurité croissante en déployant des mesures urbaines, sociales et sécuritaires coordonnées. Mais encore?
À la lisière des résidences cossues de Bouskoura, une réalité plus discrète s’installe : celle de la recrudescence de faits délictueux. Par-ci les vols à la tire, et les dégradations, par-là les agressions à la sortie des commerces et devant les établissement bancaires, sans oublier les fameux rodéos nocturnes…ces faits, souvent mineurs mais répétés, nourrissent un sentiment d’insécurité parmi les riverains.
Ce phénomène n’est pas propre à cette localité. Il accompagne souvent les phases de transition rapide dans les villes en croissance. Ici, les résidences fermées côtoient des zones encore en cours d’équipement, des quartiers récents sans vie sociale consolidée, ou des secteurs accueillant une population en situation d’attente, qu’elle soit économique, sociale ou territoriale.
Face à cette réalité maussade, les autorités locales ne sont pas restées passives. Des actions concrètes ont été engagées pour freiner la montée de la petite délinquance aux abords des grands ensembles résidentiels, là où les inquiétudes commençaient à se faire entendre dans les discussions de voisinage et les réunions de quartier.
Une première phase a consisté à renforcer les patrouilles de proximité, en ciblant les horaires et les lieux identifiés par les rapports de terrain. La gendarmerie royale, compétente sur une large partie de ces zones suburbaines, a vu ses effectifs augmentés dans la région. Plusieurs unités mobiles ont été déployées, en particulier dans les quartiers en attente de commissariats urbains.
Parallèlement, une politique d’aménagement préventif a été lancée. Elle vise à éviter la création de “zones vides” : ces espaces interstitiels non construits, non éclairés ou non occupés, qui peuvent devenir des points de repli pour les actes de petite délinquance. Des aménagements transitoires ont ainsi été installés : éclairage public provisoire, mobiliers urbains, barrières modulaires, présence de vigiles dans certaines zones à risque.
Les causes de cette situation sont connues. Le chômage des jeunes, parfois installés dans des zones périphériques sans accès direct à l’emploi, alimente des comportements de repli ou de débrouille informelle. Mais là encore, des initiatives ont été activées. Le ministère de l’Emploi, en lien avec la région Casablanca-Settat, pilote un programme d’insertion locale ciblé sur les quartiers émergents de Bouskoura, avec des ateliers de requalification, des coopératives en lancement, et des incitations pour les entreprises à embaucher localement.
Sur le plan de la planification urbaine, le nouveau Schéma Directeur d’Aménagement de la commune, validé en 2024, prévoit une intégration plus forte des services publics dans les nouveaux pôles urbains : écoles, centres de santé, commissariats, et surtout équipements culturels et sportifs, pour créer du lien et éviter l’isolement social.
Il ne s’agit pas de nier que des tensions existent, mais il serait injuste d’oublier que la réponse publique est active, structurée et progressive, a fortiori s’il s’agit d’une ville en expansion qui connaît des phases constantes d’ajustement. Car dans le fond, ce qui compte, c’est la volonté politique de corriger les déséquilibres dès qu’ils apparaissent, et à Bouskoura, cette volonté est clairement affirmée.
La sécurité n’est pas seulement une question de présence policière. Elle repose aussi sur une urbanisation maîtrisée, une politique sociale intégrée et une vigilance continue. C’est ce que l’État et la commune construisent, ensemble, dans cette nouvelle Bouskoura qui veut grandir sans exclure.