Cannes 2025 : Le Maroc compte sur la coproduction pour propulser son cinéma à l’international

À l’occasion de la 78ème édition du Festival de Cannes, le Centre Cinématographique Marocain (CCM) a fait preuve d’une participation rmarquable. Cinq projets marocains ont été présentés dans un atelier de coproduction avec la France, en présence de la ministre française de la Culture, Rachida Dati.

Le pavillon marocain a brillé d’un éclat particulier lors de l’édition 2025 du Festival de Cannes, transformant la Croisette en une véritable vitrine du cinéma marocain émergent. Sous la houlette de son directeur par intérim, Abdelaziz El Bouzdaini, le Centre Cinématographique Marocain (CCM) a piloté une opération de visibilité inédite, fruit d’un effort coordonné de diplomatie culturelle et de stratégie industrielle.

Au cœur de cette dynamique, un atelier de coproduction Maroc-France, organisé le 18 mai, a réuni les porteurs de cinq projets marocains retenus dans le cadre d’un appel à projets national, lancé par le CCM. Ce rendez-vous stratégique s’est tenu en présence de Rachida Dati, ministre française de la Culture, venue saluer personnellement les efforts engagés en matière de coopération cinématographique entre Rabat et Paris.

L’atelier constitue le premier aboutissement tangible de l’accord de coproduction signé un an plus tôt, le 18 mai 2024, entre le CCM et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) français. Rachida Dati a tenu à souligner la qualité de l’accueil réservé au pavillon marocain, qu’elle a qualifié de « vivant, accessible et moteur d’une véritable ouverture artistique », avant d’insister sur la nécessité de « réfléchir à l’étape suivante, car cette collaboration d’égal à égal peut devenir un véritable levier stratégique pour les deux pays ».

Lors de sa visite, la ministre a pris le temps d’échanger avec les équipes de deux projets : « La maison des anges » de Jihane Joypaul, et « Malik », film d’animation de Khalid Nait-Zlay. Une démarche à forte valeur symbolique, illustrant la volonté partagée de faire de cette alliance un vecteur de co-création et de projection commune à l’international.

Outre la fiction de Joypaul et l’animation de Nait-Zlay, l’atelier a accueilli trois autres projets sélectionnés : « La piste » de Mohcine Nadifi, « Laissées pour compte » de Kenza Tazi et « Le champ » de Mohamed Bouhari. Tous incarnent une nouvelle génération de cinéastes marocains, en quête de récits singuliers, ancrés dans des réalités locales mais ouverts à des esthétiques universelles. Le CCM, dans un communiqué, a souligné le « souffle neuf » de cette jeune création cinématographique, à la croisée des chemins entre patrimoine, innovation narrative et engagement social.

Pour Abdelaziz El Bouzdaini, l’initiative marque une étape décisive dans l’opérationnalisation de l’accord signé avec le CNC. « Les premiers résultats concrets sont déjà visibles. Cet atelier a permis à nos jeunes cinéastes de présenter leurs projets à des producteurs français de renom, et de créer des liens directs dans un cadre professionnel d’exception », a-t-il déclaré.

Le Marché du film de Cannes, espace incontournable du business international du cinéma, a accueilli pour la première fois un stand national du Maroc, piloté par le CCM. Un choix stratégique qui a offert aux projets marocains une exposition optimale dans le plus grand hub professionnel mondial du secteur. Les rencontres individualisées entre réalisateurs marocains et producteurs français, tenues dans ce cadre, ouvrent la voie à des coproductions effectives, au-delà des déclarations d’intention.

Cette séquence cannoise s’inscrit également dans une dynamique diplomatique plus large, amorcée lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc en octobre 2024. Ce déplacement, ponctué de la signature de plusieurs accords stratégiques devant SM le Roi Mohammed VI, a consacré la culture comme axe central de rapprochement bilatéral. Le secteur du cinéma, en particulier, a été désigné comme l’un des piliers d’une coopération renouvelée, alliant diplomatie d’influence, développement des industries culturelles et valorisation du capital humain.

Rachida Dati a aussi pointé l’intérêt croissant pour d’autres filières culturelles marocaines en plein essor, telles que le gaming, la vidéo et le film d’animation. Ces secteurs à haute valeur ajoutée, souvent portés par des talents marocains formés localement ou à l’international, représentent des terrains de collaboration prometteurs. La ministre n’a pas caché son enthousiasme : « Nous pourrions aussi, en France, bénéficier de l’expertise très particulière développée par le Maroc dans ces domaines ».

À l’issue de l’atelier, les auteurs des cinq projets sélectionnés ont pu mesurer les retombées concrètes de cette opération inédite : contacts avancés avec des coproducteurs, possibilités d’accompagnement technique, pistes de distribution en Europe… Pour ces jeunes cinéastes, l’expérience cannoise pourrait bien constituer une rampe de lancement décisive vers les écrans internationaux. Elle incarne aussi le résultat tangible de l’engagement du CCM à repositionner le cinéma marocain dans le concert mondial des industries créatives.

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