Casablanca : « Extrêmophile » ou quand le théâtre explore les frontières du vivant

Le 22 octobre, à l’université Hassan II (Aïn Chock), la pièce « Extrêmophile » mêlera théâtre et science pour explorer les mystères des milieux extrêmes.

Les profondeurs des océans et les milieux extrêmes sont autant d’espaces inaccessibles que d’énigmes fascinantes. Avec « Extrêmophile », une pièce atypique de la Compagnie « Les sens des mots », le théâtre et la science se rencontrent pour offrir un regard croisé, poétique et profond, sur la complexité du vivant. Né d’une collaboration entre l’autrice Alexandra Badea et Bernard Ollivier, spécialiste en microbiologie des environnements extrêmes, ce projet artistique se dresse à la croisée des disciplines. Théâtre, science et humanité s’y mêlent pour mieux sonder ces espaces invisibles où la vie, contre toute attente, prospère.  

Dans l’esprit du programme « Binôme », qui conjugue spectacle vivant et exploration scientifique, cette œuvre prend naissance dans un dialogue fécond entre Badea et Ollivier. Ici, le scientifique ne se contente pas de transmettre des savoirs : il devient une muse, une source d’inspiration pour l’écriture théâtrale. À l’instar des micro-organismes qu’il étudie, le chercheur lui-même se transforme en objet d’étude. Alexandra Badea, connue pour son écriture engagée et introspective, livre une pièce qui ne se contente pas d’expliquer des phénomènes biologiques ; elle interroge la fragilité de nos certitudes, les déplacements intérieurs, et la beauté des mondes inexplorés.  

Ce mélange singulier entre la science et l’art rend la pièce accessible autant aux passionnés de théâtre qu’à ceux qui cherchent une approche plus sensible de la recherche scientifique. Le spectateur est emporté dans une plongée vertigineuse aux côtés d’une chercheuse dont les repères se délitent à mesure que l’invisible se dévoile. La frontière entre la découverte du monde et l’introspection personnelle devient floue, laissant émerger des questions aussi intimes qu’universelles : que signifie habiter un environnement extrême ? Et que se passe-t-il lorsque la quête de connaissance ébranle nos propres certitudes ?  

La pièce se distingue par une tonalité subtile, souvent drôle, qui évite l’écueil du jargon scientifique. Par le prisme de la fiction, le langage des sciences devient poétique, ouvrant une voie nouvelle vers la compréhension de ces êtres, ces formes de vie capables de survivre dans les environnements les plus hostiles de la planète. Bernard Ollivier, chercheur associé à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), y partage ses connaissances sur les écosystèmes marins extrêmes. 

La démarche artistique de « Binôme » repose sur une ambition simple mais essentielle : rapprocher la science et le public par une approche ludique et vivante. « Un excellent moyen de se réconcilier avec les sciences et de découvrir les coulisses du spectacle vivant », souligne France Culture. La pièce ne se limite pas à transmettre un savoir : elle invite à ressentir, à questionner, et à porter un regard neuf sur le monde. 

Houda BELABD

Aux confins du réel et de l’imaginaire

Dans « Extrêmophile », les océans deviennent le miroir de nos zones d’ombre : on y découvre des formes de vie insoupçonnées, tout comme nous redécouvrons des parties enfouies de nous-mêmes. À travers ce spectacle, Alexandra Badea ne propose pas seulement une plongée dans des abysses biologiques, mais aussi une méditation sur le rôle du doute, du dépassement, et de la résilience.  

En proposant un format hybride entre conférence et performance, « Extrêmophile » incarne parfaitement l’esprit de « Binôme » : un pont entre deux mondes souvent perçus comme hermétiques. La pièce interroge avec légèreté et profondeur l’idée même de transmission. Elle rappelle que la science n’est pas un savoir figé, mais un processus en mouvement, tout comme le théâtre est une œuvre vivante qui se réinvente chaque soir sur scène.  

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