Face aux enjeux de lutte contre la délinquance et les inquiétudes des habitants, Sidi Belyout reste sous le regard attentif de l’État.
À Sidi Belyout l’activité urbaine est à son apogée, ce qui pousse certains résidents à réclamer davantage de sécurité, surtout dans les zones piétonnes très fréquentées.
Dès les premières heures de la matinée, les rues de Derb Omar, le marché central et les artères principales du centre-ville commencent à se remplir de passants, de visiteurs et de voitures, donnant lieu à une énergie constante dans ce bout de Casablanca. Mais à partir de 20h, le décor change complètement: les commerces baissent leurs rideaux la circulation se calme. C’est aussi le moment où, selon plusieurs habitants interrogés, les incivilités deviennent plus visibles. «C’est à la tombée de la nuit que les petits vols commencent », explique un agent de sécurité posté devant un centre commercial.
Pour leur part, les autorités reconnaissent une hausse de certains délits dans les zones très fréquentées de l’arrondissement : vols à l’arraché, pickpocketing, escroqueries mineures. Selon les données du district de police de Casablanca-Anfa, plus de 620 plaintes liées à des actes de petite délinquance ont été enregistrées en 2024 dans la zone couvrant Sidi Belyout, avec une hausse de 12% par rapport à 2023. Pour y répondre, la préfecture a renforcé les patrouilles autour des axes stratégiques comme les boulevards Mohammed V, Hassan II et la rue Allal Ben Abdellah.
Malgré cette présence accrue, plusieurs commerçants évoquent un besoin de dissuasion plus visible. « On voit bien les policiers, mais ce sont souvent les mêmes personnes qui reviennent le lendemain », déclare un vendeur de la rue Goulmima. D’autres appellent à des actions de proximité plus soutenues, notamment à pied, en fin de journée.
Du côté des institutions, la mobilisation est réelle. Le Conseil municipal, en coordination avec la Wilaya et les services de police, a lancé en 2024 un plan de sécurisation des centres-villes, avec un budget global de 95 millions de dirhams pour Casablanca. Ce plan comprend la modernisation de la vidéoprotection, le redéploiement des effectifs de sécurité et des campagnes de sensibilisation à la sécurité urbaine dans les écoles et les marchés. Dans cet établissement, plusieurs caméras supplémentaires ont été installées dans les zones sensibles, en sus d’une coordination étroite avec les comités de quartier qui a été instaurée dans les règles de l’art.
Ces efforts commencent à porter leurs fruits, surtout si l’on sait que depuis le premier trimestre 2025, les services municipaux ont enregistré une légère baisse des incidents nocturnes dans certaines zones ciblées, notamment autour de la place Maréchal et de la rue Chaouia. Les autorités affirment également que de nouveaux effectifs sont attendus dans le cadre d’un plan national de redéploiement de la police de proximité.
Houda BELABD
Pour les habitants, les attentes restent élevées, mais l’implication du Conseil municipal est saluée. «On sent qu’il y a des choses qui bougent. Ce qu’on demande, c’est que ça continue et que ça aille jusqu’au bout», souligne Yassine, buraliste dans le quartier Gautier. Le renforcement de la sécurité, selon lui, n’est pas seulement une question d’effectifs : « Il faut aussi qu’on retrouve un climat de confiance, que les gens se sentent écoutés».
Sidi Belyout reste l’un des quartiers les plus dynamiques et vivants de Casablanca. Les défis y sont à la hauteur de l’intensité de l’activité. Mais les bases sont posées, et les habitants comme les autorités semblent d’accord sur une chose : seule une approche continue, participative et pragmatique permettra d’avancer.