Face aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, bouleversées par les tensions géopolitiques, le Maroc est considéré comme une destination alternative et stratégique par les entreprises européennes, ressort-il d’une récente étude de Maersk.
En raison de sa proximité géographique, le Maroc s’inscrit dans cette nouvelle dynamique et est considéré par les entreprises européennes (4%) comme une destination alternative et stratégique pour sécuriser leurs supply chain.
« Aujourd’hui, le Maroc est le troisième pays africain en termes de part des exportations vers l’UE, mais maintient un déficit commercial d’un total de 68,63 milliards de dollars dans les importations et 41,64 milliards de dollars des exportations en 2023 », explique Maersk, un géant mondial du transport maritime dans un récent rapport intitulé « Connecting the dots between Morocco and the South of Europe ».
Le pays a fait des progrès depuis le ralentissement économique de 2016, en partie grâce aux faibles coûts de main-d’œuvre et à une approche axée sur le marché, ajoute-t-il.
Dans le paysage du commerce mondial, le Maroc est en passe même de devenir un hub stratégique de l’Afrique du Nord, se classant au 5ème rang des économies africaines en termes de PIB, avec une croissance annuelle prévue de 3 % d’ici à 2029.
Toujours selon Maersk, les exportations du Maroc vont des produits manufacturés et agricoles aux carburants, ce qui en fait une source potentielle unique pour les industries européennes à la recherche de partenaires rentables et flexibles et proches d’elles.
« Comme plus de 96% de son commerce extérieur se passe par voie maritime, le Royaume abrite également Tanger Med, le 2ème plus grand port à conteneurs dans la région MENA », rappelle l’armateur mondial.
Le transport maritime peut jouer alors un rôle crucial pour relier le Royaume aux marchés européens.
« Bien que l’indice de performance logistique de 2,54 montre qu’il reste encore du chemin à parcourir, notamment en matière de connectivité intérieure, l’infrastructure existante offre la possibilité de relier le Sud du pays à son port au Nord », écrit le rapport de Maersk.
« Pour tirer pleinement parti de ces tendances, la connectivité entre l’Europe et le Maroc doit être améliorée », ressort-il toujours du rapport.
Dans ce sillage, Emilio de La Cruz, Directeur Général de l’Europe du Sud-Ouest chez Maersk, a relevé une réalité : « Le nombre de camions traversant le Maroc vers l’Espagne et la France a atteint une croissance à deux chiffres, et les services actuels ne pouvaient pas soutenir cette croissance, ce qui a entraîné des embouteillages, une pression accrue sur le marché du travail pour les chauffeurs routiers et une augmentation des émissions de carbone pour les entreprises ».
« Il manquait un maillon essentiel pour relier ces pays à la croissance des échanges commerciaux », estime Maersk.
Selon de La Cruz, le Morocco Bridge ne se limite pas au transport de conteneurs : il répond aux exigences urgentes d’un secteur où les délais d’exécution se mesurent en heures et non en jours. Ce service prend en charge des conteneurs de 45 pieds de haut, optimisant ainsi l’espace pour les marchandises palettisées et offrant un avantage en termes de rentabilité.
Pour soutenir cette démarche, Maersk a également étendu son offre ferroviaire entre Barcelone et le Sud de la France, en investissant dans des équipements spécifiques pour s’adapter aux flux de fret continentaux. Son objectif est simple : ne pas construire de zéro, mais construire intelligemment avec l’existant.
« Notre objectif est de travailler au sein de l’infrastructure existante pour relier les points et mieux connecter non seulement le Maroc et l’Espagne, mais aussi le reste de l’Europe du Sud », a déclaré de La Cruz.