Quelques mois seulement après l’interdiction gouvernementale de l’abattage des femelles de brebis et de chèvres, des voix s’élèvent contre la persistance de pratiques clandestines. En effet, l’Association Nationale des éleveurs Ovins et Caprins (ANOC) a mis en garde contre la persistance de ce phénomène sur fond de crise que connaît le cheptel national. Lequel a diminué de près de 40%, avec une baisse particulièrement alarmante du nombre de femelles reproductrices, qui sont passées de 11 millions à 8,7 millions.
Dans ce sens, le Programme d’aide aux éleveurs consacre une enveloppe de 2,5 milliards de dirhams au soutien des aliments pour bétail. Ainsi, les éleveurs vont bénéficier d’une subvention de 1,5 dirham par kilogramme pour l’orge (7 millions de quintaux), et une autre de 2 dirhams/kg pour les aliments composés destinés aux ovins et caprins.
Face à cette situation, l’ANOC a appelé ainsi les autorités à renforcer les contrôles et à accélérer le versement des subventions prévues dans le cadre du Programme national d’aide aux éleveurs. Le programme qui vise plus de 8 millions de brebis et chèvres d’ici mai 2026 alloue une aide directe de 400 dirhams par femelle identifiée et non abattue en vue de favoriser la reproduction et reconstituer le cheptel national dégradé par la sécheresse.
Cependant, cette alerte est contestée par les professionnels de la viande rouge. Les grossistes en viande rouge, à Casablanca-Settat et à Rabat, ont démenti toute poursuite de l’abattage des femelles ovines et caprines. Ils ont affirmé que seuls les abattages de vaches femelles sont actuellement autorisés dans les abattoirs, en raison des mêmes difficultés économiques rencontrées par les éleveurs Jawabri qui estiment que les cas évoqués par l’ANOC sont isolés et appelle également à accélérer le déploiement de l’opération de soutien aux éleveurs pour éviter une détérioration de la filière.
Pour rappel, le Programme d’aide aux éleveurs mobilise 3 milliards de dirhams d’ici 2025. À cela s’ajoute une enveloppe complémentaire de 3,2 milliards de dirhams en 2026, sous forme d’aides directes aux éleveurs. Il vise à reconstituer le cheptel national qui a perdu 38% de son effectif en 2024 par rapport à 2016 en raison de la combinaison dramatique de sécheresse prolongée, flambée des coûts des intrants et raréfaction des ressources naturelles.