Commerce extérieur : Inventaire des pertes et profits de l’option de l’ouverture à l’international

En dépit d’une conjoncture mondiale défavorable, le Maroc parvient à faire progresser son commerce extérieur. Un bilan positif malgré la persistance d’un déficit commercial important. Détails.

 

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, s’est rendu, lundi, à la Chambre des Représentants pour défendre son bilan en matière de commerce extérieur, un domaine peu exploré à l’hémicycle. La séance mensuelle est consacrée au thème « La centralité du secteur du commerce extérieur dans le développement de l’économie nationale ». Une occasion de faire un bilan exhaustif, sachant que les bulletins de l’Office des Changes sont peu suivis par le grand public. Pour le Chef de l’Exécutif, tout va pour le mieux. Le choix stratégique d’ouverture pour lequel avait opté le Maroc porte ses fruits.

 

Des résultats positifs à l’export

 

Le négoce du Royaume avec l’étranger se porte bien en dépit du contexte mondial difficile. Preuve en est, pour lui, le “trend haussier” de l’export. Muni des derniers chiffres actualisés, Aziz Akhannouch a fait savoir que les exportations marocaines ont maintenu leur courbe ascendante avec une valeur totale estimée à 331 milliards de dirhams jusqu’à fin septembre 2024. Cette hausse entraîne celle des recettes qui ont crû de 5,3% (soit un surplus de 16,8 MMDH) par rapport à la même période en 2023.

 

Cet essor dont parle M. Akhannouch est dû à “la hausse de la demande sur les produits marocains dans les marchés internationaux”. En réalité, l’export reste soutenu principalement par le potentiel grandissant de l’aéronautique et les performances remarquables de l’automobile. Ce secteur demeure la locomotive du made in Morocco. C’est le premier secteur exportateur qui a exporté 115,4 milliards de dirhams au cours des neufs premiers mois de 2024, soit 7% de plus que l’an précédent. Le secteur continue sur une tendance haussière, sachant que les exportations se sont accrues de 28% en 2023 par rapport à l’année précédente avec un surplus de 33 MMDH.

 

Pour sa part, l’industrie aéronautique a réalisé une croissance de 3,8% en 2023, pour atteindre 841 millions de dirhams. La courbe reste en hausse pendant l’année en cours avec une croissance de 20% à fin septembre 2024 pour atteindre un total de 12,9 milliards de dirhams. Akhannouch parle de résultats « satisfaisants ». Ils s’expliquent par deux facteurs : l’essor du câblage dont les ventes ont progressé de 31% et de l’assemblage.

 

L’agriculture s’impose malgré la sécheresse

 

L’agriculture continue curieusement d’accroître ses exportations malgré la succession des années de sécheresse et le stress hydrique inédit que connaît le Royaume. Bien qu’elles aient reculé en volume de 15% l’année précédente, les exportations agricoles (y compris de l’agroalimentaire) ont dépassé en valeur le niveau seuil record de 80 MMDH avec une valeur totale de 83,2 milliards.

 

Quoiqu’il en soit, l’agriculture demeure le deuxième secteur exportateur du Royaume avec 62,2 milliards de dirhams réalisés à fin septembre 2024, La sécheresse ne semble pas avoir, pour l’instant, un effet majeur sur la production destinée à l’export. Au-delà du débat sur la pertinence d’un tel choix, les chiffres restent au vert. Le secteur n’en demeure pas moins vivement impacté par le déficit pluviométrique et l’assèchement des nappes phréatiques. L’impact varie selon les filières. D’un côté, la récolte céréalière est en chute permanente. De l’autre, plusieurs filières basées sur l’irrigation foisonnent à l’export.

 

En parallèle avec les progrès de l’export, les importations sont maîtrisées sur fond de recul de la facture énergétique. Le Chef du gouvernement s’est félicité du maintien des importations à des niveaux raisonnables. En 2024, elles ont atteint 554 milliards de dirhams jusqu’à septembre, contre 528 MMDH une année auparavant. Grâce au recul des approvisionnements en gaz de pétrole et des houilles, la facture énergétique s’est réduite de 6% pour se situer à 85,7 MMDH.

 

En gros, le taux de couverture des marchandises est passé de 57,8% entre janvier et septembre 2019 à environ 60% au cours de la même période en 2024, selon Aziz Akhannouch. Le déficit commercial continue, tout de même, de peser sur le Maroc qui en perd 9,8% de son produit intérieur brut.

 

La question du déficit de la balance commerciale renvoie souvent au débat sempiternel sur les accords de libre-échange que le Maroc a signés avec plusieurs pays, dont 55 sont couverts par leurs effets. Le Royaume est quasiment déficitaire avec l’ensemble des pays avec lesquels il a signé des traités pareils. Les difficultés rencontrées par certains partenaires qui se sont livrés à des actes de dumping ont poussé le Maroc à durcir le ton et à revoir sa stratégie en vue de rééquilibrer les termes de l’échange, comme ce qui s’est passé avec la Turquie et actuellement avec l’Egypte qui fait l’objet d’une enquête anti-dumping menée par le ministère de l’Industrie et du Commerce sur les tôles d’acier. Mais, cette stratégie de libéralisation du commerce est assumée par le Maroc qui y voit un chemin vers le renforcement de son secteur exportateur à long terme et l’attraction des IDE bien qu’il soit associé à des pays fort compétitifs. Pour rappel, le Maroc a des accords avec près de 100 pays, ce qui donne accès à un marché de 2,3 milliards de consommateurs.

 

 

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