Complexe Safran : Le Maroc entre dans le cercle des motoristes aéronautiques [INTÉGRAL]

Le lancement à Nouaceur du complexe Safran consacré aux moteurs d’avions marque une nouvelle étape pour l’industrie aéronautique nationale. Présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la cérémonie du lancement concrétise l’installation d’unités dédiées à l’assemblage, au test et à la maintenance des moteurs LEAP. Ce projet renforce la place du Maroc dans la chaîne de valeur mondiale du secteur.

Après une expansion constante dans tous les segments de l’aéronautique, le Maroc franchit une étape historique en intégrant le cercle restreint des pays capables de produire, d’assembler et d’entretenir des moteurs d’avions. Une avancée majeure pour une industrie qui, en moins de deux décennies, est passée du simple assemblage de pièces à la maîtrise de technologies de pointe.

Le lundi 13 octobre, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, accompagné de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan, a présidé à Nouaceur la cérémonie de lancement du futur complexe industriel du groupe Safran, consacré aux moteurs d’avions. Ce projet structurant marque une nouvelle phase dans la stratégie industrielle du Royaume, qui consolide sa position de plateforme aéronautique de référence sur le continent africain et au-delà.

Implanté au cœur de la zone industrielle Midparc, pôle intégré dédié aux métiers de l’aéronautique et de l’espace, le complexe abritera deux unités complémentaires : une usine d’assemblage et de test des moteurs, et un centre de maintenance et de réparation des moteurs de nouvelle génération LEAP (Leading Edge Aviation Propulsion). Ces moteurs, réputés pour leur efficacité énergétique et leur fiabilité, équipent aujourd’hui les appareils de nombreuses compagnies internationales, à commencer par les Airbus A320 Neo.
 

Deux projets phares
Le premier volet du programme concerne la création d’une usine de maintenance et de réparation de moteurs d’avions, pour un investissement de 1,3 milliard de dirhams. Dotée d’équipements de dernière génération, elle assurera la maintenance de 150 moteurs par an et permettra la création de 600 emplois directs à l’horizon 2030. Elle formera également un vivier de techniciens et d’ingénieurs spécialisés, appelés à renforcer le tissu industriel national.

Le second volet porte sur la construction d’une usine d’assemblage et de test de moteurs LEAP-1A. Représentant un investissement de 2,1 milliards de dirhams, cette unité disposera d’une capacité de 350 moteurs par an et générera 300 emplois hautement qualifiés d’ici 2029. Elle produira les moteurs qui équipent notamment les Airbus A320 Neo, un segment clé du transport aérien mondial.

Ce site constituera le deuxième centre au monde d’assemblage du moteur LEAP-1A après celui de Safran en France. Il ancrera durablement le Maroc dans la chaîne de valeur mondiale de la motorisation aéronautique et favorisera l’arrivée de nouveaux acteurs, équipementiers et fournisseurs locaux, au sein de l’écosystème industriel national.
 

Alliances structurantes
Lors de la cérémonie, le directeur général du groupe Safran, Olivier Andriès, a rappelé que ces deux projets, ainsi que les extensions prévues dans trois autres sites du Royaume, représentent un investissement global de plus de 350 millions d’euros et généreront plusieurs milliers d’emplois à travers l’ensemble de l’écosystème aéronautique marocain.
Trois conventions ont été signées sous la présidence de Sa Majesté le Roi. La première, conclue entre l’État et Safran, officialise la création de l’usine d’assemblage et de test. La deuxième, un mémorandum d’entente, porte sur l’approvisionnement en énergies renouvelables des sites du groupe, dans le cadre de la politique nationale de transition énergétique. Quant à la troisième, elle concerne l’implantation du projet au sein de la zone Midparc.
 
Une confiance durable
Le Souverain a ensuite posé pour une photo souvenir avec un groupe de jeunes stagiaires de l’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA) de Nouaceur, formés aux nouveaux standards de la motorisation aéronautique, avant de donner le coup d’envoi officiel des travaux du complexe industriel.

Leader mondial des moteurs d’avions court et moyen-courrier et troisième acteur aéronautique mondial hors avionneurs, le groupe Safran renforce ainsi une présence de plus de vingt-cinq ans au Maroc. Ce nouveau jalon illustre la maturité industrielle du Royaume, la qualité de sa main-d’œuvre et l’attractivité de son environnement économique. 

En combinant technologie, formation et souveraineté industrielle, le Maroc s’affirme désormais comme un acteur incontournable dans la propulsion aéronautique mondiale, confirmant son ambition de devenir une référence régionale en matière d’innovation et de production à haute valeur ajoutée.
 

Soufiane CHAHID

Moteur LEAP : Un bijou de la technologie
Développé par CFM International, coentreprise entre Safran Aircraft Engines et General Electric, le moteur LEAP (Leading Edge Aviation Propulsion) succède au célèbre CFM56 et s’impose comme la nouvelle référence mondiale des turboréacteurs à double flux destinés aux avions monocouloirs. Sa conception répond à quatre objectifs : réduire la consommation de carburant, limiter le bruit, prolonger la durée de vie et simplifier la maintenance.

Le LEAP affiche un taux de dilution d’environ 11:1, presque doublé par rapport à son prédécesseur, ce qui améliore le rendement propulsif tout en diminuant les nuisances sonores. Il développe jusqu’à 35.000 livres de poussée selon les versions, avec un poids et une empreinte carbone réduits. L’innovation majeure réside dans l’usage de matériaux composites et céramiques. Sa soufflante, de 78 pouces de diamètre, est équipée d’aubes en fibres de carbone tressées montées sur un carter en composite de résine époxy. Ce choix allège le moteur de plusieurs centaines de kilogrammes tout en maintenant une résistance mécanique élevée. À l’intérieur, certaines pièces de la turbine sont réalisées en composites à matrice céramique (CMC), capables de supporter des températures supérieures à 1.300 °C sans déformation.

Conçu pour une grande modularité, le LEAP existe en trois versions : LEAP-1A pour les Airbus A320 Neo, LEAP-1B pour les Boeing 737 MAX et LEAP-1C pour le Comac C919 chinois. Chaque modèle conserve la même architecture de base, adaptée selon les besoins des avionneurs.

En service depuis 2016, le moteur LEAP a dépassé les 40 millions d’heures de vol et équipe aujourd’hui plus de 2.500 appareils commerciaux. Grâce à l’alliance de matériaux légers, d’une combustion propre et d’un contrôle numérique de haute précision, il symbolise l’évolution vers une propulsion plus efficiente et durable, tout en demeurant l’un des moteurs les plus produits et les plus surveillés du monde aéronautique moderne.

Safran : Groupe aéronautique de premier plan
Safran est un groupe international de haute technologie, opérant principalement dans les domaines de l’aéronautique (propulsion, équipements et intérieurs), de l’espace et de la défense. Il est implanté sur tous les continents, avec 276 implantations dans 27 pays. Le groupe emploie environ 100.000 collaborateurs et, en 2024, a réalisé un chiffre d’affaires de 27,3 milliards d’euros.

Safran occupe des positions de premier plan mondial : il est numéro 1 sur les moteurs d’avions court et moyen-courriers, sur les moteurs d’hélicoptères et sur les trains d’atterrissage. L’innovation, la durabilité et la souveraineté sont au cœur de sa stratégie. Le groupe multiplie les investissements en recherche et développement, fait progresser ses processus de production et intègre des technologies avancées afin de répondre aux défis environnementaux et industriels de demain. La reconnaissance de son expertise se manifeste par son rôle clé dans la chaîne mondiale de l’aéronautique.

Aéronautique : Le Maroc consolide sa position industrielle
Le secteur aéronautique marocain atteint une nouvelle dimension avec près de 150 entreprises disposant d’au moins une usine dans le Royaume, pour un chiffre d’affaires avoisinant 2,5 milliards d’euros. Ces sociétés emploient environ 26.000 personnes à temps plein, réparties entre Casablanca, Tanger, Rabat et Fès. Une part importante de l’activité concerne la fabrication de fuselages, d’éléments de structure, d’aménagements intérieurs et de faisceaux électriques.

Chaque année, près de 23.000 ingénieurs sont formés au Maroc, dont environ 400 se spécialisent dans l’aéronautique. Le coût de production horaire y reste très compétitif, estimé à 25 euros contre plus de 100 euros en Europe ou aux États-Unis. Le pays cherche désormais à étendre sa présence sur des segments plus complexes, comme l’aménagement de cabines ou la production de trains d’atterrissage, avec pour ambition d’atteindre un jour l’assemblage final d’avions commerciaux.

Une étude est menée pour une commande d’avions moyen-courrier de type Airbus A220, adaptée à l’expansion du réseau européen. Le développement industriel s’accompagne aussi d’un partenariat avec un avionneur américain pour la production de pièces destinées au programme 737 MAX, confirmant le rôle du Maroc dans la chaîne mondiale de l’aéronautique.

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