​Concours des grandes écoles : Faute d’orientation, ruée massive vers les Centres de préparation

À l’approche des concours d’accès aux grandes écoles, de nombreux élèves affluent vers les Centres de préparation pour maximiser leurs chances d’intégrer l’établissement de leurs rêves, alimentant ainsi un marché de plus en plus coûteux, dont l’efficacité est pourtant très contestée. Détails.

Chez les nouveaux bacheliers, la quête de l’excellence semble désormais permanente. En effet, à peine quelques semaines après la publication des résultats du baccalauréat, nombreux sont ceux qui se lancent déjà dans la course aux grandes écoles. Il s’agit d’une étape décisive, attendue avec impatience, qui vient couronner une réussite méritée et ouvre la voie à la réalisation de ses rêves.

Dans cette optique, beaucoup choisissent de consolider leurs acquis et de valider leurs compétences en amont, afin de maximiser leurs chances de gagner une place à l’établissement de leurs rêves. Face à une concurrence, toujours plus vive, cette préparation passe souvent au sein des Centres spécialisés dans les concours d’entrée aux grandes écoles et universités. Lesquels affirment accompagner la nouvelle génération sur le chemin de la réussite.

C’est le cas, d’ailleurs, de Sara qui, juste après avoir savouré l’euphorie de sa réussite, s’est donnée à une nouvelle aventure dans les rangs d’un Centre de préparation aux concours, à Taza. Portée par le rêve de devenir médecin, la jeune lauréate a choisi de mettre son été à profit pour consolider ses acquis avant de passer le concours d’entrée à la faculté de médecine.

« Certes, j’ai obtenu une moyenne honorable qui me permet de réussir l’étape de présélection mais tout le monde affirme que l’accès à la faculté de médecine se prépare. J’ai donc décidé de suivre le courant pour ne pas me retrouver larguée… », nous raconte-t-elle dans un ton ironique.

Pour Sara, passer par un Centre de préparation s’apparente désormais à une étape presque incontournable, voire à une nouvelle épreuve dans le parcours scolaire. C’est là que les étudiants mettent en épreuve leurs connaissances dans le domaine qui les passionne, ou qu’ils considèrent simplement comme une voie vers la réussite.

Pour ce faire, son père a dû mobiliser une somme importante allant jusqu’à 4.000 dirhams pour des cours accélérés en présentiel, permettant à la jeune fille d’être prête au concours dans les meilleurs délais.

Une offre abondante mais pas très à la portée

Cette tendance a été amplifiée par l’offre abondante desdits Centres. Entre cours en ligne, en présentiel ou des vidéos préalablement enregistrées, ces structures s’emploient à formuler une offre adaptée aux besoins mais surtout aux conditions de chacun. Pour les tarifs, ils varient de façon considérable selon la spécialité, et encore selon la formule de préparation choisie.

Les cours en présentiel représentent l’option la plus coûteuse. Très prisés pour les concours de médecine, d’architecture, des instituts de formation aux professions infirmières et d’autres, leurs tarifs peuvent atteindre jusqu’à 2.000 dirhams pour 26 heures, selon la fourchette des prix affichés par ces centres. Ces derniers justifient ces prix clairement élevés par le fait que ces formations sont encadrées par des professionnels du domaine.

Ce même montant baisse à près de 1.500 dirhams lorsque les cours sont dispensés à distance, via des plateformes dédiées, qui séduisent particulièrement les élèves de certaines provinces où l’offre présentielle est limitée, ainsi que ceux dont les conditions financières sont moins favorables.

Pourtant, la facture reste conséquente pour les parents, notamment ceux aux revenus modestes qui s’efforcent de se saigner aux quatre veines pour mettre toutes les chances du côté de leur progéniture. D’autant plus que certains élèves, faute d’orientation ou de visibilité, choisissent de suivre deux formations simultanément afin de multiplier leurs chances de réussite.
 « Nous avons constaté un engouement majeur pour les facultés de médecine cette année, mais beaucoup d’élèves ajoutent également des filières comme l’ingénierie, par exemple », nous confie le directeur d’un Centre de préparation aux grandes écoles à Rabat, et désormais Inspecteur en orientation pédagogique. Selon lui, les tarifs dépendent largement de la demande des élèves, qui reste très importante aussi bien pour les grandes écoles que pour les universités, expliquant ainsi la différence de prix observée entre ces deux types de formations.

L’élève peut se préparer tout seul…

Si la demande croissante pour les cours de préparation aux grandes écoles gagne du terrain, l’inquiétude monte également parmi les professionnels quant au développement d’un business coûteux qui échappe aux normes.

« En plus des prix exorbitants pratiqués, les Centres dits de préparation aux concours des grandes écoles n’offrent aux élèves que la possibilité de réviser des cours de lycée hors de leur spécialité au baccalauréat, ainsi que quelques astuces pour répondre aux QCM, choses que l’élève pourrait faire lui-même sans avoir besoin de cours particuliers », a indiqué, EL Boukhari, Expert et désormais Inspecteur en orientation pédagogique. Il redoute de l’efficacité des formations dispensées par ces centres, en l’absence de statistiques sur le devenir des bénéficiaires et s’inquiète d’une activité, trop souvent axée sur la rentabilité.

Pour y remédier, les grandes écoles et universités pourraient, par exemple, investir dans la publication, en plus du cadre de référence de leurs concours, de descriptifs détaillant les types de questions attendues, afin d’aider les élèves à mieux se préparer.

Allant plus loin, cet expert estime que le baccalauréat devrait garantir un accès direct aux grandes écoles selon le mérite, comme c’est le cas pour les classes préparatoires ou le Brevet de technicien supérieur (BTS), sans qu’il soit nécessaire de passer par des concours. En plus d’être souvent frustrants pour les élèves, ces mêmes concours dévalorisent le baccalauréat en tant que preuve d’excellence, ajoute-t-il.

« Les concours sont, généralement, destinés à évaluer les acquis scolaires des élèves, ce qui est déjà fait par le baccalauréat, qui devrait donc suffire à permettre l’accès à l’enseignement supérieur selon l’ordre de mérite », conclut notre interlocuteur.
 
 
 

Baccalauréat : Après la session ordinaire, les horizons universitaires…
Cette année, un total de 250.075 candidats s’apprêtent à rejoindre l’enseignement supérieur après avoir réussi les épreuves de la session ordinaire de l’examen national unifié du baccalauréat, au titre de la session de juin 2025, selon le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports. Le taux de réussite s’est établi à 66,8% contre 67,86% lors de la session ordinaire de 2024, soit une hausse de 1,5%. Sur les 250.075 candidats admis à cette session, 145.918 sont des filles, précise la même source, ajoutant que le taux de réussite chez les filles s’est élevé à 71,3% tandis que celui enregistré chez les candidats garçons a atteint 61,81%. Ainsi 374.371 candidats scolarisés ont pris part aux épreuves de cette session, soit un taux de présence de 97,14%, contre 362.848 candidats lors de la session de l’année précédente, soit un taux de présence de 97,36%. S’agissant des candidats libres, ils ont été 71.361 candidats à passer les épreuves de cette session, soit un taux de présence de 64,42%, fait savoir le ministère, précisant que le taux de réussite chez cette catégorie a été de 36,95% contre 39,56% en 2024. Par ailleurs, le nombre de candidats ayant obtenu une mention parmi les candidats scolarisés et libres s’est élevé à 152.261, soit 54,9% du total des admis. Concernant les filières internationales du baccalauréat marocain, le taux de réussite s’est établi à 68,95% contre 76,15% pour les filières professionnelles. Le taux de réussite s’est élevé à 69,66% chez les candidats en situation de handicap, dont certains ont bénéficié de mesures spécifiques incluant l’adaptation des épreuves ou des conditions d’examen et de correction, voire les deux. 

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