L’événement occupe l’actualité panafricaine. Il s’agit de la récente signature de l’accord de principe de cessez-le-feu entre le gouvernement de la RDC et le M23, à Doha, au Qatar, visant à mettre fin aux combats dans l’Est du Congo et à jeter les bases d’un accord de paix global. Une première du genre que les deux parties s’engagent directement à respecter et qui a été salué par la communauté internationale. Grille de lecture.
C’est un acte qui a été salué comme une avancée significative pour la paix dans l’est de cet Etat et un ouf de soulagement pour la population. Il ne pouvait en être autrement. Déjà entre le 1er et le 3 janvier 2025, d’intenses affrontements entre l’armée congolaise et un groupe armé non étatique à Masisi centre, dans la province du Nord-Kivu, ont déplacé environ 102.000 personnes, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Cet engrange était presque quotidien. Ce chiffre macabre est encore effroyable. Depuis le début de cette guerre dans les années 90, selon les Nations Unies, au moins 6 millions de Congolais sont morts (pas forcément en raison des tueries, mais également de maladies, de blessures, des suites des viols, et des conditions précaires d’existence liées aux combats) et 4 millions au moins ont été déplacés, dans l’indifférence quasi-totale.
C’est dire l’importance de cette paix des braves qui va enfin libérer le potentiel des Congolais et permettre au continent d’avancer. Il est connu de tous, que des forces obscures tentent d’empêcher ce pays d’évoluer. En effet, la région riche en minerais est en proie aux conflits depuis plus de 30 ans, et de précédents accords de paix et cessez-le-feu ont été conclus puis violés, ces dernières années.
Ce qui est sûr, après cette déclaration de principes signée par des hauts responsables du M23 et de la RDC à Doha après trois mois de discussions dans l’émirat du Golfe, l’on est en droit de se dire qu’il n’y aura plus de marche-arrière ni de violation de l’accord.
D’autant plus que les parties ont réaffirmé, sans contrainte, leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu permanent. Lequel comprend «l’interdiction d’attaques de toutes nature», «la diffusion de propagande haineuse ou incitant à la violence», et «toute tentative de conquête ou de modification des positions par la force sur le terrain».
En outre, les parties se sont engagées à mettre en œuvre les dispositions de la déclaration au plus tard le 29 juillet 2025.
Plus encore, le texte énonce l’engagement d’entamer, au plus tard le 8 août 2025, des négociations formelles en vue d’un accord de paix global qui doit être signé, au plus tard le 18 août 2025. Sans oublier qu’il prévoit aussi une feuille de route pour le rétablissement de l’autorité de l’État dans l’est de la RDC, une fois un accord de paix signé.
Elles ont fait des milliers de morts, selon le gouvernement congolais et l’ONU, et aggravé une crise humanitaire pour des centaines de milliers de déplacés. Dans son analyse, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, s’est félicité en soulignant que ladite déclaration tient compte des lignes rouges que «nous avons toujours défendues, notamment le retrait non négociable de l’AFC/M23 des parties occupées suivi du déploiement de nos institutions.
Pour sa part, l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Afrique, Massad Boulos, présent lors de la signature, a souligné que l’une des clauses les plus importantes de la déclaration d’intention est l’accent mis sur l’extension du contrôle et de l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire. Tout en reconnaissant qu’il n’y a pas de solutions magiques, notamment en ce qui concerne le calendrier.
De leur côté, l’Union Africaine, l’Union Européenne et la Mission de maintien de la paix dans le pays (Monusco) ont salué une avancée significative dans les efforts déployés pour instaurer une paix durable. Le chef par intérim de la Monusco, Bruno Lemarquis, a indiqué qu’il saluait les engagements pris et a appelé à leur mise en œuvre de bonne foi dans les délais prescrits, a-t-il déclaré dans un communiqué.
Dans ce concert de satisfecit, Kigali, à travers son ministère des Affaires étrangères, a salué l’accord, se disant déterminé à contribuer à une paix durable et au développement économique de la région des Grands Lacs. Toujours est-il que le Rwanda a toujours nié soutenir militairement le groupe armé qui a repris ses opérations dans la région en 2021.