​Crise Alger-Paris : Macron soutient fermement son ministre de l’Intérieur

Contrairement aux allégations véhiculées par la presse algérienne, la récente crise diplomatique entre Paris et Alger n’a en rien ébranlé la cohésion du gouvernement français. Pour les autorités françaises, l’origine de la discorde ne fait aucun doute : elle remonte à la reconnaissance, par le président Emmanuel Macron, de la souveraineté marocaine sur le Sahara, à l’occasion du 25e anniversaire de l’intronisation du roi Mohammed VI.

Accuser le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ou pointer du doigt l’extrême droite française relève d’une fuite en avant d’un pouvoir algérien qui s’obstine à ne pas voir la réalité en face. C’est pour réaffirmer la solidarité gouvernementale et soutenir publiquement son ministre que le président Macron a annoncé, ce mercredi, la suspension de la délivrance des visas de type D à l’ensemble des ressortissants algériens. Un signal politique fort destiné à marquer l’assise de l’État dans la gestion d’une crise avec un pays historiquement, géographiquement et culturellement lié à la France.

Dans une lettre adressée à son Premier ministre François Bayrou, rendue publique par Le Figaro, Emmanuel Macron a détaillé une série de mesures ciblées contre l’Algérie, toutes centrées sur la politique des visas. Il a notamment demandé l’application immédiate de l’article 47 de la nouvelle loi immigration, qui instaure un levier visa-réadmission (LVR) permettant de refuser les visas de court séjour, y compris aux détenteurs de passeports diplomatiques et de service, ainsi que les visas de long séjour à tout type de demandeurs. Une disposition qui vise directement la haute sphère du régime algérien.

Par ailleurs, le chef de l’État a ordonné la suspension formelle de l’accord bilatéral de 2013 relatif aux exemptions de visa pour les passeports officiels algériens. Il insiste pour que ces décisions soient notifiées sans délai aux autorités algériennes.

« La France doit être forte et se faire respecter », écrit Macron dans sa lettre à Bayrou. « Elle ne peut exiger ce respect de ses partenaires qu’à condition de le leur témoigner elle-même. Cette règle vaut aussi pour l’Algérie. » Cette déclaration marque un tournant dans une crise diplomatique déjà tendue.

Parmi les motifs invoqués pour justifier cette fermeté, Emmanuel Macron cite les incarcérations jugées arbitraires de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale », et du journaliste français Christophe Gleizes, écopant de sept ans pour « apologie du terrorisme ». À cela s’ajoutent le non-respect des engagements migratoires de l’Algérie et la rupture de coopération des 18 consulats algériens présents sur le sol français avec les institutions de l’État.

Afin de couper court aux spéculations en provenance d’Alger, Emmanuel Macron ordonne également à son Premier ministre d’instruire Bruno Retailleau — connu pour sa ligne dure sur le dossier algérien — de trouver au plus vite « les voies et moyens d’une coopération utile » avec son homologue algérien. Il demande aussi une action intransigeante contre la délinquance liée aux ressortissants algériens en situation irrégulière : « agir sans repos ni répit », écrit-il.

Pour autant, le président français ne ferme pas la porte à un réchauffement des relations : « Mon objectif reste de retrouver des relations efficaces et ambitieuses avec l’Algérie », affirme-t-il. Il conditionne néanmoins la normalisation diplomatique à des gestes concrets d’Alger : la reprise de la coopération migratoire sera le préalable au plein exercice des trois consuls algériens actuellement en poste, et à l’agrément de cinq autres en attente.

La lettre présidentielle est claire : la réponse algérienne déterminera la suite. Outre la coopération migratoire et consulaire, Emmanuel Macron évoque des dossiers sensibles encore en suspens : la dette hospitalière, les activités opaques de certains services algériens en France, ainsi que les questions mémorielles.

Pour l’instant, Alger oppose un silence étonnamment discret à cette offensive diplomatique. Un silence qui en dit long sur l’effet de surprise provoqué par la sortie du président français. Une réponse pourrait être apportée dans les heures à venir. Mais tout laisse à penser qu’elle sera plus mesurée qu’à l’accoutumée. À Alger, on semble avoir compris que hausser le ton avec Paris ne sert pas les intérêts du régime.

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