Devant le gel prolongé dans le versement du soutien destiné aux associations, engagées dans le programme de scolarisation des enfants en situation de handicap, les parents d’élèves tirent la sonnette d’alarme quant au risque croissant de décrochage scolaire.
Venus de Casablanca et d’autres villes, de nombreux parents, ainsi que des acteurs associatifs et éducatifs, membres de l’Association des Parents et Amis d’Enfants Inadaptés (APEAI), ont manifesté, en fin de semaine, devant le siège du ministère de la Solidarité. Leur mobilisation s’est imposée, selon l’association, en raison de l’absence de réponse aux nombreuses tentatives de dialogue avec le ministère de tutelle. Elle visait à dénoncer l’abandon des principaux acteurs de l’accompagnement de cette catégorie sociale, et à alerter sur la précarité grandissante dans laquelle ces enfants et leurs familles se trouvent.
Scandant haut et fort, l’association a tenu le ministère pour responsable du blocage de ses activités de prise en charge médico-psycho-éducative des enfants, adolescents et jeunes en situation de handicap mental. Les parents, pour leur part, ont vivement dénoncé l’immobilisme persistant face à la dégradation des conditions de scolarisation. La situation est d’autant plus alarmante que de nombreux cadres pédagogiques quittent leur poste en raison du retard dans le paiement de leurs salaires mensuels, compromettant la stabilité des professionnels comme celle des familles.
En réalité, comme d’autres associations engagées dans le champ du handicap, l’APEAI bénéficie, depuis des décennies, du soutien gouvernemental, notamment via l’Entraide nationale. Or, malgré le renouvellement du partenariat pour l’année en cours, le soutien financier n’a pas été versé à l’association. Selon la tutelle, celle-ci présenterait un excédent budgétaire de plus de 370.000 dirhams, une affirmation que l’association conteste formellement sur la base d’une expertise indépendante. « Les fonds que nous avons reçus de l’Entraide nationale ont été entièrement affectés aux services fournis aux enfants : éducation, transport, accompagnement… », s’indigne Ali Redouane, président de l’association, qui dit s’inquiéter pour l’avenir des enfants pris en charge.
Bien que le ministère ait rassuré l’association en promettant une reprise du soutien, cette promesse tarde toujours à se concrétiser. « Il est urgent d’ouvrir un dialogue sérieux autour de ce sujet, qui concerne des familles démunies et des enfants vulnérables. Nous sommes prêts à répondre à toutes les exigences de la tutelle », affirme un acteur associatif.
Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois que la société civile se mobilise contre la suspension de l’aide publique, dédiée à l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap. La Fédération nationale des travailleuses et travailleurs sociaux a déjà tiré la sonnette d’alarme quant à la dégradation des conditions de travail de ces professionnels, acteurs de première ligne dans l’inclusion de ces personnes, suite au gel du soutien.
Face à cette situation, Mustapha Adlal, acteur associatif, appelle à renforcer l’inclusion éducative des enfants inadaptés au sein de l’école publique, en lui donnant les moyens humains et matériels nécessaires pour remplir cette mission. Selon lui, il faut multiplier les actions en faveur de cette catégorie, afin que la responsabilité ne repose plus uniquement sur la société civile, mais soit partagée avec l’institution scolaire. « La société civile ne peut pas tout assumer. Le ministère de l’Éducation nationale doit intervenir, en coordination avec celui de la Solidarité, pour améliorer les conditions de l’inclusion à l’école et garantir un impact durable pour cette frange de la société », souligne-t-il.
En attendant, la mise en place d’un contrôle rigoureux des associations bénéficiaires demeure nécessaire, afin de s’assurer de la bonne mise en œuvre de leurs programmes d’action au profit des personnes en situation de handicap, conformément à la vision du ministère de la Solidarité.