​Désarmement du Hezbollah : « D’abord le désarmement, les garanties israéliennes suivront… peut-être »

Après leur rencontre avec le chef de l’Etat Joseph Aoun, les membres de la délégation américaine ont repris en concert les vœux du Premier ministre israélien, qui fait du désarmement du Hezbollah une condition à toute démarche israélienne.

«Si le Liban prend des mesures pour désarmer le Hezbollah, Israël réduira progressivement sa présence en coordination avec le mécanisme de sécurité dirigé par les États-Unis», avait déclaré lundi Netanyahu, exprimant sa disposition à coopérer avec le Liban pour ce faire.

A l’issue de la rencontre avec le chef de l’Etat libanais, le sénateur américain Lindsay Graham, voulant se démarquer de toute ingérence, a jeté la balle dans le camp libanais en arguant que «l’idée de désarmer le Hezbollah est libanaise et non étrangère» !

Poussant l’intransigeance d’un cran, il a martelé en conférence de presse au palais présidentiel, que les émissaires ne sont pas là «… pour discuter de ce que fera Israël tant que le Hezbollah n’aura pas été désarmé».

De son côté, la sénatrice US Jeanne Shaheen a pris la parole pour dire «attendre l’approbation du plan de monopole des armes par l’armée libanaise la semaine prochaine».

L’adjointe de Barrack, Morgan Ortagus, a de son côté estimé que «nous sommes actuellement dans la phase de mise en œuvre de la décision du gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah».

«Israël est prêt à avancer pas à pas avec le gouvernement libanais…Tout dépend des actes et non des paroles», a-t-elle encore dit.

Barrack qui s’est rendu en Israël ces derniers jours pour tenter d’obtenir un engagement de Netanyahu en échange de la décision du gouvernement libanais sur le monopole des armes d’ici la fin de l’an, est revenu à Beyrouth sans aucune garantie de ce dernier. Pis, il a fait siennes les déclarations de Netanyahu, en affirmant que «les garanties de sécurité à la frontière seront discutées après la présentation par le gouvernement libanais d’un plan de désarmement du Hezbollah. Ce plan ne sera pas nécessairement militaire, mais consistera plutôt à convaincre le parti de déposer les armes. Le gouvernement libanais présentera un plan de désarmement du Hezbollah, et je suis convaincu qu’il sera couronné de succès», a-t-il déclaré pendant le point de presse à Baabda.

Il a en outre proposé «un plan de financement pour indemniser les membres du Hezbollah déposant les armes» ! Et d’arguer: «les USA ne veulent pas de guerre civile au Liban».
 

Insultes envers des journalistes
Lors de la conférence de presse mardi au palais Baabada, l’émissaire américain Tom Barrack a prononcé des propos adressés à des journalistes, provoquant une vive polémique au Liban, qualifiés d' »insulte » par les syndicats de la presse.
« S’il vous plaît, calmez-vous un peu (…) Dès que la situation devient chaotique, presque animale, on quitte la salle », avait-t-il lancé avant d’aborder le plan de désarmement du Hezbollah, appelant les journalistes à se comporter de « manière civilisée ».

Le syndicat des photographes de presse a dénoncé une « insulte directe » aux journalistes et photographes présents et un « précédent dangereux et totalement inacceptable », réclamant des « excuses immédiates et publiques ».

Le syndicat des rédacteurs a lui aussi réclamé « des excuses publiques », agitant la menace d’un « boycott de ses visites et de ses rencontres ».

L’Union des journalistes du Liban a jugé que ces déclarations « traduisent une arrogance inacceptable et un mépris implicite pour la mission journalistique ».

Le président de la commission de l’Information au Parlement, député du Hezbollah, Ibrahim Moussaoui, a appelé les autorités à « convoquer immédiatement l’ambassadrice américaine, la réprimander et protester contre l’insulte caractérisée infligée au Liban et aux Libanais ».

La présidence libanaise a exprimé sur X ses « regrets pour des propos tenus par inadvertance par l’un de ses invités », n’osant même pas citer nommément Tom Barrak, réaffirmant son « respect absolu de la dignité humaine » et sa « considération particulière pour les journalistes et correspondants accrédités ».

Le ministre de l’Information, Paul Morcos, a également « regretté » ces propos et souligné son « attachement à la dignité » des journalistes.

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