Suite aux nombreux décès inexpliqués de femmes enceintes à l’hôpital Hassan II d’Agadir qui ont soulevé plusieurs manifestations, le ministre de la Santé , Amine Tahraoui, a limogé le directeur de l’établissement tout en reconnaissant une série de dysfonctionnements majeurs lors d’une visite sur place. Le ministre a annoncé également la réhabilitation de cet “hôpital de la mort”, miné par l’absentéisme des médecins, le sous-équipement et la vétusté. Détails
Le décès de plusieurs femmes enceintes à l’hôpital régional Hassan II à Agadir continue de défrayer la chronique. Ce drame, qui semble être la goutte qui a fait débarder le vase, a provoqué la colère des habitants qui ont manifesté, dimanche, devant l’établissement.
Les habitants ont dénoncé la dégradation des services et des conditions d’accueil. La Directrice régionale de la Santé, Lamia Chakiri, a promis lors d’une conférence de presse tenue à la hâte, un plan de 200 millions de dirhams pour réhabiliter l’établissement qui demeure submergé par un flux de patients de plus en plus croissant. Près de 63.000 patients se sont rendus aux services d’urgence au premier semestre de 2025, soit une moyenne de 150 par jour.
Sous le feu des critiques pour son silence, le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, s’est rendu aujourd’hui sur place. L’hôpital est dans un tel état de délabrement qu’il a donné immédiatement raison aux manifestants en colère.
Le verdict est tombé. Le directeur de l’établissement a été limogé ainsi que plusieurs responsables régionaux, a annoncé le ministre dans une déclaration à la presse à l’issue de sa visite. Cette décision a été prise sur la base des conclusions de la commission d’enquête dépêchée en urgence pour élucider les circonstances des décès. Tahraoui a promis du sang neuf pour remédier à la situation.
Le ministre, qui semble découvrir lui-même la gravité de la situation, a reconnu que cet établissement manque de tout, des médecins jusqu’aux équipements. Il a reconnu une série de dysfonctionnements dont l’absentéisme injustifié des médecins et du personnel soignant. Les absentéistes, a-t-il assuré, seront déférés devant les conseils disciplinaires. Le ministre a fait état d’une pénurie de médicaments et d’équipements, soulignant que les efforts sont en cours pour garantir un approvisionnement régulier de sorte à éviter les ruptures de stock fréquentes.
Le plus frappant est que l’hôpital manquait de scanner faute d’entretien d’appareils qui tombent souvent en panne. Le ministère a dû ramener un nouveau scanner flambant neuf en urgence. Ce qui pose moult questions sur la capacité d’action des autorités sanitaires qui attendent qu’un scandale éclate pour intervenir. Ce nouveau scanner permettra donc de soulager les services de radiologie.
Le remue-ménage concerne également les contrats des prestataires d’hygiène et de sécurité au moment où il n’y a quasiment pas d’accueil ni de réception digne de ce nom dans l’hôpital comme dans le reste des établissements de santé.
Les contrats seront revus et, le cas échéant, annulés, a fait savoir le ministre qui a souligné que de nouveaux appels d’offres ont été lancés avec des critères de qualité plus strictes. “Nous voulons que les services correspondent à nos exigences”, a-t-il insisté.
Pour ce qui est de l’infrastructure, Amine Tahraoui a fait état de la vétusté de l’hôpital dont la construction est si ancienne qu’elle nécessite de travaux de réfection le plus rapidement possible. L’établissement, rappelons-le, date de 1967.
D’où le plan d’aménagement susmentionné de 200 MDH. Les travaux ne commenceront pas immédiatement pour assurer la continuité de soins.