Alors que les « Moul Hanout », véritables piliers économiques et sociaux des quartiers, sont mis en péril par les grandes enseignes, le ministre de tutelle, Ryad Mezzour, a rassuré mardi à la Chambre des Conseillers, sur leur résilience et sur les efforts fournis par l’Exécutif pour soutenir ce secteur vital. Interrogé également sur la souveraineté industrielle du Royaume, le ministre a mis l’accent sur l’innovation avec des projets de semi-conducteurs et de nouveaux investissements en perspective en collaboration avec les Centres Régionaux d’Investissement (CRI). Du côté du commerce extérieur, Omar Hejira, fraîchement nommé secrétaire d’État, a annoncé une stratégie exportatrice ambitieuse, visant à renforcer le positionnement international du Royaume. Round up.
Face aux critiques et aux préoccupations exprimées par les Conseillers, Mezzour a précisé que son ministère s’engage activement aux côtés des petits commerçants. Malgré une projection initiale visant 50% de points de vente pour les grandes surfaces, celles-ci ne représentent aujourd’hui que 20% du marché, signe que les petits commerces demeurent résilients face à cette montée en puissance avec un taux de couverture de presque 80%. Le ministère travaille à réduire les obstacles à l’accès aux financements et collabore avec les associations de commerçants pour répondre à leurs besoins. Cependant, de nombreux acteurs estiment que les mesures actuelles, qui couvrent seulement 70% des recommandations, sont insuffisantes pour faire face aux défis structurels posés par la modernisation du secteur.
Mezzour a également profité de cette session parlementaire pour souligner les efforts de son ministère en matière de développement industriel et de renforcement de la souveraineté économique. Grâce à une coordination accrue avec les Centres Régionaux d’Investissement (CRI), plus de 1.800 projets industriels ont été lancés dans l’ensemble du territoire, dont une majorité est soutenue par des investissements nationaux. Cette stratégie vise à diversifier l’économie et à créer des emplois, tout en assurant la viabilité des industries locales face à la concurrence internationale. Il a précisé que les investissements marocains en industrie représentent aujourd’hui 50% de la valeur totale, un chiffre qui témoigne de la volonté de renforcer l’autonomie économique du pays.
Les chiffres confirment la dynamique en cours : entre 2021 et 2023, les exportations de véhicules ont bondi de 30,47%, tandis que les secteurs du textile et du cuir, ainsi que de l’aéronautique ont respectivement progressé de 12,78 % et de 8,97%. Ces résultats démontrent, selon Hejira, l’attractivité et la compétitivité croissante du Maroc sur les marchés internationaux, une tendance que le gouvernement souhaite amplifier par une gestion rigoureuse et une planification ciblée.
Le secrétaire d’État a également annoncé qu’une feuille de route pour 2025 sera élaborée en partenariat avec les principaux acteurs économiques et institutionnels. Ce plan stratégique associera parlementaires, conseillers ainsi que représentants de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) et des différentes fédérations professionnelles. L’objectif ? Consolider une vision partagée et des objectifs mesurables pour un impact à court et moyen terme sur le commerce extérieur marocain.
Hejira met ainsi l’accent sur l’importance d’une collaboration renforcée entre les instances publiques et privées pour identifier et répondre efficacement aux besoins spécifiques des exportateurs marocains, créant un environnement où les secteurs prioritaires puissent bénéficier d’un accompagnement cohérent et adapté à leur réalité économique.
Ce choix de la régularité dans la mise en œuvre est motivé par la volonté de prouver la valeur ajoutée du secrétariat d’État dédié au commerce extérieur, récemment institué, et d’en faire un instrument indispensable au développement des exportations marocaines. Par une exécution efficace et une transparence accrue, cette approche devrait également renforcer la confiance des investisseurs et des partenaires commerciaux internationaux, consolidant la place du Maroc dans le commerce mondial.
Grâce à ses infrastructures et à une main-d’œuvre qualifiée, le Royaume s’est taillé une place dans ce segment, où les produits marocains répondent aux standards de qualité exigés à l’international. Le ministre Mezzour voit dans cette spécialisation une opportunité de croissance pour le secteur technologique marocain et pour l’ensemble de l’économie, qui pourrait bénéficier de retombées en termes d’emplois et de transferts de compétences.
En soulignant la complexité et le coût exorbitant du front end, Mezzour admet que la stratégie marocaine ne vise pas à concurrencer les grands fabricants de puces électroniques, mais à solidifier son positionnement dans la chaîne d’approvisionnement globale en se spécialisant dans les étapes de finalisation et de programmation.