A un an de l’échéance de la feuille de route prévue en 2026, le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement préscolaire et des Sports, Mohamed Saâd Berrada, a affirmé que le gouvernement accorde une importance particulière au soutien de l’excellence scolaire des enfants issus de familles défavorisées.
Dans sa réponse à une question parlementaire écrite, le ministre de tutelle a rappelé que l’investissement dans les capacités des étudiants brillants ne relève pas seulement d’une obligation sociale, mais représente également un choix stratégique pour l’avenir du Royaume. Miser sur ces jeunes, a-t-il expliqué, revient à préparer une génération capable de contribuer activement au développement du pays et de relever les défis économiques, sociaux et technologiques qui se profilent.
Barada a assuré que son département met tout en œuvre pour permettre à ces jeunes de poursuivre leur parcours scolaire et de réaliser leurs ambitions. Cette démarche s’inscrit dans une vision fondée sur l’égalité des chances et la justice sociale dans les domaines de l’éducation et de la formation. Pour atteindre cet objectif, le ministère déploie divers programmes et initiatives destinés à fournir un soutien financier, académique et social.
S’agissant des bourses et des aides financières – sujet qui suscite régulièrement la frustration de l’opinion publique -, Berrada a indiqué que le ministère, en collaboration avec d’autres départements gouvernementaux, s’emploie à élargir le programme de bourses destiné aux élèves et étudiants méritants issus de familles à revenu modeste.Cet élargissement s’appuie sur la mobilisation de ressources financières supplémentaires et sur la simplification des procédures d’accès aux bourses, afin de permettre au plus grand nombre de poursuivre leurs études sans obstacles financiers.
À cette fin, les critères d’attribution des bourses sont progressivement actualisés pour garantir que l’aide atteigne les bénéficiaires les plus nécessiteux, apprend-on de même source. Parallèlement, les démarches administratives sont simplifiées et la base des bénéficiaires est élargie grâce à l’allocation de budgets additionnels au niveau central et régional. Le ministère accorde également une attention particulière au suivi des étudiants tout au long de leur parcours, afin de favoriser leur réussite académique et de lutter contre le décrochage scolaire, un phénomène qui pèse lourdement sur les indicateurs éducatifs du Royaume. Cette préoccupation est d’autant plus légitime que, chaque année, près de 280.000 élèves quittent l’école prématurément, dont environ 160.000 au niveau du collège.Pour y remédier, le ministère s’est fixé l’objectif de réduire le nombre total d’abandons scolaires, qui s’élevait à 295.000 en 2024, pour le ramener à 200.000 d’ici 2026. Parallèlement, il prévoit de réorienter au moins 80.000 collégiens, particulièrement exposés au risque de décrochage, vers les « écoles de la deuxième chance ».
En gros, loin du langage institutionnel abscond qui finit par enfumer les lecteurs, le ministre fait référence surtout à l’école pionnière qui est un établissement numérisé où on enseigne par les nouvelles méthodes d’apprentissage, à savoir la méthode TARL et l’apprentissage explicite. On y enseigne de sorte à combler les lacunes des élèves pour les mettre à niveau.Un véritable défi pour notre système où les élèves passaient d’un cycle à l’autre sans avoir le niveau requis. Les carences s’accumulent à un degré tel qu’il devient impossible de se rattraper.
Jusqu’à présent, les premiers résultats des nouvelles méthodes mises en place apparaissent encourageants, comme l’a révélé le chef du gouvernement lors de la présentation de son dernier bilan en mai dernier. Selon les chiffres communiqués, un véritable effet de rattrapage est observable : le niveau d’apprentissage des élèves a été multiplié par quatre en mathématiques, par deux en arabe et par trois en français. Akhannouch a souligné que ces techniques se distinguent par leur efficacité, en particulier dans les établissements dits « pionniers », où les élèves affichent des performances supérieures de plus de 82 % par rapport à leurs camarades scolarisés dans les autres écoles. Mais pour que le chantier prenne son rythme de croisière, Mohamed Guedira, professeur universitaire et expert en politiques éducatives et ingénierie des compétences, estime qu’il faudrait améliorer l’accompagnement institutionnel des enseignants, qui se retrouvent souvent à gérer seuls les difficultés pédagogiques, « faute de soutien adéquat de la part des inspecteurs, dont la charge de travail reste considérable ».
Cela dit, Berrada a souligné la nécessité de programmes nationaux conjoints, impliquant à la fois le secteur public, le secteur privé et la société civile. Ces programmes se traduisent par des initiatives de partenariat destinées à mobiliser des ressources financières et humaines, ainsi qu’à mettre en place des mécanismes avancés de suivi et de soutien aux élèves et étudiants méritants, tant sur le plan matériel qu’académique.
Quelles améliorations préconisez-vous pour renforcer l’impact de ce projet ?
À quel point la pluralité des pédagogies est-elle importante pour la réussite du projet des écoles pionnières ?
Face à cette situation, le ministère mise fortement sur les nouvelles techniques d’apprentissage, présentées comme une solution clé à tous les maux du système éducatif. Mais il convient de rester lucide car ces outils constituent un moyen, et non une fin en soi. « C’est une baguette, en effet. Mais je ne peux vous dire si elle est magique », avait rappelé Hamid Bouchikhi, membre du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, lors d’une interview accordée à « L’Opinion ».
Pour lui, la réussite de la réforme repose avant tout sur un travail rigoureux d’identification des lacunes du système et, surtout, sur la capacité à implanter les écoles pionnières dans les zones rurales et les régions éloignées. Ce point a d’ailleurs été vivement critiqué lors du grand oral du chef du gouvernement, l’opposition estimant que les territoires ruraux restent largement laissés pour compte dans la stratégie actuelle.