Enseignement supérieur : le plan d’El Midaoui pour réconcilier Université, recherche et gouvernance

Lundi, le ministre Azzedine El Midaoui a présenté à la Chambre des Représentants les réformes universitaires, mettant l’accent sur la recherche dans les cursus, la refonte du logement étudiant et la modernisation de la gouvernance.

La réforme du système universitaire marocain, engagée depuis deux ans, continue de susciter débats et interrogations, notamment autour de la place accordée à la recherche et à la formation appliquée. Interpellé par les députés sur ce dossier, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, a tenu à clarifier les orientations de son département. Non, le ministère n’a pas supprimé la recherche universitaire : il l’a redéfinie.

Le ministre a rappelé que la suppression du mémoire de fin d’études en licence, décidée en 2023, répondait à des «raisons objectives», parmi lesquelles le manque de formation méthodologique des étudiants, le nombre élevé d’inscrits qui complique l’encadrement pédagogique, mais aussi l’émergence de l’Intelligence Artificielle – notamment d’outils comme ChatGPT – capable de produire des travaux en quelques minutes.

Cependant, El Midaoui a souligné que cette suppression n’était ni définitive ni absolue. Le nouveau cahier des normes pédagogiques offre désormais aux enseignants et aux départements universitaires la possibilité d’introduire des travaux de recherche dans la licence, en fonction des spécificités disciplinaires et des capacités d’encadrement.

«Ce n’est pas une suppression du principe de la recherche, mais une adaptation à la réalité des établissements», a expliqué le ministre, insistant sur la nécessité d’un encadrement rigoureux pour garantir la crédibilité académique des travaux étudiants.
 

Le master reste un cycle de recherche structuré
 
Concernant le master, Azzedine El Midaoui a catégoriquement réfuté les rumeurs d’une suppression du mémoire de recherche. «Ce n’est pas vrai, nous avons même consacré un semestre entier à cet exercice», a-t-il affirmé.

Le ministre a détaillé la nouvelle architecture pédagogique, qui maintient la recherche comme axe central du master, tout en l’adaptant aux réalités des filières. Dans les sciences exactes, elle prend la forme de stages en laboratoire, tandis que dans les disciplines juridiques ou économiques, elle peut s’appuyer sur des études de terrain ou des immersions dans les tribunaux et institutions.

L’objectif, selon lui, est de concilier formation académique, professionnalisation et pertinence scientifique, tout en donnant aux enseignants «la pleine latitude pour définir les modalités d’évaluation et de recherche».
 

Un processus continu d’amélioration de la qualité
 
Plus largement, le ministre a insisté sur la dimension structurelle et continue de la réforme du supérieur. «L’amélioration de la qualité n’est pas un acte ponctuel, mais un processus permanent», a-t-il déclaré, rappelant que le ministère a mené des concertations approfondies avec les doyens, présidents d’Universités et directeurs d’établissements pour revoir le cahier des normes pédagogiques de 2023.

Cette révision a permis d’introduire de nouvelles unités de formation, des langues d’enseignement supplémentaires et de lancer un diplôme de bachelor pour les écoles supérieures de technologie. Le tout s’inscrit dans une logique d’harmonisation avec les standards internationaux et de réduction de la massification universitaire.

Au-delà du volet académique, El Midaoui a dévoilé une nouvelle approche pour la gestion du logement universitaire, estimant que «la formule publique actuelle a atteint ses limites».

Le ministère a ainsi lancé, il y a dix jours, un appel à manifestation d’intérêt pour un partenariat public-privé couvrant 127 hectares et 23 villes universitaires. L’objectif est d’introduire une gestion mixte plus efficiente, capable de répondre à la demande croissante d’hébergement étudiant tout en améliorant la qualité des services.

Parallèlement, plusieurs résidences étudiantes achevées mais non opérationnelles seront enfin ouvertes cette année, grâce à l’appui des autorités locales. Parmi elles figurent le campus de Souissi à Rabat et la résidence “Tillela” à Agadir. Le ministre a également annoncé l’ouverture prochaine de la “Maison du chercheur” à Rabat, dotée de 600 lits, destinée à renforcer les conditions de vie et de recherche des doctorants.
 

Refonte de la gouvernance et diversification du financement
 
Sur le plan institutionnel, El Midaoui a confirmé une révision en profondeur du cadre juridique de l’Office National des Œuvres Universitaire Sociales et Culturelles (ONOUSC), afin d’en faire un instrument de contrôle, de coordination et de suivi doté de délégations locales dans chaque ville universitaire.

Le ministre a par ailleurs plaidé pour une diversification des sources de financement du système des bourses, en appelant à une contribution accrue des collectivités territoriales et des régions, en complément des dotations de l’État. «La généralisation des bourses doit aller de pair avec un engagement collectif dans leur financement», a-t-il souligné.

Enfin, le ministre a annoncé le lancement imminent de bourses de recherche en énergie, destinées aux doctorants, en partenariat avec le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable. Cette initiative illustre la volonté du gouvernement de lier la recherche universitaire aux priorités nationales, notamment la transition énergétique, la durabilité et la souveraineté scientifique.

Dans la même logique, six nouvelles institutions universitaires ouvriront leurs portes cette année, retardées jusque-là par des contraintes administratives. Une expansion qui s’inscrit dans la stratégie du ministère visant à territorialiser l’enseignement supérieur et à rapprocher la formation et la recherche des besoins des régions.
 

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