Président de l’Association Nationale des Industries de la Congélation des Produits de la Mer, Hamdi Ould Errachid, nous livre son analyse de la stratégie nationale en matière de congélation, tout en mettant en exergue le rôle pilier des régions du Sud dans cette feuille de route.
Mais notre rôle ne s’arrête pas là. Sur le plan social, le secteur emploie directement plus de 18 000 personnes, soit 36 % de l’ensemble des emplois industriels dans la filière halieutique notamment dans les régions du Sud du Royaume jouant un rôle crucial dans le développement local.
Enfin, notre contribution à la sécurité alimentaire mondiale est significative. En valorisant des espèces comme les pélagiques et les céphalopodes, qui représentent une part importante de nos exportations, nous répondons à une demande croissante pour des produits de mer abordables et nutritifs sur les marchés internationaux.
L’irrégularité de l’approvisionnement et la pression sur les ressources sont des défis majeurs pour le secteur. Comment y répondez-vous ?
Nous sommes conscients des défis majeurs auxquels l’industrie fait face, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en matière première, soumis à des fluctuations naturelles et à des aléas souvent imprévisibles. La complexité des prévisions scientifiques sur l’abondance des stocks ajoute une dimension d’incertitude qui peut affecter la planification à moyen et long terme.
Pour permettre à l’industrie de se développer durablement, il est essentiel de garantir une certaine prévisibilité en matière de quotas et d’accès aux ressources. Cela nécessite une collaboration renforcée entre les autorités de gestion, les instituts de recherche scientifique et les industriels, afin de concilier exploitation raisonnée et viabilité économique. Bien que des efforts soient engagés pour moderniser les infrastructures de débarquement et de stockage, ainsi que pour adopter des solutions numériques de traçabilité, ces initiatives ne pourront pleinement porter leurs fruits sans une meilleure anticipation des stocks et des conditions d’approvisionnement.
La transformation en produits à haute valeur ajoutée est souvent présentée comme l’avenir du secteur. Où en est l’industrie marocaine de la congélation sur ce point ?
En 2023, plusieurs unités industrielles ont intégré des équipements de surgélation rapide (IQF), qui permettent de congeler individuellement chaque pièce de produit. Cela améliore la qualité et facilite l’exportation vers des segments haut de gamme.
Dans un contexte de compétitivité mondiale, comment le secteur de la congélation peut-il renforcer la position du Maroc sur les marchés internationaux ?
Il y a ensuite l’innovation produit. Les attentes des consommateurs évoluent. Il faudra investir dans le développement de produits prêts à l’emploi, comme les portions individuelles ou les produits surgelés. Ces innovations permettent d’atteindre de nouveaux segments de marché et d’augmenter la valeur des exportations.
Troisièmement la durabilité. La traçabilité et les certifications environnementales deviennent des critères indispensables. Les consommateurs veulent des produits qui respectent non seulement leur santé, mais aussi l’environnement. C’est pourquoi nous travaillons à renforcer les certifications de durabilité pour nos produits.
Quels sont vos objectifs à long terme pour le secteur, et comment voyez-vous son avenir dans l’économie bleue marocaine ?
Il s’agit également d’accélérer la modernisation de nos infrastructures, en collaboration avec l’État et nos partenaires privés, pour garantir des standards internationaux à chaque étape, de la capture à l’exportation. Finalement notre objectif est de consolider notre engagement environnemental, en veillant à ce que chaque produit exporté porte l’empreinte d’une durabilité exemplaire.
En somme, l’industrie de la congélation des produits de la mer est à un tournant. Nous avons l’opportunité de devenir une vitrine mondiale pour l’économie bleue marocaine, en alliant durabilité, innovation et excellence opérationnelle.