La cité des alizés a vibré au rythme de la première édition du Printemps des Regraga, un événement culturel d’envergure qui a rassemblé érudits, dignitaires religieux et anthropologues venus des quatre coins du continent africain et d’Europe.
Plus qu’une simple procession religieuse, ce périple de 44 étapes sur près de 460 kilomètres constitue une véritable odyssée spirituelle et communautaire. Les experts présents ont mis en lumière la richesse de ce rituel nomade, véritable livre ouvert sur l’histoire des tribus Chiadma et Haha, où se mêlent harmonieusement islam soufi, traditions berbères et résistance aux invasions étrangères. Les travaux des grands anthropologues ont été convoqués pour décrypter cette alchimie sociale unique où la baraka (bénédiction) opère comme ciment identitaire.
Dans une intervention remarquée, le Dr Said Laqabi a tracé les contours d’une ambitieuse vision de valorisation. S’inspirant du modèle de Saint-Jacques-de-Compostelle, il a plaidé pour une approche intégrée combinant préservation du sacré et développement territorial. Cette réflexion s’inscrit opportunément dans le sillage des recommandations du CESE et du plan Vision 2030, tandis que la perspective de la Coupe du Monde de football offre un timing stratégique pour repenser l’attractivité culturelle du Royaume.
Cette initiative, à la croisée des chemins entre tradition et modernité, pourrait bien écrire un nouveau chapitre de la Geste des Regraga, transformant ce patrimoine immatériel en levier de développement tout en préservant son âme séculaire.
Mohamed LOKHNATI