Le président américain Donald Trump dit faire la chasse aux étrangers criminels. Mais, qu’ils soient arrêtés en pleine procédure d’immigration légale ou de retour de lune de miel avec un mari américain, les migrants font face à des autorités qui ratissent large.
« Je n’ai rien fait, je suis quelqu’un de bien », répète-t-il par téléphone à sa femme vénézuélienne Johanny Sanchez, âgée de 22 ans.
Tatoué d’une rose et d’une montre avec l’heure de naissance de sa fille, Franco Caraballo a raconté avoir dû enfiler un uniforme rouge, destiné aux détenus considérés comme particulièrement dangereux. La veille de son expulsion, sa femme était toujours sans nouvelles.
« Mon avocat a parlé à l’ICE. Ils lui ont dit que Franco avait été expulsé (vers le Salvador), qu’il n’avait pas de casier judiciaire mais qu’ils le soupçonnaient d’être membre du Tren de Aragua à cause de ses tatouages », rapporte à l’AFP Johanny Sanchez.
L’administration Trump associe régulièrement les migrants aux cartels d’Amérique latine, en particulier ceux du Mexique et du Venezuela.
Tatoueur de 35 ans, Jhon Chacin est arrivé légalement sur le territoire américain en octobre 2024. Quelques mois plus tard, il est lui aussi arrêté à cause de ses tatouages et envoyé au Salvador sans aucune preuve à son encontre, assure sa sœur Yuliana, qui vit à Dallas.
Son visa avait certes expiré mais elle était en plein processus légal pour devenir résidente, assure sous le choc son mari Bradley Bartell qui a voté pour Donald Trump, dont la campagne présidentielle a été marquée par une rhétorique anti-migrants particulièrement violente.
Me David Rozas, son avocat spécialisé dans l’immigration, pense lui que la situation actuelle est « la plus terrifiante » qu’il n’ait jamais connue en deux décennies de carrière.
« Les migrants sont la colonne vertébrale de ce pays. Le fait que l’on s’apprête à expulser des gens qui sont là depuis des années, travaillent pour ce pays, font des métiers que les Américains ont choisi de ne pas faire leur donne l’impression d’avoir été trahis », estime-t-il.
Originaire du Honduras, Shirly Guardado, 27 ans, se trouvait à son travail près de Houston, au Texas, lorsque la police de l’immigration l’a emmenée au motif qu’elle avait été impliquée dans un accident de la circulation.
« Elle n’est pas une criminelle. C’est ma femme. C’est la mère de mon enfant. Elle a toujours respecté les règles. C’est une citoyenne modèle », affirme son mari, Ayssac Correa, 25 ans, militaire dans l’armée américaine, et qui doit se préparer, au cas où elle serait expulsée, à une longue procédure incertaine pour son retour.