Une ombre glisse sur le sol brûlé par le soleil. Les têtes se lèvent. Là-haut, un faucon fend l’air dans un vol précis, presque chorégraphié. Un geste du gant, et l’oiseau revient se poser, déclenchant une salve d’applaudissements. C’est l’un des moments les plus attendus du Moussem Moulay Abdellah Amghar — les démonstrations spectaculaires de l’Association Lekouassem de la Fauconnerie.
Mais au Moussem, son rôle dépasse la simple préservation : elle en est l’une des grandes animations phares. Dans le tumulte des fantasia, des chants populaires et des marchés parfumés, les démonstrations de fauconnerie attirent irrésistiblement les visiteurs. Des cercles compacts se forment autour des fauconniers, les yeux se tournent vers le ciel, et chaque envol arrache des cris d’admiration.
« Nos faucons ne sont pas seulement des chasseurs, ce sont les ambassadeurs de notre histoire », explique Mohamed Ghazouani. À ses côtés, son fils Taha, jeune prodige, incarne la relève avec assurance et passion, reproduisant les gestes précis transmis de génération en génération.
Les visiteurs — familles locales, touristes nationaux et étrangers — se pressent pour voir de près ces rois du ciel. Les enfants s’émerveillent, les plus âgés se souviennent, les amateurs de patrimoine capturent l’instant. La fauconnerie, grâce aux Lekouassems, devient un spectacle vivant, une rencontre intime entre tradition et émotion.
Et lorsque le faucon s’élance au-dessus des plaines de Doukkala, son vol ne dessine pas seulement une figure dans le ciel : il trace un lien invisible entre le passé et l’avenir, entre la mémoire des anciens et l’enthousiasme des nouvelles générations