Forum national des enseignants : L’école 2.0 pour rehausser les compétences du corps éducatif

Alors que le pays aspire à moderniser son système éducatif, l’école 2.0 se positionne comme un modèle clé, et tend à promouvoir des méthodes d’enseignement plus innovantes et efficaces. Ce processus de digitalisation, bien que précipité par les circonstances de la réforme, a révélé un potentiel immense pour l’amélioration des pratiques éducatives et ne se limite plus à l’intégration de nouvelles technologies ; il vise également à enrichir l’expérience d’apprentissage des élèves tout en optimisant les pratiques des enseignants.

Avec cette détermination, le royaume trace un chemin audacieux vers l’excellence. Le Forum national des enseignants a marqué un premier pas décisif, où les participants se sont inspirés d’innovations susceptibles de révolutionner l’apprentissage. Les idées ont fusé et l’enthousiasme était palpable. Cette première édition, tenue à Rabat les 26 et 27 septembre, a été une véritable fête pour les enseignants, leur permettant de faire entendre leur voix et de bénéficier de formations efficaces pour enrichir leurs pratiques.

Plus de 3000 participants, incluant enseignants, experts et pédagogues, se sont rassemblés pour aborder les défis et les opportunités de la formation continue. Le programme a proposé 150 interventions et activités réparties sur quatre axes principaux. Cela a permis d’explorer des questions essentielles concernant l’intégration des nouvelles technologies en classe, tout en offrant des solutions concrètes adaptées aux réalités marocaines.
 

L’école 2.0 marque ainsi une évolution significative dans le paysage éducatif marocain, en mettant l’accent sur l’utilisation des outils numériques pour enrichir l’apprentissage. Selon Mouhsine Lakhdissi, consultant en intelligence artificielle : « De nombreuses startups ont émergé dans le domaine de l’EdTech au Maroc, avec des succès variés. Il est essentiel de rapprocher ces initiatives des efforts du secteur public pour créer des synergies. Le ministère et l’ADD travaillent sur des labs pour expérimenter ces innovations ».

« L’expérimentation est cruciale, notamment à travers des écoles d’excellence. Il est impératif de généraliser ces initiatives pour éviter les disparités entre les différentes régions du Maroc. Chaque école, quelle que soit sa localisation, doit évoluer de manière cohérente et intégrée », a-t-il ajouté.

Au cœur du forum, le dôme des intelligences artificielles a captivé l’attention des invités. Parmi les solutions innovantes présentées, des logiciels permettent aux apprenants de faire leurs devoirs à la maison de manière autonome, même sans l’encadrement de leurs parents ou enseignants. En ajustant simplement les exercices, l’IA propose des séances de révision sans donner directement les réponses, ce qui stimule la persévérance et aide à mieux comprendre les règles.
 

La société AI Crafters a, à son tour, présenté son concept captivant AI Corner, qui propose trois expériences majeures. LEARN explore l’utilisation de l’IA dans l’éducation, avec plus de 300 enseignants formés sur des cas concrets. Nihal Djebli, Directrice Générale de « AI Crafters », précise : « Cela permet de montrer comment l’IA peut enrichir l’enseignement. » EXPERIMENT encourage les enseignants à tester des outils d’IA pour faciliter la préparation des cours et la correction des devoirs, libérant ainsi du temps pour se concentrer sur la créativité. Enfin, CRAFT invite à créer et tester des cours et quiz, permettant aux enseignants d’utiliser la technologie pour améliorer leur productivité et leur efficacité. Il est important de souligner que ces formations sont gratuites et ouvertes à tous les enseignants. Elles offrent ainsi une opportunité précieuse d’intégrer les technologies numériques dans leur pratique pédagogique.
 

Benmoussa s’est également engagé cette année à intégrer 85% des établissements scolaires dans l’univers numérique, apportant ainsi un nouvel élan au secteur de l’enseignement. Reconnaissant cette réalité, le ministère de tutelle a intensifié l’intégration du numérique dans sa feuille de route 2022-2026. Cette initiative, érigée en priorité nationale sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, marque un tournant dans la refonte de l’éducation nationale grâce à un vaste plan d’action s’inscrivant dans un cadre de réformes politiques et institutionnelles ambitieuses.

Les experts s’accordent, également, à dire que l’accent mis sur la formation des enseignants est crucial pour améliorer la qualité de l’Education. Selon Amine Sennouni, Professeur universitaire en sciences de l’information et des données : « Il est tout à fait possible de se former au numérique, même si l’on n’évolue pas dans des domaines directement liés aux données ou aux technologies. Grâce à des plateformes de formation dédiées, il est désormais simple d’intégrer l’e-learning dans l’enseignement. De nombreux MOOCs offrent des formations spécialisées sur l’utilisation des plateformes collaboratives et d’e-learning pour les enseignants. C’est une excellente occasion pour eux de s’initier à ces technologies et d’intégrer la dimension numérique dans leur pratique pédagogique.

Dans ce contexte, le ministre Chakib Benmoussa a annoncé, à l’issue du forum, que le Ministère mettra en œuvre une série d’initiatives importantes. Parmi celles-ci figure la création d’une plateforme numérique destinée à améliorer la communication et les échanges entre institutions et enseignants, facilitant ainsi la valorisation des pratiques professionnelles efficaces en matière d’éducation.

De plus, en collaboration avec la Fondation OCP, lOffice Chérifien des Phosphates et l’université Mohammed VI Polytechnique, un fonds sera établi pour soutenir les meilleures initiatives pédagogiques sur le terrain, favorisant un impact positif sur les enseignants et dynamisant l’écosystème éducatif.

Enfin, le Ministère encourage la recherche- action pédagogique comme moyen de répondre aux défis rencontrés par les enseignants, en s’associant avec des universités et des experts pour améliorer la qualité des connaissances acquises.

Le ministre de tutelle s’était engagé à plonger 85% des établissements scolaires dans l’univers numérique, offrant ainsi un nouvel élan au secteur de l’enseignement. L’enseignement à distance, en pleine ascension, s’était vu soutenu par une série de mesures stratégiques visant à capitaliser sur les acquis du plan actuel, notamment avec l’enrichissement de la plateforme telmidtice.ma. Cette plateforme, dédiée à l’enseignement à distance, propose plus de 12 000 ressources numériques classées par matière et niveau, accompagnées d’exercices interactifs pour renforcer l’apprentissage.

De plus, le ministre avait annoncé que les salles de classe seraient modernisées avec des équipements essentiels, tels que des ordinateurs et des tableaux interactifs, tous reliés à un serveur local et à un routeur sans fil. Ces avancées permettent un accès facile et fluide aux contenus pédagogiques numériques, transforment l’expérience éducative et ouvrent de nouveaux horizons pour les élèves.

Dans cette même optique, le ministre s’était également engagé à créer une plateforme d’édition numérique dédiée aux scénarios pédagogiques et interactifs, principalement pour les matières de langue arabe, française, mathématiques, ainsi que les sciences enseignées en français au collège et au lycée. 

Tenant compte de l’inclusion des zones urbaines et rurales, ainsi que de l’approche genre, il avait également annoncé le lancement d’un projet de soutien linguistique via des plateformes spécialisées. Ces initiatives visent à garantir un accès équitable à l’éducation et à enrichir l’expérience d’apprentissage pour tous les élèves. Il faut dire que tous ces efforts, axés sur l’inclusion et l’égalité, promettent un avenir éducatif dynamique et accessible pour tous au Maroc.

Certaines technologies, comme les tableaux interactifs et l’IA, ont été intégrées dans l’éducation pour améliorer l’interactivité et personnaliser les parcours d’apprentissage. Des approches telles que l’e-learning avancé et la gamification rendent aussi le système plus attractif et performant. Toutefois, il faut accompagner ces innovations technologiques de nouvelles méthodes pédagogiques, comme la classe inversée et l’enseignement hybride, pour garantir leur efficacité. 
 

Pour ce faire, il est important d’utiliser des modèles préentraînés, comme les LLM, alimentés par des contenus spécifiques au Maroc. Cela implique d’intégrer des méthodes pédagogiques appropriées et de tenir compte des langues locales, telles que l’arabe et l’amazigh, pour garantir une communication efficace. En outre, il est essentiel d’incorporer les valeurs culturelles marocaines, car l’éducation va au-delà de la transmission des connaissances; elle vise à transmettre des valeurs et une identité. 

La formation des enseignants doit évoluer pour intégrer des innovations tout en préservant les bases solides, telles que la psychologie de l’enfant et les méthodes pédagogiques classiques. Il est essentiel de mettre à jour cette formation avec des connaissances sur les nouvelles technologies et les compétences requises par le marché de l’emploi, afin de préparer les enseignants à mieux répondre aux besoins des nouvelles générations. L’intégration d’outils technologiques doit également se faire de manière cohérente avec des méthodes pédagogiques modernes pour maximiser leur impact et garantir une véritable valeur ajoutée à l’éducation.

La réforme de l’Education est fondamentalement liée au rôle de l’enseignant, qui constitue le principal pivot du système éducatif, ont souligné, jeudi à Rabat, des spécialistes en éducation-formation. Lors des séances de discussion tenues dans le cadre du Forum national de l’enseignant, organisé par le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, les experts ont mis en lumière le rôle incontournable de l’enseignant dans la formation des générations futures et la mise en œuvre de la réforme de l’éducation et de la formation. Intervenant lors de cette rencontre, initiée en partenariat avec la Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation, sous le signe « L’enseignant est la locomotive du développement de l’éducation », Nuno Crato, Professeur-chercheur à l’Université de Lisbonne (Portugal), a mis l’accent sur l’importance du métier d’enseignant qui est centré sur la préparation des générations futures.

A cet égard, il a mis en avant les expériences de pays tels que Singapour, la Chine et le Japon qui ont été classés au premier rang mondial par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) au titre de 2022, expliquant que ces pays ont adopté une approche axée sur les connaissances structurées.
 

Des experts dans le domaine de l’éducation et de la formation ont souligné, vendredi à Rabat, l’importance du rôle de la lecture dans l’éducation des élèves des générations futures et dans l’amélioration et le renforcement de la qualité du système pédagogique. Intervenant, lors d’une table ronde axée sur « la contribution de la lecture à l’éducation des enfants et à la dynamique de la classe », à la clôture du 1er Forum national des enseignants, les experts ont mis en avant la nécessité d’habituer les générations futures à la lecture, en tant que culture divertissante et pas seulement une partie de l’opération pédagogique.

Dans ce sens, le Professeur à l’Université Mohammed V de Rabat, Mbarek Rabie, a souligné la nécessité de promouvoir la lecture en tant qu’attitude culturelle au sein de la société pour atteindre les objectifs du développement cognitif. A cet égard, il s’est appesanti sur le rôle de l’enseignant à adopter une approche de la lecture, à travers des méthodologies didactique et pédagogique différentes, pour inculquer aux jeunes la culture de la lecture au sein des établissements scolaires.

Pour sa part, le membre du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, Fouad Chafiqi, a attiré l’attention au déclin de la lecture libre ces dernières décennies, notamment à cause de la hausse du nombre des élèves et la baisse de la production nationale en matière de livres commercialisés.

Dans ce sillage, il a également mis en avant le rôle de l’école dans l’intégration de la lecture en tant qu’élément essentiel du programme scolaire, appelant à intensifier la production nationale pour encourager l’engouement à la lecture et l’apprentissage.