Un grand drapeau rouge frappé d’un portrait du Che, des affiches et autocollants signes du combat en faveur de la cause palestinienne: Georges Ibrahim Abdallah doit quitter vendredi le décor de cette cellule de 11m2 où il a passé les dernières de ses quarante années de détention en France.
Incarcéré depuis 1984 et condamné en 1987 pour complicité d’assassinats, le prisonnier y était déjà passé à plusieurs reprises, alternant avec les centrales de Saint-Maur (centre), Moulins (centre) ou Clairvaux (est), avant de s’installer dans sa geôle 221 marquée d’une étiquette manuscrite portant la mention « Abdallah ». C’est dans cette cellule ouvrant sur un couloir du bâtiment A que la députée de La France Insoumise (gauche radicale) Andrée Taurinya a pu lui rendre visite le jour de l’annonce de sa libération, accompagnée par une équipe de l’AFP. Le militant communiste et anti-impérialiste, débardeur rouge et short blanc, l’a accueillie ce jour-là avec une longue accolade, partageant sourires, selfie et impressions avec la parlementaire.
Dans cette cellule aux murs abricot, des cartes postales envoyées par des amis et soutiens, des papiers et journaux divers remplissent presque tout l’espace entre le lit, un bureau encombré et un petit coin cuisine.
« Quarante ans c’est beaucoup mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte », confie le détenu, barbe et cheveux blancs soignés.
Malgré tout, le détenu libérable vendredi estime avoir été « bichonné » dans les prisons françaises, au regard « de ce qui se passe à Gaza ou en Cisjordanie, surtout pour les camarades qui sont en prison ».
Condamné pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien, le militant propalestinien avait nié lors de son procès, affirmant qu’il n’était « rien qu’un combattant arabe ». Depuis, il n’a jamais exprimé le moindre regret sur son passé.
Derrière les barreaux, il se décrit comme « un militant qui lutte (…) dans des conditions particulières ». Dehors, il assure vouloir rester un militant « dans des conditions différentes », ne voyant pas dans sa libération un « changement radical dans (s)es perspectives de lutte ».
Sur la cause palestinienne, le militant marxiste estime que les manifestations en Occident sont un élément important pour tenter de faire évoluer la situation dans la région, considérant que « la Palestine reste le levier historique de la révolution dans tout le monde arabe ».
Le mot « lutte » reste en tout cas son moteur: « Si je suis debout aujourd’hui face à vous, c’est parce que je lutte, sinon quarante ans ça décervelle, il ne faut pas oublier que la prison, c’est la prison », déclarait-il, juste après avoir appris sa libération prochaine et son retour imminent au Liban.