Tel-Aviv cherche à battre le fer tant qu’il est chaud. Emboitant le pas au président Trump qui veut s’accaparer l’enclave palestinienne pour en faire une riviera, le ministre israélien de la Défense a demandé à son armée de préparer des plans pour expulser un grand nombre de Palestiniens de la bande de Gaza.
Il n’a pas dit si les Palestiniens pourraient un jour retourner à Gaza, qui a été rendue en grande partie inhabitable par la campagne militaire israélienne de 15 mois contre le Hamas.
Trump a proposé mercredi que la majeure partie de la population de Gaza soit réinstallée «de manière permanente» ailleurs pendant que les États-Unis reconstruisent le territoire.
Les responsables américains ont déclaré plus tard que le déplacement ne serait que temporaire, mais les Palestiniens craignent qu’Israël ne les autorise jamais à revenir, aggravant et perpétuant une crise des réfugiés qui remonte à la création de l’État.
Par ailleurs, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Pete Hegseth, a, lui aussi, déclaré mercredi que le Pentagone était prêt à envisager toutes les options concernant Gaza.
Interrogé sur une éventuelle implication des troupes américaines à Gaza, Pete Hegseth a répondu : « Le président est engagé dans des négociations très complexes et de haut niveau, qui ont des conséquences majeures tant pour les États-Unis que pour l’État d’Israël. Nous comptons travailler avec nos alliés et nos homologues, tant sur le plan diplomatique que militaire, pour examiner toutes les options ».
Les propositions de Trump consistant à expulser les Palestiniens de Gaza et d’y asseoir un contrôle américain ont suscité une large condamnation et de nombreux critiques les qualifiant de proposition de nettoyage ethnique et de crime de guerre.
Palestiniens, dirigeants arabes et de nombreux pays ont condamné la proposition de Donald Trump d’une prise de contrôle américaine de Gaza et d’un déplacement de sa population.
Tout transfert forcé d’une population d’un territoire occupé sont « strictement prohibé », a rappelé mercredi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, en réaction à la proposition Trump.
« Le droit à l’autodétermination est un principe fondamental du droit international et doit être protégé par tous les Etats, comme l’a récemment souligné la Cour internationale de justice. Tout transfert forcé ou expulsion de personnes hors des territoires occupés sont strictement prohibés », souligne Türk dans un communiqué, insistant que « le droit international est très clair ».
De son côté, le secrétaire général de l’ONU a souligné qu’ »Il est essentiel d’éviter toute forme de nettoyage ethnique ». Antonio Guterres a rappelé devant le comité de l’ONU sur l’exercice du droit inaliénable des Palestiniens, le « droit des Palestiniens à tout simplement vivre comme des êtres humains sur leur propre terre ».
La Russie a critiqué mercredi le plan du président américain Donald Trump visant à prendre le contrôle de la bande de Gaza, qualifiant son projet de manifestation de la culture de l’annulation occidentale (‘’cancel culture’’).
S’exprimant lors d’une table ronde sur l’Ukraine avec les ambassadeurs à Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait valoir que cette ‘’culture de l’annulation’’ est désormais devenue particulièrement évidente en ce qui concerne la situation au Moyen-Orient.
Mettant en avant les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU, le chef de la diplomatie russe a déclaré que ces décisions, ‘’qui ont été reconnues par tout le monde sans exception il y a un mois et demi comme étant une base nécessaire pour les actions visant à créer un État palestinien, ont tout simplement été annulées’’.
Son homologue allemande, Annalena Baerbock, a déclaré dans un communiqué qu’une solution négociée à deux États restait la seule issue permettant aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre en paix, en sécurité et dans la dignité.
« Il est clair que Gaza, tout comme la Cisjordanie et Jérusalem-Est, appartient aux Palestiniens. Ces territoires constituent le point de départ d’un futur État palestinien », a affirmé Baerbock.
Selon un nouveau rapport de MSF, « l’escalade de la violence en Cisjordanie a gravement entravé l’accès aux soins des Palestiniens et s’inscrit dans un schéma d’oppression systémique par Israël qui a été décrit par la Cour internationale de justice (CIJ) comme de la ségrégation raciale et de l’apartheid ».
Depuis la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023, l’armée et les colons israéliens ont multiplié « les actes d’extrême violence contre les Palestiniens en Cisjordanie », dénonce MSF dans un communiqué.
Depuis le 7-Octobre, au moins 884 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par l’armée israélienne ou par des colons, selon le ministère palestinien de la Santé.
Dans le même temps, au moins 32 Israéliens, dont des soldats, y ont péri dans des attaques palestiniennes ou dans des opérations militaires, selon Israël.
« Le système de santé en Cisjordanie occupée est soumis à d’immenses pressions et contraint de fonctionner dans un état d’urgence perpétuel », affirme le rapport.
Selon MSF, la situation en Cisjordanie s’est encore détériorée depuis le cessez-le-feu à Gaza.
Du 7 octobre 2023 au 4 février 2024, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a comptabilisé 657 attaques contre les services de santé en Cisjordanie.