2M a consacré une émission spéciale aux attentes et revendications de la jeunesse marocaine. Autour du ministre et Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, et de plusieurs responsables politiques, les échanges ont porté sur l’emploi, la santé et le pouvoir d’achat. Un premier pas vers un dialogue que beaucoup appelaient de leurs vœux.
Le programme a réuni plusieurs figures politiques venues exposer leurs positions et dialoguer avec les participants. Parmi elles, Nizar Baraka, Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal et ministre de l’Équipement et de l’Eau, a évoqué les efforts du gouvernement en matière d’emploi et de justice sociale. Aux côtés d’autres représentants de formations politiques, il a tenté de répondre aux inquiétudes d’une génération en quête d’écoute et d’avenir.
Le défi de l’emploi
Face à ces manifestations, qui, malgré quelques débordements isolés, traduisent l’expression sincère d’une génération en quête d’écoute et de reconnaissance, la réponse doit être fondée sur le dialogue, la compréhension et la responsabilité, estime le ministre. “En tant que représentant du Parti de l’Istiqlal, nous considérons que les manifestations des jeunes sont positives pour notre pays. Elles traduisent une véritable prise de conscience et un patriotisme sincère, portés par la volonté de défendre des revendications légitimes et de faire entendre leur voix auprès des autorités et du gouvernement afin de trouver les solutions nécessaires. C’est également, pour nous, une occasion d’identifier les dysfonctionnements et de réfléchir aux moyens de les dépasser”, a-t-il affirmé.
En tête des préoccupations figure le chômage, qui frappe de plein fouet la tranche des 15 à 24 ans. Selon les dernières données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage atteint 47% dans cette catégorie d’âge. Parmi eux, près de 1,5 million de jeunes sont considérés comme NEET, c’est-à-dire ni en emploi, ni en études, ni en formation.
“Au sein du gouvernement, nous sommes pleinement conscients de ces chiffres. C’est pourquoi nous avons lancé un nouveau programme d’emploi destiné aux NEET, afin de leur offrir une seconde chance d’insertion professionnelle”, a expliqué le ministre. Il a ajouté que l’action de l’ANAPEC a été réorientée pour s’ouvrir aux personnes dépourvues de diplômes ou de certifications, afin qu’elles puissent bénéficier d’un accompagnement adapté. Plusieurs chantiers ont ainsi été engagés.
De l’aveu de Nizar Baraka, l’objectif gouvernemental de créer un million d’emplois reste difficile à atteindre. Plusieurs facteurs l’expliquent, notamment la sécheresse, qui a entraîné la perte de nombreux postes dans le secteur agricole, la guerre en Ukraine, qui a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages, ainsi qu’un secteur privé qui peine encore à suivre la dynamique impulsée par les investissements publics.
La santé au cœur du débat
L’autre grand sujet porté par le mouvement GenZ212 concerne la santé. De nombreux jeunes reprochent au gouvernement la défaillance du système médical marocain et l’échec de la réforme conduite par l’Exécutif. Une accusation tempérée par Nizar Baraka, pour qui le programme Royal de généralisation de la couverture médicale constitue au contraire une avancée majeure.
“Pour AMO Tadamoune, l’État consacre 10 milliards de dirhams afin que 12 millions de citoyens puissent en bénéficier.
Concernant l’ancien système RAMED, nous avions un grand problème puisque près de 30% des bénéficiaires ne remplissaient pas les conditions d’éligibilité. Beaucoup me disaient qu’ils avaient une carte RAMED, mais qu’elle ne leur servait à rien, car ils n’avaient nulle part où aller, et qu’on leur fixait parfois un rendez-vous à plus d’un an”, a détaillé le ministre. “Il y a eu d’énormes échecs par le passé, et il en subsiste encore aujourd’hui. Cela dit, il faut reconnaître les progrès réalisés puisque entre 80 et 85% des Marocains disposent désormais d’une couverture médicale. Autrefois, beaucoup de familles étaient contraintes de vendre tout ce qu’elles possédaient pour pouvoir se soigner, ce n’est plus le cas aujourd’hui”, a-t-il poursuivi.
Chantier Royal
Si ce chantier Royal progresse à un bon rythme, l’erreur, selon le ministre, a été de focaliser les efforts sur les investissements en infrastructures au détriment du développement des ressources humaines. “Le budget du secteur a certes augmenté de 65%, près de 900 à 1.000 dispensaires ont été construits, le CHU d’Agadir ouvrira d’ici la fin de l’année et celui de Laâyoune suivra. À terme, chaque région disposera de son propre CHU”, a détaillé Nizar Baraka.“En revanche, la formation des ressources humaines n’a pas suivi. Le nombre d’étudiants en médecine a été réduit à 2.400, dont 700 partent à l’étranger. Aujourd’hui, le Maroc accuse un déficit de 30.000 médecins”, a-t-il regretté. Pour y remédier, les capacités de formation ont été élargies et l’exercice de la profession a été ouvert à des praticiens venus d’autres pays, au nombre d’environ 500. Le groupement territorial de santé a également été mis en place.
“Le problème tient aussi à la conscience professionnelle et aux valeurs. Les salaires ont été revalorisés. Un médecin qui percevait 8.000 dirhams gagne désormais entre 12.000 et 13.000 dirhams. La rémunération sera liée au rendement, afin d’encourager la performance et l’engagement”, a-t-il annoncé. Une expérience pilote de ce mode de rémunération sera d’ailleurs lancée dans les prochains mois dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
Prix des médicaments
Parmi les sujets soulevés par les jeunes invités lors du débat figurait la question des prix des médicaments. À ce propos, le ministre a rappelé que le Maroc dispose désormais de l’Agence Marocaine du Médicament et des Produits de Santé (AMMPS), dont l’une des principales missions sera de publier un décret encadrant la fixation des prix afin d’éviter les écarts injustifiés. Il a également souligné que le problème ne se limite pas aux tarifs. La disponibilité des médicaments demeure un défi important, souvent lié à des défaillances dans la distribution. À cela s’ajoutent des questions de gouvernance que les autorités souhaitent corriger dans le cadre de la réforme en cours.
Sur la question de la santé, Rachdi admet des défaillances dans la gouvernance du secteur, notamment un déficit de ressources humaines. Il évoque le besoin de près de 30.000 médecins pour couvrir les besoins du pays, alors que le rythme de formation est insuffisant. Il déplore aussi que certains médecins quittent les hôpitaux publics pour exercer dans des cliniques privées, aggravant les disparités territoriales. Concernant les critiques sur les équipements hospitaliers défaillants, il indique que la création de groupements territoriaux de santé vise à rapprocher l’offre de soins du citoyen.
Rachdi a réaffirmé que le gouvernement reste ouvert au dialogue avec GenZ, espérant faire de ce mouvement une force d’impulsion pour réformer les secteurs clés, comme la Santé et l’Education. Toutefois, il regrette l’absence, pour GenZ, d’ »élite encadrante », une autorité intermédiaire capable de dialoguer avec les institutions, menant à un rejet de la médiation qu’il juge parfois nécessaire pour parvenir à des compromis.
Leurs préoccupations portent principalement sur l’emploi, la santé, l’éducation, le logement et la justice sociale. Beaucoup dénoncent la corruption, le népotisme et l’opacité des décisions publiques. Pourtant, la majorité reste convaincue qu’un changement est possible, à condition que justice et reddition de comptes deviennent une réalité tangible.
Pour Nizar Baraka, Secrétaire Général du parti, cette démarche s’inscrit dans une tradition istiqlalienne d’écoute du terrain. Elle répond à une crise de confiance profonde entre les jeunes et la politique. Le Pacte de la jeunesse ambitionne ainsi de former une nouvelle génération d’acteurs publics, proches du citoyen et porteurs d’un projet collectif. Parmi les mesures phares proposées : la création d’une Académie de la jeunesse pour former les futurs leaders, et une task force numérique chargée d’assurer un dialogue permanent via les plateformes en ligne.
Le parti met en garde contre les discours nihilistes ou populistes qui exploitent la colère juvénile sans offrir de solutions concrètes. Il refuse également la diabolisation des partis politiques, piliers essentiels de la démocratie, et critique le recours excessif aux technocrates au détriment de la légitimité électorale. Pour Baraka, la politique doit redevenir un espace de médiation entre l’État et les citoyens.
L’Istiqlal met aussi en avant le rôle qu’il joue au sein du gouvernement dans la consolidation de la cohésion sociale, citant la généralisation de la couverture médicale, la réforme de l’éducation et la relance du logement social. Le parti reconnaît néanmoins la persistance de défis majeurs, notamment le manque de ressources humaines qualifiées et les lenteurs de la gouvernance publique.
Abdeljabbar Rachdi, Secrétaire d’État chargé de l’Insertion sociale,, a salué le mouvement GenZ212 comme une expression légitime du malaise social, tout en rejetant les appels à la dissolution des institutions. Il affirme que le gouvernement reste disposé à engager un dialogue sérieux pour améliorer les services publics, notamment dans la Santé et l’Education.
Pour l’Istiqlal, le Maroc doit aujourd’hui sceller un nouveau contrat social fondé sur la confiance, la participation et la justice. Ce pacte, à la fois politique et générationnel, vise à transformer la colère en énergie constructive. Car écouter la jeunesse, souligne le parti, c’est préparer l’avenir du pays et assurer la continuité du projet national. À travers ce texte, l’Istiqlal entend rajeunir la démocratie marocaine et réconcilier les jeunes avec la chose publique.
Tahraoui estime que le déficit persistera jusqu’en 2029 avant de s’atténuer à l’horizon 2030, à condition que les capacités de formation continuent d’augmenter. Il insiste sur la nécessité d’aligner les spécialités formées sur les besoins réels du système de santé, notamment en anesthésie, radiologie et réanimation.