Silencieux, sournois, souvent diagnostiqué trop tard, le cancer bronchopulmonaire emporte encore chaque année des milliers de vies, malgré les progrès considérables de l’oncologie.
Mais une révolution est en marche.
Elle ne vient pas des blocs opératoires ni des rayons X, mais des laboratoires de biologie et des écrans d’intelligence artificielle. Son nom : biologie moléculaire et anatomopathologie numérique, indique le Pr Hicham El ATTAR, médecin anatomopathologiste et président du 1er Congrès Africain d’anatomopathologie numérique, organisé au Maroc en avril 2025.
Un ennemi multiple, aux visages changeants
Le cancer bronchopulmonaire n’est plus une entité unique.
En 2025, il est désormais abordé comme une galaxie de maladies différentes, chacune avec ses mutations, ses récepteurs, ses vulnérabilités.
Le temps des traitements uniformes est révolu. Aujourd’hui, on parle de cancer à la carte.
La biologie moléculaire : le microscope de l’invisible
C’est dans les gènes, dans l’ADN des cellules cancéreuses, que la biologie moléculaire opère.
Grâce à des techniques ultra-précises comme le séquençage de nouvelle génération (NGS), les médecins peuvent aujourd’hui détecter, dès les premiers stades, les mutations les plus subtiles responsables de la transformation cancéreuse.
« Avant même qu’un nodule pulmonaire ne devienne visible au scanner, la biologie moléculaire peut repérer une signature tumorale dans le sang, par une simple prise de sang : c’est la biopsie liquide », explique un biologiste hospitalier.
Une prouesse confirmée par le Dr Hicham El ATTAR, médecin anatomopathologiste.
Cette avancée permet un diagnostic précoce, mais surtout, elle guide les choix thérapeutiques : thérapies ciblées, immunothérapie, voire essais cliniques personnalisés.
L’anatomopathologie numérique : quand l’IA entre dans les lames
Autre révolution silencieuse : celle de l’anatomopathologie numérique.
Exit le microscope à l’ancienne.
Aujourd’hui, les lames histologiques sont numérisées en haute résolution et analysées à l’aide d’algorithmes d’intelligence artificielle.
Ces outils détectent des anomalies invisibles à l’œil humain, quantifient la charge tumorale, identifient les marqueurs immunitaires, et parfois même prédisent la réponse au traitement.
« C’est comme si on ajoutait un second cerveau au pathologiste. L’IA ne remplace pas l’humain, elle l’augmente », souligne notre spécialiste en anatomopathologie digitale.
Des traitements mieux ciblés, un suivi plus intelligent
Grâce à la combinaison de la biologie moléculaire et de l’anatomopathologie numérique, la prise en charge du cancer bronchopulmonaire est désormais plus précise, plus rapide et plus adaptée, indique le Pr Ibrahim El GHISSASSI, président du Groupe Oncothorax, qui organise ses 4es Rencontres scientifiques les 23 et 24 mai 2025 à Rabat.
Le suivi thérapeutique bénéficie également de ces outils : un patient traité peut être monitoré en temps réel via des marqueurs moléculaires circulants, permettant d’ajuster les traitements au millimètre près.