L’escalade dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine se poursuit intensifiant le bras de fer entre les deux mastodontes économiques, au moment où Washington impose de nouveaux droits de douane à Pékin qui pourraient atteindre jusqu’à 245% en raison de ses mesures de représailles.
« Si les États-Unis veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent (…) cesser de menacer et de faire du chantage, et discuter avec la Chine sur la base de l’égalité, du respect et du bénéfice mutuel », a dit Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
La Chine, qui a publié mercredi une croissance économique de 5,4% au premier trimestre 2025, plus forte qu’anticipé, a suspendu toute réception d’avions fabriqués par l’américain Boeing.
Un geste dénoncé par le président américain, qui a affirmé sur son réseau Truth Social que la Chine s’était rétractée pour des avions pourtant « couverts par des engagements fermes ».
Selon l’agence de presse Bloomberg, Pékin a également demandé aux compagnies aériennes du pays « de stopper tout achat d’équipements et de pièces détachées pour avions auprès d’entreprises américaines ».
Pékin semble aussi résolue à s’en prendre à l’agriculture américaine: la fédération des exportateurs de viande américaine a affirmé à l’AFP le non renouvellement des licences de la majorité des exportateurs de bœuf depuis mi-mars.
La Poste de Hong Kong a de son côté annoncé mercredi suspendre les envois de colis vers les Etats-Unis.
Il y a quelques mois, la Chine a interdit l’exportation vers les États-Unis de gallium, de germanium, d’antimoine et d’autres matériaux technologiques clés aux applications militaires potentielles.
Et cette semaine, Pékin a suspendu les exportations de six métaux de terres rares lourdes ainsi que d’aimants en terres rares, dans le but de bloquer l’approvisionnement en composants essentiels pour les constructeurs automobiles, les fabricants du secteur aérospatial, les entreprises de semi-conducteurs et les sous-traitants militaires à travers le monde.
Chine et Etats-Unis sont entrés à qui mieux dans les surenchères. Washington a imposé au total 145% de taxe sur les produits chinois entrant sur son territoire, qui s’ajoutent à ceux existants avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Pékin a répliqué avec un taux qui atteint désormais 125%.
Et si le président américain a atténué ses annonces en exemptant les ordinateurs, smartphones et autres produits électroniques, ainsi que les semi-conducteurs, dont la majorité provient de Chine, un communiqué de la Maison Blanche annonçait, mardi soir, que la Chine pourrait désormais faire face à des droits de douane allant jusqu’à 245% en raison de ses mesures de représailles.
La Maison Blanche a également lancé une enquête pour des raisons de sécurité nationale sur les importations de ressources vitales, dans le cadre d’un nouvel ordre administratif dévoilé mardi soir, qui contient aussi des explications concernant les droits de douane réciproques annoncés le 2 avril.
«Dès le premier jour, le président Trump a mis en œuvre sa politique commerciale ‘America First’ pour rendre l’économie américaine à nouveau prospère», poursuit le texte.
«Plus de 75 pays ont déjà engagé des discussions en vue de nouveaux accords commerciaux. En conséquence, les hausses tarifaires individualisées sont actuellement suspendues dans le cadre de ces négociations, à l’exception de la Chine qui, elle, a riposté», ajoute le communiqué.
Les nouveaux fronts ouverts par Donald Trump dans son offensive douanière, ciblant certains minerais et objets électroniques, pesaient sur les Bourses mondiales mercredi, les valeurs de la tech souffrant en particulier des restrictions sur les puces imposées au géant américain du secteur Nvidia.
En Europe, dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,6%, Francfort 0,6%, Londres 0,2% et Milan 0,7%.
En Asie, la Bourse de Tokyo a terminé en baisse de 1,01%. Les places chinoises piquaient aussi du nez: l’indice hongkongais Hang Seng perdait près de 2%, Shenzhen 0,8%, Shanghai restant proche de l’équilibre.