Guerre en Ukraine : Kiev aurait capturé deux Chinois combattant pour la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé, mardi, la capture de deux ressortissants chinois qui combattaient au sein de l’armée russe dans l’est de l’Ukraine, exhortant les Occidentaux à « réagir » et demandant des explications à la Chine.

C’est la première fois que l’Ukraine affirme avoir découvert des Chinois participant aux hostilités sur son sol depuis le début de l’invasion russe il y a trois ans. Pékin n’a pas encore réagi à ces déclarations.

Selon des informations préliminaires, il s’agit de personnes qui ont signé « un contrat » avec l’armée russe plutôt que de l’envoi par Pékin de troupes régulières sur le front ukrainien, a dit à l’AFP un haut responsable ukrainien sous le couvert de l’anonymat.
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a fait savoir sur X qu’il avait convoqué le chargé d’affaires chinois à Kiev pour « exiger des explications ».

« Nous avons capturé deux citoyens chinois qui combattaient au sein de l’armée russe », avait juste avant déclaré M. Zelensky sur les réseaux sociaux.

Ces hommes ont été découverts près du village de Bilogorivka, dans la région de Donetsk, au cours d’un affrontement auquel ont pris part au total six militaires chinois.

« Nous avons des documents de ces prisonniers, des cartes bancaires, des données personnelles », a de son côté relevé M. Zelensky.

L’AFP a reçu du haut responsable ukrainien les copies de certains de ces documents présumés, sur lesquels il apparaît que l’un des « citoyens chinois » est âgé de 34 ans, appartient à l’ethnie Han, majoritaire en Chine, et est enregistré dans la ville de Xinzheng (centre).

Le président ukrainien a diffusé une courte vidéo censée montrer l’un de ces soldats chinois présumés.

Sur ces images, un jeune homme en treillis et aux mains liées tente de décrire à son interlocuteur hors champ ce qui semble être un combat auquel il a pris part. On l’entend prononcer le mot « commander » (commandant, en anglais).

« Nous avons des informations selon lesquelles il y aurait beaucoup plus de citoyens chinois dans les unités de l’occupant », a affirmé Volodymyr Zelensky.

Il a dénoncé « l’implication de la Chine dans cette guerre en Europe, directement ou indirectement », appelant en outre à une « réaction des Etats-Unis, de l’Europe et de tous ceux dans le monde qui veulent la paix ».
 

Une remise en question de la position chinoise
 
La capture de militaires chinois présumés « remet en cause la position déclarée de la Chine en faveur de la paix », a renchéri son ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga.

Ces hommes ont été faits prisonniers « il y a quelque jours », a raconté à l’AFP le haut responsable ukrainien. Plusieurs autres ont probablement été tués au combat, « des corps sont recherchés », a-t-il ajouté.

« Nous avons dans un premier temps pensé qu’ils étaient nord-coréens », a poursuivi ce responsable. « Il a fallu un certain temps pour déterminer quelle langue ils parlaient ».

Selon des conclusions « préliminaires », « ce sont des citoyens chinois (qui ont été) séduits par des contrats » avec l’armée russe, a-t-il assuré. « Nous les considérons comme militaires car ce sont des soldats de l’armée de l’occupant », a-t-il ajouté.

« Nous sommes en train de clarifier s’ils ont une expérience militaire (en Chine) et ce que Pékin en pense », a encore dit ce responsable.

Des ressortissants de nombreux pays combattent dans les armées respectives des deux belligérants dans cette guerre, les Russes ayant déclaré avoir notamment mis la main ces dernières années sur des Colombiens, des Britanniques, des Américains et des Australiens.

En décembre, Kiev avait déjà annoncé la capture de Nord-Coréens qui luttaient contre les Ukrainiens dans la région russe de Koursk, dont les forces ukrainiennes occupent une partie -de plus en plus minime- depuis août 2024.

Selon l’Ukraine, la Corée du Sud et les Occidentaux, la Corée du Nord avait envoyé des milliers de ses soldats pour épauler l’armée russe dans ce territoire.

La Chine se présente comme une partie neutre et un médiateur potentiel dans ce conflit mais reste un allié politique et économique clé de la Russie, au point que les Occidentaux l’ont qualifiée de « facilitateur décisif » de l’invasion russe – qu’elle n’a jamais condamnée.

La Chine est cependant notamment accusée d’aider la Russie à contourner les sanctions occidentales, lui permettant d’acquérir les composants technologiques nécessaires à la production d’armements.

« Il s’agit d’un nouveau pays qui soutient militairement l’invasion de l’Ukraine par la Russie, aux côtés de la Russie, après l’Iran et l’armée nord-coréenne », a dénoncé M. Zelensky.

Retrait de 10.000 GI’s de l’Europe de l’Est
Des responsables du ministère américain de la Défense sont en train d’étudier la possibilité de retirer 10.000 militaires américains stationnés en Europe de l’Est, affirme mardi NBC news.

NBC news cite six responsables américains et européens informés des démarches, sans les identifier plus avant, et précise que les troupes concernées « font partie des 20.000 soldats déployés par l’administration Biden en 2022 pour renforcer les défenses des pays limitrophes de l’Ukraine après l’invasion russe. Leurs effectifs sont encore en discussion, mais la proposition pourrait impliquer le retrait de jusqu’à la moitié des forces envoyées ».

L’hypothèse d’un retrait des militaires américains d’Europe est un sujet de crainte majeure pour de nombreux pays du Vieux continent pour qui leur présence est dissuasive et représente une garantie de sécurité très forte face à la menace russe, par exemple en Pologne, Roumanie, Pays Baltes.

Le sujet est devenu encore plus sensible avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et ses attaques répétées contre l’Otan et contre les pays européens qu’il accuse de ne pas se prendre en main pour assurer leur protection.

Ces informations sur un éventuel retrait sortent alors que le président américain est en train d’essayer de convaincre Moscou et Kiev d’accepter un cessez-le-feu.

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