Immobilier : Une performance financière record en 2024

Malgré les signaux de ralentissement sur certains segments du marché, le secteur immobilier marocain a enregistré en 2024 une année exceptionnelle en matière de performance financière.

Selon les chiffres officiels de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), les recettes générées ont atteint 9,33 milliards de dirhams. Ce résultat marque une progression de 10 % par rapport à 2023, confirmant la robustesse du secteur face aux incertitudes économiques et sociales.

L’ANCFCC attribue cette dynamique à un ensemble de réformes institutionnelles et techniques engagées ces dernières années. En tête de ces leviers figurent l’élargissement de la couverture topographique nationale, la régularisation juridique de nombreux biens fonciers, la digitalisation des services et la consolidation de la transparence dans les transactions. Ces mesures ont permis d’assainir l’environnement foncier, d’améliorer la traçabilité et d’accroître la sécurité juridique des opérations immobilières, renforçant par-là la confiance des investisseurs.

Cette transformation du cadre de gouvernance foncière s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation de l’administration du cadastre et de la conservation, avec pour objectifs de réduire les litiges fonciers, d’accélérer les délais de traitement et de garantir un accès équitable à l’information foncière.

Le rapport de l’ANCFCC souligne que la bonne tenue du secteur est également liée à un engouement croissant pour l’investissement immobilier, notamment dans des segments en forte croissance comme l’immobilier touristique, agricole et celui lié aux énergies renouvelables. Ces niches, considérées comme stratégiques dans le positionnement économique du Royaume, bénéficient d’un cadre incitatif spécifique, appuyé par des plans sectoriels dynamiques.

Les grandes métropoles du pays – Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech – ont particulièrement bénéficié de cette effervescence. Elles ont enregistré une intensification des projets résidentiels moyen et haut standing, mais aussi une montée en puissance des zones d’activités industrielles et commerciales, ce qui s’est traduit par une hausse significative des opérations de cession et de mutation immobilière.

Infrastructures et climat des affaires comme catalyseurs
Cette dynamique immobilière s’explique aussi par l’amélioration du climat des affaires et par le lancement de projets d’infrastructure d’envergure, à l’instar du futur tronçon du TGV, des ports et plateformes logistiques, ou encore des zones franches industrielles. Ces investissements publics structurants ont un effet d’entraînement direct sur la valorisation foncière des territoires traversés et alimentent la demande en logements, locaux commerciaux et équipements collectifs.

Par ailleurs, les perspectives de développement des villes intelligentes et durables – annoncées dans le cadre du prochain cycle de planification urbaine – devraient ouvrir de nouveaux horizons pour les investisseurs immobiliers et repositionner le secteur comme un levier stratégique du développement territorial.

Toutefois, ce bilan flatteur masque des disparités profondes. En effet, certains segments, en particulier celui du logement social et intermédiaire, continuent de souffrir d’un essoufflement notable. Le manque d’adéquation entre l’offre et la demande, la rareté du foncier dans les zones périurbaines, la faible solvabilité des ménages modestes et l’absence de mécanismes de financement adaptés freinent la dynamique de ce pan fondamental du secteur.

Ce paradoxe, souligné dans le rapport de l’ANCFCC, illustre la complexité d’un marché où coexistent des performances financières élevées et des défis sociaux persistants, notamment en matière d’équité territoriale et de réponse aux besoins réels des populations.

Face à ces enjeux, l’Agence entend orienter une partie de ses recettes vers des projets structurants. Il s’agit notamment du renforcement des outils de cartographie numérique, de l’élaboration de nouvelles cartes topographiques, mais aussi du développement des compétences internes. L’objectif est d’optimiser la gestion du foncier, de renforcer l’accessibilité aux données et de favoriser une meilleure anticipation des besoins des acteurs publics et privés.

L’ANCFCC ambitionne également d’étendre son rôle en matière d’ingénierie territoriale, en accompagnant les collectivités locales dans leurs projets de développement et en facilitant la planification urbaine sur des bases techniques solides.

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