Malgré un taux de pénétration numérique élevé, le Maroc reste à la traîne en matière d’inclusion financière. D’après les dernières données du rapport Global Findex 2025 de la Banque Mondiale, seuls 44 % des adultes marocains disposent d’un compte bancaire ou d’un portefeuille électronique.
Ces chiffres révèlent un décalage criant entre la disponibilité des outils numériques et leur usage effectif dans le système financier. En effet, le Maroc affiche un taux de possession de téléphones portables parmi les plus élevés de la région (90 %), devant l’Égypte (88 %), l’Algérie (85 %) et la Tunisie (84 %). De même, 65 % des Marocains utilisent Internet de manière régulière, ce qui le classe parmi les pays les plus connectés d’Afrique du Nord.
La situation est encore plus préoccupante lorsqu’il s’agit d’épargne ou de crédit formel. À peine 6 % des Marocains déclarent épargner de l’argent auprès d’une institution financière, contre 17 % en Égypte et 15 % en Jordanie. Quant à l’emprunt, seulement 1 % des adultes ont contracté un crédit auprès d’un établissement financier formel. L’écrasante majorité continue de se tourner vers des circuits informels, principalement le cercle familial ou amical.
Cette fracture genrée se superpose à une autre inégalité structurelle : l’accès limité des populations à faibles revenus aux services financiers formels. Le rapport insiste sur le fait que les politiques publiques actuelles, bien qu’orientées vers la numérisation et la modernisation de l’économie, ne parviennent pas à toucher efficacement les couches les plus marginalisées de la société.
Le rapport suggère également de mettre en œuvre des dispositifs spécifiques en faveur des femmes et des ménages vulnérables, afin de combler les disparités persistantes et d’assurer une participation plus équitable au système financier.
Si le Maroc se distingue par son avancée technologique et sa connectivité numérique, le véritable défi reste celui de l’usage effectif des services financiers formels, condition essentielle pour une croissance inclusive et durable. Le Royaume est ainsi invité à transformer son potentiel digital en levier d’inclusion sociale et économique, en plaçant l’équité et l’accessibilité au cœur de sa stratégie financière.