Industries Culturelles et Créatives : Entre patrimoine et innovation, le Maroc à la croisée des chemins

Cinq ans après une première édition qui a marqué les esprits, les Assises des Industries Culturelles et Créatives (ICC) reviennent avec une ambition renouvelée. Organisées les 2 et 3 octobre à Rabat, elles témoignent de la vitalité et de la créativité des acteurs du secteur, qui ont su surmonter les défis des dernières années pour replacer la culture au cœur du développement du Maroc. Ces Assises se veulent une plateforme où se croisent l’héritage du passé et les promesses de l’avenir, avec un objectif clair : faire des ICC un véritable levier de croissance, d’innovation et d’inclusion pour les jeunes générations.

La présidente de la Fédération des ICC, Neila Tazi, a mis en avant des chiffres révélateurs de la dynamique en cours. Entre 2019 et 2023, le nombre d’entreprises dans le secteur a augmenté de 33 % au Maroc, tandis que le nombre de salariés déclarés a progressé de 20 %, selon les données de la CNSS. « Cette évolution suit la dynamique mondiale », a-t-elle précisé, en soulignant les propos de Chakib Alj, Président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), qui a affirmé que les ICC constituent le premier employeur mondial des jeunes âgés de 16 à 30 ans, avec 50 millions d’emplois. Fait marquant, 50 % de ces emplois sont occupés par des femmes, faisant des ICC l’un des secteurs les plus inclusifs en matière de parité.

Ces Assises, organisées conjointement par la Fédération des ICC de la CGEM et le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, avec le soutien de l’Union Européenne, ont rassemblé à Rabat une constellation de talents venus des quatre coins du globe : entrepreneurs, investisseurs, artistes, experts… Ensemble, ils ont partagé leurs expériences et leurs visions pour renforcer le développement des ICC au Maroc, en mettant l’accent sur l’importance du patrimoine culturel comme levier de croissance.

Mohammed Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, a rappelé l’essence même des ICC. « L’importance des ICC, c’est qu’elles associent ces deux dimensions : elles célèbrent le patrimoine, car celui-ci est leur terreau, leur matière première. Les musiques, les histoires, les paysages, les costumes, les styles mobilisés et transformés par les ICC viennent tous de ce patrimoine », a-t-il souligné. Le ministre a également insisté sur l’autre facette des ICC : l’innovation et le progrès. « Ce sont les technologies, les compétences et les inventions qui nous projettent dans de nouvelles manières de consommer la culture, d’échanger des idées, de jouer et de réfléchir », a-t-il ajouté, illustrant ainsi le potentiel transformateur des ICC.

Durant ces deux jours, des panels thématiques devaient aborder les enjeux clés du secteur : partenariats public-privé, financements innovants, valorisation du patrimoine, impact de l’Intelligence Artificielle… Autant de sujets qui ont permis de mettre en lumière les défis à relever et les opportunités à saisir pour tracer la voie vers un avenir prospère des ICC au Maroc. Le débat autour des financements innovants, par exemple, a montré la nécessité de renforcer les mécanismes de soutien pour permettre aux entrepreneurs culturels de concrétiser leurs projets et de faire rayonner la culture marocaine au-delà des frontières.

Les discussions ont également mis en exergue le rôle fondamental des ICC dans la construction d’une identité culturelle forte et résiliente. En associant tradition et modernité, en valorisant le patrimoine tout en intégrant les nouvelles technologies, les ICC se présentent comme un secteur stratégique pour le Maroc, capable de stimuler non seulement la croissance économique, mais aussi l’inclusion sociale et l’innovation.

Ainsi, ces deuxièmes Assises des ICC s’inscrivent dans un élan de reconnaissance et de célébration de la culture marocaine, tout en affirmant une vision tournée vers l’avenir. Avec une participation internationale de grande envergure et un programme riche en échanges, elles ont jeté les bases d’une réflexion approfondie sur le potentiel des ICC en tant que pilier de développement durable. Pour le Maroc, la culture est désormais bien plus qu’une question de préservation ; elle est un espace d’innovation, d’inclusion, et une source d’inspiration pour une jeunesse en quête de perspectives.