Selon Allianz Trade, le Maroc devrait compter 16.800 faillites en 2025, soit une hausse de 7 %, faisant du pays l’un des plus touchés en Afrique du Nord. La construction et le commerce de détail figurent parmi les secteurs les plus vulnérables, fragilisés par des difficultés d’accès au financement et des retards de paiement persistants.
Depuis plusieurs années, le Maroc connaît une montée constante des faillites d’entreprises. En 2023, le pays comptabilisait déjà 14.245 insolvabilités, un chiffre qui a grimpé à 15.658 en 2024, marquant une hausse de 10 %. Cette dynamique met en lumière, selon Allianz Trade, les fragilités structurelles de l’économie nationale, notamment les difficultés d’accès au financement, les retards de paiement systémiques et un environnement réglementaire qui pèse sur la création et la pérennité des entreprises.
Parmi les secteurs les plus exposés, la construction et le commerce de détail apparaissent en tête de liste. La contraction de l’activité immobilière, due à la hausse des coûts des matières premières et à la difficulté d’obtention de crédits, a entraîné une véritable hémorragie d’entreprises dans le bâtiment. Quant au commerce, il souffre d’une consommation en berne et de marges étroites qui fragilisent particulièrement les PME.
Plusieurs facteurs expliquent cette détérioration continue du tissu entrepreneurial. L’un des principaux freins reste le problème des retards de paiement, qui asphyxie la trésorerie des entreprises et provoque un effet domino sur l’ensemble de la chaîne économique. Selon Allianz Trade, ces retards sont devenus un obstacle majeur à l’amélioration des indicateurs de solvabilité avant 2026.
Par ailleurs, le resserrement des conditions de crédit et la hausse des taux d’intérêt compliquent encore davantage l’accès au financement. Les banques, frileuses face aux risques accrus de défaut de paiement, imposent des conditions de prêt plus strictes, rendant difficile la relance de nombreux entrepreneurs.
A contrario, le Maroc voit son taux de faillites exploser : +77 % par rapport à la moyenne de la période 2016-2019, soit l’une des pires performances enregistrées sur le continent. Cette situation met en évidence la nécessité d’une refonte en profondeur des politiques économiques et financières en faveur du secteur privé.
En Tunisie, l’instabilité économique continue d’affecter les entreprises. Le pays a vu ses insolvabilités bondir de 15 % en 2024, avec des secteurs comme le tourisme et l’industrie manufacturière particulièrement exposés. L’absence de réformes structurelles et la faiblesse de la croissance freinent toute amélioration durable.
L’Égypte, en revanche, connaît une situation plus mitigée. Bien que le nombre d’insolvabilités ait augmenté de 5 % en 2024, les investissements étrangers et les grands projets d’infrastructure ont permis de limiter l’impact sur l’économie. Le secteur de la construction, en particulier, bénéficie d’un soutien gouvernemental important.
Le Maroc, tout comme ses voisins, subit les effets du maintien de taux d’intérêt élevés. L’accès au crédit devient de plus en plus difficile pour les entreprises les plus fragiles. Selon Allianz Trade, une baisse de 1 % du crédit bancaire peut entraîner une hausse des insolvabilités de 2 % en France et de 3 % aux États-Unis. Un phénomène similaire pourrait donc toucher le Maroc, où le secteur bancaire reste prudent dans l’octroi de financements.
Les tensions internationales pèsent également sur l’économie marocaine. La hausse des coûts d’importation des matières premières, la volatilité des prix de l’énergie et l’instabilité des marchés européens affectent la compétitivité des entreprises locales. Un conflit commercial mondial pourrait aggraver la situation en augmentant les faillites de 8 % à l’échelle mondiale, selon Allianz Trade.
Un autre facteur clé dans la résilience des entreprises est l’adoption de la digitalisation et des réformes réglementaires. L’Union Européenne a récemment mis en place un cadre unique pour l’harmonisation des faillites, ce qui pourrait à terme impacter le Maroc. Une meilleure intégration des outils numériques, notamment en matière de facturation électronique, pourrait améliorer la transparence et réduire les délais de paiement, limitant ainsi les risques d’insolvabilité.