Interview avec Abdallah Elyamlahi : « Nous œuvrons pour rendre la culture de l’avocat moins hydrivore »

Le président de la Morocco Avocado Association (MAVA), Abdellah Elyamlahi, lève le voile sur les ambitions du tout premier Sommet marocain de l’Avocat à Larache. Face à un record d’exportation de plus de 100.000 tonnes en 2024/2025, la filière cherche désormais à consolider sa position sur le marché mondial.


– Le premier Sommet marocain de l’Avocat, qui sera organisé par la MAVA à Larache le mardi 14 octobre, a pour thème « Vers une filière d’avocat durable, productive et compétitive ». Quel est l’objectif principal que la MAVA souhaite atteindre avec ce tout premier Sommet ?




– L’objectif principal du tout premier Sommet marocain de l’Avocat, organisé par la MAVA, est de mobiliser l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière. Sous le thème « Vers une filière d’avocat durable, productive et compétitive », ce rendez-vous crucial vise à créer un espace de dialogue essentiel pour évaluer les opportunités toujours présentes sur le marché international et, de manière tout aussi importante, pour identifier et relever les défis qui freinent la croissance. En structurant les échanges et en renforçant la coopération entre les acteurs, l’ambition ultime de la MAVA est de consolider significativement la compétitivité du Maroc en tant qu’exportateur majeur et de lui permettre de conquérir de nouveaux marchés à l’échelle mondiale.



– La saison 2024/2025 a été marquée par un record d’exportation de plus de 100.000 tonnes. Quels facteurs clés ont permis d’atteindre ce niveau ?



– Le record d’exportation de plus de 100.000 tonnes atteint lors de la saison 2024/2025 s’explique par la convergence de deux facteurs déterminants. D’une part, la croissance et l’investissement soutenu dans la filière ont conduit à l’entrée en production de nombreux nouveaux vergers, augmentant mécaniquement le volume disponible pour l’export. D’autre part, la saison a bénéficié de conditions climatiques exceptionnellement favorables. L’absence de chaleur brûlante et de vents très forts a permis une meilleure nouaison et un développement optimal des fruits, assurant ainsi un rendement élevé et une qualité constante, deux éléments cruciaux pour les marchés d’exportation.



– Comment le Sommet aidera-t-il les producteurs marocains à renforcer leur position sur les marchés existants et à se préparer pour de nouveaux marchés ?



– Pour faire face à une concurrence internationale de plus en plus soutenue, la stratégie de la MAVA, qui sera mise en avant lors du Sommet, se concentre sur l’amélioration des fondamentaux de la production marocaine. Il est impératif pour les producteurs de focaliser leurs efforts sur la qualité du fruit et l’optimisation du rendement par hectare. Une disparité significative existe actuellement, avec des producteurs exemplaires atteignant jusqu’à 23 tonnes par hectare grâce aux bonnes pratiques agricoles, tandis que d’autres peinent à dépasser les 5 à 10 tonnes. En standardisant les meilleures pratiques et en augmentant le rendement moyen national, le Maroc renforcera sa compétitivité. Parallèlement, cette montée en production générera une force d’impulsion naturelle qui obligera les exportateurs à activement prospecter et sécuriser de nouveaux débouchés pour l’avocat marocain.



– La durabilité et l’importance des normes et certifications sont à l’ordre du jour. Face aux critiques sur la consommation d’eau, quelles actions concrètes la MAVA promeut-elle pour assurer une culture plus sobre en eau et répondre aux exigences des marchés internationaux ?



– Face aux préoccupations internationales concernant la consommation d’eau, la MAVA place la durabilité, la responsabilité sociétale et environnementale au cœur de sa démarche, affirmant que le développement commercial doit respecter l’éthique. Les actions concrètes promues couvrent l’environnement et le social. Sur le plan environnemental, la filière s’engage à diminuer l’usage des pesticides pour tendre vers une agriculture « 0 résidus », à garantir une utilisation raisonnable de l’eau en systématisant le goutte-à-goutte, et à encourager l’utilisation de l’énergie solaire pour l’irrigation. Sur le plan social, la MAVA veille au respect de l’âge minimum du travail, à l’application du SMAG (Salaire Minimum Agricole Garanti) et à l’affiliation des ouvriers à la protection sociale, alignant ainsi la production marocaine sur les exigences éthiques et normatives des marchés clés.



– La question de la gestion de l’eau reste centrale. Comment la MAVA travaille-t-elle avec le gouvernement et les agriculteurs pour garantir une gestion responsable et transparente des ressources hydriques, et quelles technologies d’irrigation sont promues ?



– La question de la gestion de l’eau demeure centrale pour la pérennité de la filière. La MAVA œuvre en étroite collaboration avec le gouvernement et les agriculteurs pour garantir une gestion à la fois responsable et transparente des ressources hydriques. La technologie principale promue et requise est le système d’irrigation au goutte-à-goutte, reconnu pour son efficacité maximale. Au-delà de cette technologie de base, l’association encourage l’adoption de technologies de précision comme les capteurs d’humidité et les systèmes d’irrigation intelligents. Ce travail de concertation vise à s’assurer que l’expansion de la culture de l’avocat s’effectue dans le cadre d’une transparence totale et d’une optimisation rigoureuse de chaque goutte d’eau, renforçant ainsi la crédibilité et la résilience de la filière marocaine.

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