Interview avec Adam Benny : « Khadija Ouarzazia est une artiste de génie »

Coup de projecteur sur l’artiste Adam Benny, dont la récente réappropriation du titre emblématique « MOK YA MOK » de Khadija Ouarzazia fait sensation. Dans cet entretien, il se confie sur sa démarche novatrice et sur son ambition de faire vibrer le Chaâbi sur la scène internationale. Laissez-vous emporter…

– Vous avez récemment offert une nouvelle lecture captivante du morceau emblématique de Khadija Ouarzazia, « MOK YA MOK ». Cette reprise a non seulement séduit une nouvelle génération, mais a aussi ravivé pour beaucoup la mémoire de ce titre. Au moment de la genèse de votre morceau, qu’est-ce qui a fait écho en vous de l’œuvre de Khadija Ouarzazia ?

– Je ne connaissais pas du tout ce titre avant qu’une amie que Khadija et moi avons en commun m’en parle et me dise qu’il faut absolument qu’on travaille ensemble. Quand j’ai découvert le titre à travers une vidéo de live sur YouTube, c’était pour moi une évidence qu’il fallait reprendre le titre.

– Au-delà de la dimension musicale, qu’est-ce que la figure de Khadija Ouarzazia et son héritage représentent pour vous en tant qu’artiste et en tant que Marocain ?

– Elle représente une artiste de génie parmi tant d’autres qui sont un peu mis à l’écart par le circuit mainstream, chose que je trouve très déplorable. En tant que Marocain, il est pour moi important d’embrasser l’intégralité de ce qui fait notre identité culturelle, et les chikhates sont un des piliers, si ce n’est LE pilier de la musique populaire marocaine.

– Cette interprétation est-elle une manière pour vous de tisser des liens entre les générations, de faire dialoguer des imaginaires musicaux différents ?

– Ce pont générationnel devient une suite/conséquence logique lorsqu’on cherche à moderniser et redonner un nouveau souffle à notre patrimoine musical.

– Y a-t-il eu des moments de doute, des hésitations lors de la réappropriation de ce morceau si emblématique ?

– Aucun, car pour qu’il y ait un doute, il faudrait une réflexion ou un calcul… or, ces deux choses, je les laisse sur le palier de la porte d’entrée du studio. Lorsque je crée, je redeviens cet enfant de 5 ans qui agit par pur instinct sans considération pour rien d’autre, à part mon propre plaisir.

– Comment avez-vous navigué entre respect de l’original et nécessité de votre propre empreinte ?

– C’est un équilibre que je développe dans l’ombre depuis 5 ans dans cette optique de vouloir moderniser le Chaâbi, ce qui a donné naissance à ce que j’ai appelé la Draï, un style qui mélange hip hop, pop internationale, Chaâbi et Raï. À travers ce travail, j’ai appris à danser sur cette fine ligne où la modernisation se fait sans dénaturer l’essence.

– A quel point ce projet a-t-il influencé votre regard sur le patrimoine musical marocain ? Avez-vous découvert de nouvelles facettes, de nouvelles envies d’exploration ?

– Complètement, je continue de le découvrir à chaque titre que je fais, entre le Chaâbi, Dakka marrakchia, gnawa, la musique amazighe, et j’en passe! Bref, il y a de la matière à explorer pour toute une carrière et encore plus !

– Si vous deviez choisir un autre artiste ou une autre œuvre du patrimoine marocain pour une future réinterprétation, sur qui ou quoi portera votre choix et pourquoi ?

– Une chanson de Bouchaïb Ziani. Je suis fan. Tout simplement je pourrais faire un album entier à reprendre tous ses plus grands titres… mais bon, cela ne sera pas un album à écouter en famille (rires).

– Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre parcours artistique au Maroc ?

– Rendre le Chaâbi connu mondialement. Ni plus, ni moins.

– Comment envisagez-vous de continuer à explorer, innover et contribuer à la richesse de la scène musicale ?

– Plus on fait de la musique, plus on apprend, plus on se rend compte que l’on ne sait rien. Mais je suis ce hamster qui court dans la roue et qui, au final, y trouve son compte, car le but n’est pas d’arriver mais de rester en mouvement.

Portrait
Adam Benny, la révolution Draï

Imaginez la rugosité du drill britannique s’unissant aux mélodies du raï, le tout porté par les rythmes populaires du Chaâbi marocain. C’est la révolution musicale d’Adam Benny, et elle porte un nom : le Draï. Un son qui promet de faire vibrer le Chaâbi bien au-delà des frontières.

Avec le succès phénoménal de «MOK YA MOK», le Draï ne fait que confirmer son potentiel à séduire un public large et varié. Des titres comme «Travolta» et «Tit’souite (feat. Nayra)» sont les premiers étendards de cette nouvelle vague.

Le printemps 2025 confirme le succès du jeune artiste avec son dernier titre qui devient un phénomène, se plaçant en tête des écoutes au Maroc et grimpant dans les classements en France, avec plus d’un million d’écoutes et un impact considérable sur TikTok et Instagram.

Mais avant 2025, Ahmed Saghir, alias Adam Benny, a déjà marqué de son empreinte la scène musicale. Parti de Casablanca à 13 ans pour Montréal, ce n’est pas le dessin, sa première passion, qui le mènera à la lumière, mais la musique.

Producteur presque par hasard, il se fait remarquer en France dès 2015 en co-réalisant un album de Niro chez Capitol Music France, récoltant au passage son premier disque d’or. Entre 2019 et 2021, il surprend en dévoilant la trilogie des «Barquetteries», une entrée remarquée dans le paysage musical. Pendant le confinement, une mélodie inspirée d’Abdelaziz Stati donne naissance au titre «Alizée».

L’année 2022 le voit multiplier les collaborations, d’abord avec le Canadien Zach Zoya sur le titre «Start Over», puis avec la voix puissante d’Amel Bent pour «Lossa».

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