Le peuple de Guinée s’apprête à voter la nouvelle Constitution à travers un référendum. Au Maroc, la communauté de ce pays n’est pas en reste. La mobilisation est grande. Explications avec Diallo Mamadou Bhoye, Vice-Président du Conseil des Guinéens de l’étranger-Section Maroc (CGE-M).
La Guinée, votre pays, prépare activement un référendum pour la nouvelle Constitution. Comment appréhendez-vous cette question ?
– En tant que citoyen guinéen, c’est avec un sentiment de fierté et d’espoir que je perçois cette étape importante. Elle marque une avancée significative vers le retour à l’ordre constitutionnel, qui est indispensable à une gouvernance légitime, partagée et respectueuse des principes démocratiques. Ce référendum n’est pas une simple formalité : c’est une étape cruciale dans la refondation de notre État. Il doit donc être conduit dans un esprit inclusif, transparent et contradictoire, permettant à chaque citoyen d’exprimer librement son opinion. Le triomphe d’un projet de Constitution ne saurait se faire au détriment d’une partie du peuple. Ce processus doit rassembler plutôt que diviser, en garantissant une participation équitable et sans exclusion.
Qu’en est-il de la mobilisation au sein de la communauté guinéenne au Maroc ?
– Au sein de la communauté guinéenne au Maroc, l’intérêt et l’engagement sont réels. Nous avons eu, dès le mois de février 2025, la visite d’une délégation du Conseil National de la Transition (CNT) venue à la rencontre des Guinéens du Maroc pour échanger autour du processus constitutionnel en cours. Après la remise officielle du projet de Constitution au Président de la République à Conakry, les autorités diplomatiques ont été conviées dans la capitale guinéenne pour en prendre connaissance et recevoir les orientations de leurs tutelles.C’est dans ce cadre que, ce 24 juillet 2025, nous avons eu une rencontre très constructive avec Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur, le Général Namori Traoré, qui nous a fait la restitution officielle de son déplacement à Conakry et nous a transmis une copie du projet de la nouvelle Constitution. Il nous a également donné instructions de diffuser largement ce texte au sein de la communauté guinéenne au Maroc.
Quelle est la démarche du CGE-Maroc en la matière ?
– Le Conseil des Guinéens de l’Étranger – Section Maroc (CGE-M) a adopté une approche de proximité pour accompagner ce processus. Dans un premier temps, lors de la rencontre du 24 juillet, nous avons élargi les échanges à tous les responsables communautaires des grandes villes. Chaque représentant a reçu une copie du projet de Constitution, avec pour mission de le partager localement. Nous prévoyons par la suite de mener une campagne de sensibilisation de terrain, en nous rendant dans les quartiers, les foyers, et les lieux de rassemblement pour informer, expliquer les points essentiels du texte et, surtout, écouter les retours, les inquiétudes, et les suggestions des membres de la communauté.
Comment se présente votre organisation aujourd’hui au Maroc ?
– Le CGE-Maroc occupe une position essentielle pour la communauté guinéenne résidant au Maroc. Il agit comme un pont entre l’ambassade et les citoyens, facilitant la communication, la circulation de l’information, et parfois même la médiation. Au-delà de ce rôle institutionnel, le CGE-M apporte un soutien social dans les cas critiques tels que les décès, les maladies graves ou les situations d’extrême vulnérabilité. Il contribue également à renforcer le lien civique entre les Guinéens de la diaspora et la vie nationale, notamment à travers des initiatives de participation citoyenne, comme celle du référendum constitutionnel.
Un mot envers vos compatriotes…
– Chers compatriotes, la Constitution est la loi fondamentale qui encadrera la vie politique, sociale et institutionnelle de notre pays dans les années à venir. C’est un moment historique, une opportunité précieuse pour chaque Guinéenne et chaque Guinéen de faire entendre sa voix. Je vous invite donc à vous mobiliser massivement, à vous informer, à débattre, à vous engager dans ce processus. Que vous soyez pour ou contre, votre participation est un droit, mais aussi un devoir citoyen. Ne restez pas en marge. La démocratie a besoin de vous, la Guinée a besoin de vous. Vive la République de Guinée.
Qu’en est-il de la coopération Sud-Sud ?
– La coopération Sud-Sud constitue un levier essentiel du renforcement des relations bilatérales entre les États africains, fondée sur la solidarité, le respect mutuel et le partage d’expertises. Dans ce cadre, le partenariat entre la République de Guinée et le Royaume du Maroc s’illustre comme un exemple dynamique de collaboration tournée vers le développement, la formation et le transfert de compétences. Depuis plusieurs années, le Maroc accueille chaque promotion des étudiants guinéens les plus méritants dans ses universités et instituts, dans le cadre d’un programme de bourses et de soutien à l’enseignement supérieur. Cette collaboration ne se limite pas au domaine académique : elle s’étend également à des secteurs stratégiques tels que la défense, l’agriculture, l’éducation religieuse, ou encore la formation professionnelle. Par ailleurs, cette coopération offre aux entreprises marocaines un accès privilégié aux marchés publics guinéens, notamment dans les secteurs des mines, de l’immobilier, de l’énergie, du transport et des hydrocarbures. Une dynamique gagnant-gagnant qui positionne le Maroc comme un partenaire économique majeur dans le processus de transformation et de modernisation de la Guinée. Aujourd’hui, le Maroc apparaît ainsi comme un acteur clé du développement guinéen, dans une relation qui ne cesse de s’approfondir au rythme des mutations politiques, économiques et sociales que connaît le continent africain.