À l’occasion des 16 Jours d’Activisme contre la Violence Basée sur le Genre, une véritable vague de solidarité a déferlé, portée par des associations et des centres de protection des femmes. Cette campagne vise à redonner voix aux victimes et à trouver les clés pour briser le cycle de la violence. Fathiya Saïdi, Secrétaire générale de l’Union de l’Action Féministe, a partagé les lignes de force de cette mobilisation.
Quelles sont, selon vous, les failles principales de la loi 103- 13 que vous souhaitez souligner au cours de cette campagne ?
Quelles révisions législatives devraient être envisagées au Maroc pour mieux combattre la violence basée sur le genre ?
Enfin, le changement des mentalités est crucial pour réduire les violences faites aux femmes. Les campagnes de sensibilisation, bien que nécessaires, ne suffisent pas à elles seules. L’implication active de l’État, des institutions publiques (justice, éducation, santé, police) et des médias est indispensable pour provoquer une véritable transformation des normes sociales. Cela inclut une remise en question des stéréotypes de genre et une promotion de l’égalité entre les sexes. Par ailleurs, la lutte contre les VFF doit devenir une priorité politique, avec la mise en place d’une politique globale soutenue par des moyens financiers et humains adéquats. Ce changement doit être soutenu par des actions concrètes, telles qu’une meilleure coordination des institutions et des ressources adaptées à la prise en charge des victimes.
Quels sont vos projets à venir pour renforcer la lutte contre la violence basée sur le genre et promouvoir l’égalité ?
En parallèle, des campagnes de sensibilisation seront menées auprès d’un large public, notamment les jeunes dans les universités et les écoles, afin de changer les mentalités et déconstruire les stéréotypes de genre. L’implication des médias sera également essentielle pour diffuser largement ces messages et sensibiliser davantage la population. Ensemble, ces actions visent à provoquer un véritable changement dans la société et à faire pression pour une réforme législative qui protège mieux les femmes contre les violences.
Chaque année, nous dressons un rapport détaillant les actions entreprises et les résultats obtenus. Ce bilan permet non seulement de mesurer l’impact de nos efforts, mais aussi de sensibiliser le grand public à la réalité des violences faites aux femmes et à l’importance de la solidarité et du soutien collectif. Cette année, parmi les faits marquants, nous avons accueilli 2.254 victimes de violence au sein de nos différents centres, un chiffre qui témoigne de l’ampleur du problème auquel nous nous attaquons. Parmi ces victimes, la majorité se situe dans la tranche d’âge de 18 à 34 ans, suivie par celles âgées de 35 à 50 ans. Il est également important de souligner que de nombreuses femmes ont subi non seulement des violences physiques, mais aussi des violences psychologiques, qui peuvent être tout aussi dévastatrices à long terme.
Les femmes au foyer représentent la première catégorie de victimes, suivies par les femmes travaillant comme domestiques et celles sans emploi. Ces statistiques révèlent un élément clé : la dépendance économique des victimes à leur agresseur, ce qui les rend particulièrement vulnérables à toutes formes de maltraitance. En effet, l’absence d’autonomie financière contribue fortement à leur situation de soumission et d’isolement. Ces données soulignent l’importance cruciale de l’indépendance économique pour préserver la dignité des femmes et leur permettre de se libérer de la violence.
Parmi les actions que nous mettons en place pour soutenir ces femmes, nous privilégions une approche globale qui comprend plusieurs axes essentiels : la sensibilisation, le suivi psychologique et social, ainsi que l’éducation des victimes et des générations futures. Nous menons des campagnes de sensibilisation dans les écoles, les entreprises, et au sein des communautés pour informer sur les différents types de violences, leurs conséquences, et les ressources disponibles pour les victimes. Ce travail de prévention est crucial pour briser les cycles de violence et créer une société plus consciente et plus responsable.
En parallèle, nous assurons un suivi personnalisé pour chaque femme accueillie dans nos centres. Cela inclut un accompagnement psychologique pour l’aider à surmonter les traumatismes vécus, ainsi qu’un soutien juridique et administratif pour les aider à accéder à leurs droits et à se réinsérer dans la société. Nous proposons également des formations et des ateliers de développement personnel pour renforcer leur confiance en elles et leur donner les outils nécessaires pour se réapproprier leur vie et leur avenir. Enfin, nous mettons un accent particulier sur l’éducation des générations futures, car la lutte contre la violence faite aux femmes passe également par la sensibilisation des jeunes.