Interview avec Leyna Kayz « Je travaille déjà sur un hymne pour encourager nos Lions lors de la CAN »

Des problèmes de droits d’auteur à des obstacles financiers, Siham El Kiret, alias Leyna Kayz, n’a rien épargné. Loin de se laisser abattre, elle est déjà tournée vers l’avenir. Siham travaille actuellement sur un nouveau projet musical pour soutenir l’équipe nationale marocaine de football.  

Vous avez su vous faire une place dans le paysage musical national. Pouvez-vous nous raconter comment vous êtes passée des freestyles sur les réseaux sociaux pendant le confinement à devenir une artiste reconnue ?

J’ai découvert la musique depuis mon plus jeune âge. J’ai grandi dans un milieu où la musique était omniprésente. On écoutait beaucoup de rap dans notre quartier. J’ai donc très tôt été bercée par les rythmes du rap. J’étais fan de Diam’s. 

Mes premières expériences musicales, marquées par une grande spontanéité et une envie de m’exprimer, m’ont conduite à me faire remarquer sur les réseaux sociaux pendant la pandémie. C’est ainsi qu’est née une véritable vocation.

Les freestyles improvisés pendant le confinement m’ont donné l’impulsion de me lancer sérieusement dans la musique, avec comme premier titre « Lwsaya », un hommage à mon père.
 

Outre Diam’s, quels sont les artistes ou les mouvements artistiques qui vous ont le plus influencée dans vos oeuvres musicales ?

Diam’s a été ma première source d’inspiration, puis Saâd Lamjarred. Son succès international est une véritable source de motivation pour moi. J’aspire à atteindre un tel niveau, mais je sais que le chemin est encore long. 
 

Quelle est la signification profonde de vos oeuvres musicales ? Quel message souhaitez-vous transmettre au public ?

Mes chansons sont le reflet de mon âme. Elles me permettent d’exprimer des émotions profondes, comme le chagrin causé par la perte de mon père. La musique est pour moi une véritable thérapie. 

La musique est souvent considérée comme un moyen de s’exprimer et de provoquer le changement. 
 

Comment voyez-vous votre rôle d’artiste dans la société actuelle, et quels sont les sujets qui vous tiennent à cœur ?

Pour moi, la musique est bien plus qu’un simple divertissement, c’est un moyen de se libérer, de partager ses émotions et de transmettre des messages forts, de parler des faits divers, de ce qui se passe dans le monde.  
 

Comment votre identité marocaine influence-t-elle vos oeuvres ?

Fille d’immigrés, j’ai grandi entre deux cultures et j’ai toujours eu cette empreinte marocaine. Mais c’est au Maroc que j’ai trouvé mes repères. J’ai vécu mon enfance en France, jusqu’à l’âge de 18 ans, puis j’ai vécu pendant 17 ans au Maroc.  C’est au Maroc que j’ai appris à vivre. J’ai vécu des expériences marquantes qui ont façonné mon identité. C’est pourquoi je me sens si proche de ce pays et de son peuple. Ma chanson « Maghribia » est une expression sincère de cet amour.
 

Quelle expérience gardez-vous de votre séjour au Maroc en tant que MRE ?

Je garde un excellent souvenir de mon expérience marocaine. J’ai eu la chance de vivre et de travailler dans ce pays, et j’en suis revenue enrichie, tant sur le plan professionnel qu’humain.

Le Maroc est en pleine expansion. C’est le moment idéal pour les MRE de saisir les nombreuses opportunités qui s’offrent à eux et de participer à l’édification d’un avenir prometteur.
 

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées en tant qu’artiste ?

La production de mes chansons « Maghribia » et « Losaya » a été un véritable parcours du combattant. Face à l’absence de soutien, j’ai dû tout gérer seule, de la réalisation des clips à la promotion. 

Cerise sur gâteau, je me suis fait avoir. Les gains que je devais avoir sur Youtube, Spotify… ont été remis à la personne qui a partagé mes chansons sur ces plateformes, car il les a mis à son nom ! Ce qui veut dire que je n’ai rien gagné dans tout ce que j’ai fait, à part l’amour du peuple. Après, je n’ai pas fait cela pour l’argent. J’ai même perdu mon compte Spotify. Toutes ces complications m’ont bloquée pour continuer dans ce domaine. Je vais essayer de reprendre petit à petit.              

Ces épreuves m’ont rendue plus forte et plus déterminée à poursuivre mon chemin.  
 

Selon vous, qui est l’artiste marocain le plus réussi ?

Sans réfléchir, c’est Saâd Lamjarred. Pour moi c’est une réussite, artistiquement parlant. C’est une personne qui a réussi à toucher le monde entier, par ses chansons, par son rythme, par son style.

En fait, il est très intelligent. Il ne cible pas seulement les Marocains, il y a tout le monde qui écoute ses chansons. Et même sur scène, c’est notre Michael Jackson du Maroc. On est fiers de lui et je lui souhaite tout le bonheur. 
 

Quels sont vos projets artistiques à venir ? Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Actuellement, je travaille sur une chanson pour encourager l’équipe nationale à la Coupe d’Afrique des Nations de football, et pour la Coupe du Monde. C’est un honneur de recevoir toutes les équipes dans notre pays pour ces compétitions. Pour moi, après “Maghribia”, c’était normal et légitime de leur faire une chanson pour les remercier de ce qu’ils ont fait en 2022 à la Coupe du Monde au Qatar, parce qu’ils nous ont fait vivre des moments inoubliables.

On en parlera à nos enfants plus tard, parce qu’ils sont vraiment rentrés dans l’Histoire. J’espère qu’ils vont le refaire. De toute façon, on a confiance en eux, on a confiance en notre coach Walid Regragui et en toute l’équipe. Ils méritent que je leur fasse une chanson pour les encourager et les remercier en même temps.
 

Recueillis par
Safaa KSAANI

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