Le Moyen-Orient traverse une période de profondes mutations. Les alliances se reforment, les conflits persistent et les enjeux géopolitiques se complexifient. Quelles perspectives pour cette partie du monde ? Eléments de réponses avec Sabrina Bennoui, spécialiste de la région MENA.
Téhéran a d’ailleurs officiellement retiré la Syrie des membres qui forment « l’axe de la résistance ». Une course se joue maintenant entre différents pays de la région, en particulier la Turquie et le Qatar, pour remodeler la Syrie et y consolider leurs intérêts, à renfort de visites et de promesses d’investissements.
Quant au cessez-le-feu dans la bande de Gaza, il reste très fragile et l’on voit déjà qu’un autre front se joue parallèlement en Cisjordanie, avec des attaques israéliennes à Jénine, sans parler de l’équilibre fragile sur le terrain libanais. Depuis le Yémen, les Houthis, qui étaient déjà partie prenante du conflit en ciblant Israël et les bateaux traversant la mer Rouge, continuent de surveiller le déroulement du cessez-le-feu et ont promis de reprendre les attaques s’il était violé.
Quel est l’impact des révolutions arabes de 2011, de l’après-guerre de Gaza et de la révolution en Syrie sur la nouvelle configuration du Moyen-Orient ?
Aujourd’hui, il faut encore du temps pour voir si une Syrie unie peut subsister, sans divisions confessionnelles et ethniques. Il faudra être attentif aux possibilités d’entente entre Damas et l’administration autonome kurde, aux risques d’affrontements ou de vengeance contre les communautés présumées encore loyales à Assad, aux agressions israéliennes, et aux poches résurgentes de Daech.
Quelles sont les perspectives d’une solution à deux États, à la lumière de tous ces événements ?
Quel est le rôle des grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine) dans la nouvelle configuration du Moyen-Orient ?
A quel point l’arrivée de Trump participerait-elle à modifier la politique américaine au Moyen-Orient par rapport à ses prédécesseurs ?
On peut aussi s’attendre à une politique encore plus ferme vis-à-vis de l’Iran et du Hezbollah. Dans le même temps, Trump a fait savoir qu’il tenterait de reprendre les pourparlers entre l’Arabie Saoudite et Israël pour un accord de normalisation aligné avec les Accords Abraham signés par Israël et les Emirats Arabes Unis, et ce, même si Riyad s’est publiquement opposé au principe tant qu’il n’y aurait pas d’Etat palestinien.
Néanmoins, on sait que le Prince héritier de l’Arabie Saoudite, Mohamed ben Salmane, entretient une bonne relation avec Trump. Enfin, pour revenir à la Syrie, il y a actuellement 2000 soldats américains dans le pays alors que Trump s’était engagé, pendant son premier mandat, à retirer ces troupes. Washington va être particulièrement vigilant vis-à-vis de ses alliés kurdes dans le Nord du pays, et dissuader la Turquie d’intervenir militairement pour, dit-elle, éliminer le PKK.
Safaa KSAANI
Passionnée par la culture et la politique de cette partie du monde, elle a créé une chaîne YouTube nommée « Esprit Arabe » sur la zone MENA et une revue, MMXXII, sur le patrimoine culturel en Méditerranée, en vue d’offrir une perspective approfondie sur les enjeux culturels et politiques de la région MENA.
Ses années passées sur le terrain, notamment en tant que responsable du bureau MoyenOrient de Reporters Sans Frontières, ainsi que son parcours de journaliste en Jordanie, au Qatar et en Irak, lui ont permis de développer une connaissance approfondie des dynamiques complexes qui animent cette région.