Sous sa triple casquette, en tant qu’analyste averti des questions africaines, Lauréat du Maroc et Président du Rassemblement National pour le Développement (RND), SékoubaDiack Diakité, de passage dans le Royaume, scrute les élections 2025 sur le continent ainsi que dans son pays sans oublier le partenariat d’exception qui caractérise l’axe Rabat et Conakry.
Durant l’année 2024, 19 Etats africains avaient prévu d’organiser des élections pour choisir leur Chef d’État. Pour 2025, dix autres pays entrent en scène avec une forte mobilisation. Faut-il voir dans ces différents scrutins un vent nouveau qui souffle sur le continent en matière de renforcement de la démocratie ?
Absolument. Il faut souligner, avec force, que 2025 s’annonce comme une année cruciale pour la démocratie en Afrique. Plusieurs pays du continent, dont la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, et la Guinée-Bissau, organiseront des élections présidentielles et législatives. Ces scrutins représentent une opportunité de renforcer la démocratie et d’encourager une plus grande participation citoyenne à travers le continent. Au Gabon, par exemple, le gouvernement a annoncé la tenue de l’élection présidentielle le 12 Avril prochain, une étape décisive vers le retour à l’ordre constitutionnel. Tandis qu’au Malawi, les électeurs choisiront leur Président en septembre. Quant au Tchad, il a récemment achevé sa transition avec la proclamation des résultats des élections sénatoriales. Ces différentes consultations populaires sont porteuses d’espoir mais aussi une dynamique dans l’agrandissement de l’espace démocratique ainsi qu’un gage de stabilité consolidée en Afrique. En réalité, c’est un tournant décisif pour observer les évolutions politiques sur le continent, dans les mois à venir. Autrement, il faut promouvoir la paix et la sécurité, c’est un gage de la stabilité et de l’inclusivité.
Justement votre pays, la Guinée, se prépare à des consultations référendaires constitutionnelles mais également pour l’élection présidentielle. Comment se présentent ces deux rendez-vous cruciaux, qui mettront fin pacifiquement à la transition, sous la conduite du Comité national de rassemblement et du développement (CNRD) ?
Effectivement, en 2025, la Guinée prévoit d’organiser un référendum constitutionnel ainsi que l’élection présidentielle et les législatives. D’ailleurs, le Premier ministre, Amadou Oury Bah,vient d’annoncer que le retour à l’ordre constitutionnel serait effectif cette année-là. Dans cette perspective, le gouvernement a chargé le ministère de l’Administration territoriale de convoquer un Comité de pilotage pour informer toutes les parties prenantes et se concerter sur les périodes permettant d’organiser ces scrutins majeurs. C’est une étape décisive pour les autorités du pays car la Guinée finira ainsi avec la transition dans un climat de paix et de sécurité. Elle se consacrera, désormais, au développement du pays à travers de vastes chantiers initiés ou entamés sous l’impulsion du leadership du président MamadyDoumbouya.
Parlant de chantiers, sur le plan économique, le projet Simandou 20-40, lancé par le CNRD, est devenu une fierté nationale, tant par son envergure que par ses retombées multidimensionnelles pour le pays. De quoi s’agit-il ?
Il y a lieu de distinguer le projet Simandou du programme Simandou 2040. En effet, le premier est un projet minier d’importance mondiale, situé en Guinée. Il vise à exploiter une mine de fer dans la chaîne de montagnes de Simandou, située dans le Sud-Est du pays, à environ 600 km de la côte guinéenne.Le projet comprend plusieurs composantes majeures dont une mine de fer, à ciel ouvert, avec une capacité potentielle estimée à 100 millions de tonnes par an. Il s’agit aussi de la construction d’un chemin de fer d’environ 600 km pour relier le site d’exploitation à la côte guinéenne ainsi que celle de nouvelles installations portuaires pour exporter le minerai de fer. Quant à Simandou 2040, c’est un programme ambitieux de développement socio-économique durable et responsable. Il vise à moderniser les infrastructures, promouvoir une économie verte et industrialiser le pays. En définitive, le projet Simandou est un chantier minier majeur qui vise à exploiter les vastes réserves de minerai de fer de haute qualité en Guinée, tout en contribuant au développement socioéconomique du pays.
Vous êtes désormais vice-Coordinateur de la Synergie- GMD25 pour le dialogue et la paix. Quelle est la genèse de cette structure ?
La Synergie Général MamadiDoumbouya 2025 (SGMD25) est une initiative lancée par les jeunes, les femmes ainsi qu’une large frange de la société civile et des cadres socio-professionnels, toutes catégories confondues, pour soutenir les actions de refondation engagées par le Général MamadiDoumbouya en Guinée. La SGMD25 rassemble des partis politiques, des mouvements de la société civile, des syndicats et des citoyens autour d’un objectif commun : promouvoir la démocratie, la paix, l’unité nationale, la justice, le dialogue et la solidarité. Le mouvement vise à porter les préoccupations des populations auprès des autorités compétentes, proposer des solutions concrètes pour le développement socio-économique et culturel de la Guinée, et préparer les échéances électorales de manière concertée et transparente, tout en soutenant les acquis de la transition. Autrement dit, la SGMD25 est une plateforme inclusive et dynamique qui cherche à unir diverses sensibilités pour œuvrer ensemble vers une transition réussie et apaisée.
Sur un autre plan, vous êtes le fruit de la coopération entre la Guinée et le Royaume du Maroc, à travers une Bourse de formation. De passage dans le Royaume, quelle analyse faites-vous aujourd’hui du partenariat entre les deux pays ?
C’est une fierté pour moi d’avoir étudié au Maroc et l’évolution de la coopération exemplaire ainsi que le partenariat d’exception entre mon pays d’origine et mon pays d’adoption m’intéresse à plus d’un titre. Une fois cette réalité soulignée, il faut dire que les relations entre la Guinée et le Royaume Chérifien sont solides et multidimensionnelles et s’étendent sur plusieurs domaines clés. Ce partenariat porte également sur la coopération économique et commerciale puisque les deux pays s’efforcent de renforcer leurs échanges commerciaux et d’encourager les investissements mutuels. En témoigne la tenue, en juin 2024 à Conakry, du Forum économique Maroc-Guinée. Sans oublier, une année auparavant, la 7ème session de la Commission Mixte Maroc-Guinée qui a permis la signature de 8 accords dans plusieurs domaines, à savoir : l’agriculture, la pêche, la santé, l’éducation, la formation professionnelle…Sur ces deux derniers volets, le nombre de Bourses d’études accordées par le Maroc à la Guinée ne cesse d’augmenter chaque année et, toutes formations confondues, il tend aujourd’hui vers plus de trois cents.On ne peut passer sous silence l’ouverture d’un Consulat de la Guinée à Dakhla. In fine, foutes ces relations d’excellence se sont consolidées à travers les liens d’amitié exemplaires qui unissent les deux pays et qui se sont renforcés depuis les deux visites effectuées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en République de Guinée en 2014 et en 2017. C’est dire la qualité des relations fraternelles qui unissent les deux Etats.
Enfin, qu’en est-il des diplômés guinéens ayant suivi leur cursus universitaire ou académique au Maroc ?
Les anciens étudiants guinéens du Maroc s’en sortent très bien aussi bien en Guinée qu’à l’extérieur. Le diplômé des écoles et universités marocaines aborde le milieu des offres d’emploi avec une longueur d’avance sur les autres, surtout en Guinée. Cela pour plusieurs raisons : les offres de formation au Maroc sont en parfaite adéquation avec les offres d’emploi, la formation fournie par ses institutions relève d’une qualité compétitive à travers le monde, avec le sérieux qu’elle caractérise. Aussi, vivre au Maroc pour un étudiant, est une expérience d’ouverture d’esprit et d’acceptation de l’autre, permettant ainsi une plus grande facilité d’intégration en milieu de travail. Bref, c’est une chance d’être passé par ici.
Propos recueillis par
Wolondouka SIDIBE