Les premiers secrets du futur grand stade de Casablanca ont été révélés, publiquement, par son architecte, Tarik Oualalou, lors de la 5ème édition de la Science Week, organisée par l’UM6P. Dans cette interview, le jeune concepteur nous dévoile les éléments qui façonnent ce bijou architectural, inspiré de la tradition de l’hospitalité marocaine. Explications.
Le sentiment général de participer à un projet, aussi particulier et important, est une véritable fierté. Ce qui justifie le travail acharné de tous les intervenants, qu’il s’agisse de la fédération, du maître d’ouvrage ou des autres acteurs, contribuant à notre petite échelle à la réussite de la Coupe du Monde.
Le stade emprunte la figure d’une tente. Qu’est-ce qui vous a inspiré dans cette démarche et quels messages cherchez-vous à véhiculer à travers cette architecture inédite ?
Cependant, la tente au Maroc est intimement associée au Moussem, un espace temporaire de rassemblement et de partage, où tout le monde se réunit pour vivre une festivité. Cela représente, bien évidemment, l’essence même d’un match de football et d’une Coupe du Monde, où tous se rassemblent pour vivre des moments de pur plaisir, loin de toute autre considération.
En optant pour la notion de la tente dans la conception de ce projet, nous cherchons à rendre hommage à la tradition de l’hospitalité marocaine, tout en tendant la main aux autres cultures du monde pour favoriser l’acceptation de l’autre. Ainsi, les spectateurs qui auront l’opportunité d’assister à un match de football au cœur de ce stade, auront non seulement l’occasion de dialoguer avec la culture marocaine, mais aussi de vivre un voyage de partage inédit.
D’un autre côté, par leur vécu et leur mémoire, les spectateurs du monde auront l’occasion de sentir une intersection avec leur propre culture. L’idée n’est pas seulement de montrer qui nous sommes, mais de les aider à trouver des points de convergence, des moments de partage et de communauté. Je pense qu’un projet d’architecture réussi est avant tout un projet qui met en valeur une culture, tout en ouvrant un pont vers d’autres cultures. Aujourd’hui, chacun des intervenants travaille dans cette perspective pour réussir cette vision commune.
Comment ce nouveau stade se connecte-t-il à son environnement ?
A vrai dire, l’enjeu était de créer un espace public qui sert à toutes les occasions et qui profite avant tout à la communauté locale. Il fallait imaginer à quoi ça pourrait servir, à d’autres espaces de sport, des espaces de jeu pour les enfants, des parcours de santé… C’est un bâtiment en dialogue avec la nature et qui ne s’impose pas à son environnement mais l’intègre en douceur.
La durabilité est un enjeu pour le Maroc de demain. Quelles mesures ont été prises pour garantir que le stade soit respectueux de l’environnement et durable à long terme ?
Mais au-delà de cette responsabilité, il est impératif de créer un nouveau lien entre le corps humain et la nature. Au fond, l’architecture n’est rien d’autre que la relation que l’homme établit entre le sol et le ciel. Cette vision n’est plus un luxe, mais une nécessité, compte tenu du rapport complexe de l’homme avec la nature et des ressources désormais très rares.
Quand prévoyez-vous l’achèvement complet du projet et quel impact espérez-vous avoir sur l’expérience des spectateurs ?
C’est un stade de nouvelle génération destiné à être le plus grand stade dans le monde, et s’appuie sur les dernières recommandations de la FIFA avec énormément de retour d’expérience. Nous avons la chance d’avoir parmi nos partenaires le cabinet britannique Populous fort d’une expertise de longue date dans la conception de sites sportifs et de divertissement mondiaux, avec lesquels nous veillerons à garantir une immense expérience footballistique avant le match, pendant et après le match.
A quel point le Maroc a façonné votre style ?
Le Maroc est l’un des grands théâtres du XXIème siècle où l’humanité peut réinventer son rapport au monde.
Comment appréhendez-vous l’évolution du paysage contemporain de l’architecture ?
Tirant les leçons des expériences passées, notre responsabilité en tant qu’architectes est d’épurer ce que nous avons créé de toute influence et sans aucune résistance, que nous n’aurions pas pleinement maîtrisée. Cette implication enthousiaste a inévitablement conduit à la détérioration de notre planète et de notre nature.
Nous sommes conscients que notre participation à ce grand projet nous définira de manière indélébile pour les générations à venir, d’où la nécessité pour la nouvelle génération d’architectes d’adopter des pratiques de construction responsables, tant pour notre environnement que pour la gestion de nos ressources.
Mina ELKHODARI
Jeune architecte imprégné de culture et de philosophie de vie, les propos de Tarik Oualalou n’ont pas manqué de romantisme lorsqu’il a présenté ce joyau architectural, lors de la 5ème édition de la Science Week, qui se tient jusqu’au 23 février à Benguerir. Lui-même impressionné par l’originalité de ce projet, le jeune a fait appel à une démarche architecturale novatrice qui s’imprègne de la tradition marocaine comme une véritable modernité à ancrer et à transmettre, dans des occasions comme la Coupe du Monde ou la Coupe d’Afrique.
D’une capacité d’accueil de 115.000 places, le stade baptisé Hassan II est conçu pour toutes les occasions réunissant les communautés, et pas uniquement pour la Coupe du Monde. « Ce grand stade bénéficiera également à nos prestigieux clubs de Casablanca, le Raja et le Wydad, et permettra de réinventer l’expérience des spectateurs ainsi que leurs interactions avec leur club préféré », a-t-il déclaré sur un ton optimiste, devant une salle captivée. Il était d’ailleurs évident de percevoir l’impression positive du public, les yeux rivés sur les images vivantes du stade présentées par Tarik Oualalou.
Grand amateur de football, et fin connaisseur des attentes des spectateurs, l’architecte promet une nouvelle expérience de connexion avec la nature, offrant une vue ouverte favorisant le dialogue entre le sol et le ciel, et entre l’homme et la nature. Il s’agit, selon lui, d’une expérience inédite qui se trouve au Maroc, et nulle part ailleurs.