La Journée de la création d’entreprises, organisée en février dernier en France, a réuni des Marocains résidant à l’étranger désireux de développer des projets à fort impact, notamment dans les domaines de la technologie et de l’agriculture durable. Nous avons interviewé Zineb Hatim, présidente du Réseau Maroc Entrepreneurs, qui a fait la rencontre de cette nouvelle génération d’entrepreneurs.
-Cette journée fut un moment de rencontres, d’échanges et surtout d’inspiration, à l’occasion des 25 ans de Maroc Entrepreneurs. J’étais particulièrement impressionné par la participation de porteurs de projets qui sont repartis avec une immense motivation pour participer à la dynamique de développement dans notre pays.
L’énergie qui s’est diffusée tout au long de la journée était incroyable, témoignant de l’attachement profond des Marocains du monde à leur pays et de leur réelle volonté d’y contribuer.
Le témoignage des entrepreneurs a été le fer de lance de la journée, avec des parcours de femmes et d’hommes, chacun ayant surmonté des défis uniques. Leurs success stories ont résonné telle une source d’inspiration pour la nouvelle génération d’entrepreneurs. Les récits de ces figures influentes offrent une vision concrète et motivante de ce qu’il est possible d’accomplir, incitant ainsi de nombreux participants à franchir le pas de l’entrepreneuriat.
Quel regard portez-vous sur l’engouement des Marocains résidant à l’étranger pour l’investissement au Maroc ?
-L’engouement des MDM pour l’investissement au Maroc est très prometteur. De plus en plus de Marocains vivant à l’étranger y voient un terrain fertile pour des investissements stratégiques. Ils souhaitent contribuer au développement économique du Maroc, et cet intérêt va bien au-delà du simple retour aux racines.
Les jeunes MDM se tournent de plus en plus vers des secteurs innovants tels que la technologie, les énergies renouvelables, l’agriculture durable et le tourisme responsable. Ces secteurs non seulement offrent un fort potentiel économique, mais s’alignent également avec une volonté de contribuer à des projets à impact positif pour la société et l’environnement. Ils recherchent des opportunités où ils peuvent allier rentabilité et impact social, ce qui leur permet d’être acteurs d’un développement durable au Maroc.
Y a-t-il des idées ou des projets que vous envisagez d’accompagner après cet événement ?
-Nous avons repéré plusieurs projets prometteurs qui seront accompagnés dans les mois à venir. Ces projets sont divers, allant des startups technologiques aux initiatives dans l’agriculture durable. Le Réseau Maroc Entrepreneurs mettra en place un accompagnement personnalisé à travers des programmes de mentorat, des conseils stratégiques et un soutien pour lever des fonds, leur permettant d‘affiner leur business model. Nous sommes déterminés à fournir un cadre propice à leur développement pour assurer leur succès à long terme à l’image de notre expérience avec 150 projets soutenus.
Notre pays connaît une dynamique de développement majeur, stimulée notamment par les événements internationaux à venir. Quelles opportunités, selon vous, ces événements offrent-ils aux MRE et comment peuvent-ils en tirer parti ?
-Les événements internationaux à venir représentent une vitrine idéale pour les MRE. Ces événements offrent une occasion en or de se connecter avec des investisseurs et des partenaires stratégiques, et de présenter leurs projets. Ils peuvent ainsi bénéficier d’une visibilité accrue et créer des synergies avec des acteurs internationaux. Les MRE ont donc une opportunité unique d’influencer les grands projets d’investissement au Maroc et de jouer un rôle crucial dans la croissance du pays.
Comment évaluez-vous l’évolution du climat des affaires au Maroc, notamment pour les Marocains du monde ? Quelles sont, selon vous, les contraintes majeures qui persistent à ce niveau ?
Le climat des affaires au Maroc a indéniablement évolué positivement grâce à une vision claire, accompagnée de réformes visant à améliorer la compétitivité et attirer les investisseurs étrangers, en particulier dans des secteurs stratégiques comme l’industrie, les énergies renouvelables et les technologies de l’information. Cependant, des défis demeurent, notamment en ce qui concerne les complexités administratives et l’accès au financement.
Certes, la digitalisation a simplifié plusieurs procédures, réduisant les délais et les obstacles bureaucratiques. De plus, des fonds d’investissement, des garanties bancaires facilitées et des programmes d’accompagnement offrent désormais plus d’opportunités aux entrepreneurs.
Toutefois, les investisseurs se retrouvent toujours devant des conditions contraignantes qui limitent leur potentiel. D’où la nécessité de renforcer la communication sur les dispositifs mis en place et de continuer à œuvrer pour la généralisation de mécanismes de financement adaptés au profit des MDM.
Les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI mettent en avant la nécessité d’intégrer davantage la diaspora dans les stratégies de développement du Maroc. Comment mettre en œuvre cette vision dans un environnement encore en développement pour les entrepreneurs ?
La vision royale constitue une véritable feuille de route, illustrée par des projets phares tels que la création de la Fondation Mohammedia. Pour concrétiser cette vision, il est nécessaire de renforcer continuellement les liens entre le Maroc et ses citoyens à l’étranger, notamment à travers la mise en place de guichets uniques pour faciliter les démarches administratives. Il s’agit aussi de plateformes de mise en relation pour encourager les collaborations entre entrepreneurs MRE et investisseurs. Ces initiatives permettront aux MDM de jouer un rôle essentiel dans le développement économique du Royaume en parfaite adéquation avec les orientations royales.
Quels conseils donneriez-vous aux MRE qui envisagent de créer leur propre entreprise au Maroc ?
– Mon premier conseil est d’abord osez, mais préparez-vous bien. Lancer un projet au Maroc, c’est une aventure passionnante, mais qui demande de la patience et de la résilience. Il faut bien s’entourer, connaître son marché et être prêt à s’adapter. Et surtout, il faut y aller avec un vrai engagement, car le Maroc est un pays d’opportunités pour ceux qui sont prêts à s’investir pleinement.
Deuxièmement, il faut créer un réseau solide. Le succès d’un entrepreneur repose en grande partie sur sa capacité à créer des connexions avec les acteurs locaux : entrepreneurs, institutions, experts sectoriels… Un bon réseau vous ouvrira des portes, vous aidera à surmonter les obstacles et à mieux comprendre les spécificités du marché marocain. Participez à des événements et n’hésitez pas à échanger avec ceux qui ont déjà sauté le pas.