Malgré une baisse mondiale de 11 % des IDE en 2024, l’Afrique enregistre un rebond spectaculaire de 75 %, mené par l’Afrique du Nord. Le Maroc se distingue avec une augmentation de 55 % de ses IDE, atteignant 1,6 milliard de dollars, et attire des capitaux dans la construction et l’économie verte, renforçant ainsi sa position stratégique.
L’IDE mondial traverse une zone de fortes turbulences. En 2024, la CNUCED a observé une baisse globale de 11 % des IDE, marquant une deuxième année consécutive de recul, loin d’un redressement durable. Bien que le volume mondial ait techniquement affiché une hausse de 4 % pour atteindre 1.500 milliards de dollars, la CNUCED qualifie cette performance de trompeuse.
« Trop d’économies sont écartées non par absence de potentiel, mais parce que le système oriente les capitaux là où c’est le plus commode, non là où c’est nécessaire », a alerté Rebeca Grynspan, Secrétaire Générale de la CNUCED. Elle insiste cependant sur la possibilité de renverser la tendance : «Pourtant, il est possible de changer cela. Si nous alignons l’investissement public et privé sur les objectifs de développement et rétablissons la confiance, la stabilité et la prévisibilité reviendront».
Selon la CNUCED, ce contexte mondial, marqué par les tensions géopolitiques, la fragmentation du commerce et une concurrence accrue des politiques industrielles, pousse les entreprises multinationales à privilégier la gestion des risques à court terme au détriment des stratégies à long terme.
Alors que les flux en Afrique de l’Ouest connaissaient un léger repli, l’Afrique du Nord voyait ses IDE bondir de manière spectaculaire (+277 %). Au sein de cette dynamique, le Maroc a enregistré une progression remarquable de 55 % de ses IDE, atteignant 1,6 milliard de dollars en 2024, tandis que la Tunisie progressait de 21 %. Ce regain d’intérêt témoigne d’une confiance accrue des investisseurs dans la stabilité et le potentiel de développement de la région.
Le continent africain continue de voir les investisseurs européens détenir le plus grand stock d’IDE, suivis par les États-Unis et la Chine. Les investissements chinois, évalués à 42 milliards de dollars, montrent une diversification notable, s’étendant désormais aux secteurs de l’industrie pharmaceutique et de l’agroalimentaire. Un tiers des projets liés à l’initiative chinoise «Belt and Road» en Afrique sont désormais axés sur les infrastructures sociales et les énergies renouvelables, reflétant une évolution des priorités.
et pionnier de l’économie verte
Au-delà des flux financiers, le Maroc se positionne stratégiquement dans la transition énergétique mondiale. Le Royaume a attiré un projet majeur de production d’ammoniac vert et de carburants synthétiques, bénéficiant d’investissements clés originaires de Chine, de France, des Émirats Arabes Unis et du Royaume-Uni. Selon la CNUCED, cette initiative concrète s’inscrit dans un mouvement global où le Maroc, à l’instar du Botswana, du Kenya et de l’Uruguay, explore activement des cadres de taxation du carbone, renforçant son rôle de leader en matière de durabilité environnementale sur le continent.
une nouvelle ère de coopération
Deux facteurs complémentaires expliquent ce changement. D’une part, une part croissante des AII se concentrent désormais sur la facilitation, la coopération et la libéralisation, privilégiant des mécanismes de résolution amiable des différends ou des règlements État-État. D’autre part, un large consensus sur la nécessité de réformer le système d’arbitrage investisseur-État conduit à des approches plus prudentes, avec une augmentation des accords optant uniquement pour la résolution des différends entre États ou reportant les négociations sur un éventuel mécanisme ISDS.
En conclusion, le Maroc, par ses choix stratégiques dans la construction, les énergies vertes et sa participation active aux évolutions de la gouvernance des investissements, démontre sa capacité à être un pôle d’attraction résilient et un acteur de premier plan. Dans un monde de plus en plus incertain, le Royaume illustre comment une approche proactive peut transformer la volatilité en opportunités de développement durable.
Les investissements dans des secteurs cruciaux pour les ODD ont subi des baisses particulièrement fortes en 2024, notamment les énergies renouvelables (-31 %), les transports (-32 %) et l’eau et l’assainissement (-30 %). Ces reculs sont préoccupants, car ces secteurs sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable et lutter contre le changement climatique. Seuls les IDE dans l’économie numérique ont augmenté de 14 %, mais cette croissance reste concentrée, laissant de nombreuses économies en développement à la traîne.
Face à ces défis, la CNUCED appelle à un « capital plus intelligent » des investissements à long terme, inclusifs et alignés sur le développement durable. L’Organisation propose un programme en sept points pour promouvoir les investissements numériques responsables et atteindre les ODD. Ce programme vise à améliorer la gouvernance des données et de l’IA, ainsi que le développement d’outils politiques adaptés pour soutenir les investissements numériques.
Il cherche également à promouvoir des règles mondiales pour les investissements numériques et à renforcer les infrastructures numériques dans les pays en développement. En outre, le programme de la CNUCED met l’accent sur la nécessité de créer des écosystèmes d’innovation, de renforcer les compétences numériques et de promouvoir des investissements numériques responsables pour atteindre les objectifs de développement durable.