A-t-on jamais parlé de journalisme sportif d’investigation au Maroc malgré les scandales qui secouent sporadiquement la sphère ? On ne sait que trop. En tout cas, l’Agence Marocaine Antidopage a pris l’initiale d’élucider cette question lors d’une journée, dédiée aux représentants des organes de presse et ce, en collaboration avec l’association “la Marocaine des Journalistes Sportifs”.
Tous les aspects de la presse d’investigation ont été abordés, prenant comme exemple le dopage dans le sport. On a fait le tour du sujet en tenant compte des éléments qui se rattachent à toute opération d’investigation, touchant à divers volets comme l’organisation des institutions de presse, jusqu’à la signalisation des dérapages, en passant par le volet juridique. Une formation complète qui a révélé les éléments ayant une influence sur l’investigation dans notre pays. L’information telle que publiée devrait reposer sur deux éléments de base à savoir des sources fiables et un équilibre dans le traitement pour garantir la crédibilité. Malheureusement, indique-t-on, les fake news et le sensationnel sont les sujets récurrents dans la presse nationale. Or, le rôle des médias est également la sensibilisation contre les fléaux néfastes, comme le dopage dans la sport. Plus encore, le téléphone cellulaire est venu compliquer la situation et contribue à la décadence de l’information utile. Le portable a créé un monde parallèle qui a fini par phagocyter le monde de la presse et donner libre cours à la médiocrité, influençant nombreux métiers. L’addiction au GSM a contribué à l’isolement et donc à certaines maladies comme la dépression. On compte au Maroc pas moins de 80 millions de téléphones dont plus de la moitié sont abonnés, et une consultation moyenne quotidienne de 8 heures ! Que reste t-il pour des sujets sérieux comme la sensibilisation ? Pire, le téléphone portable a tué la presse écrite.
Comment faire donc de l’investigation alors que les portes des institutionnels sont closes, en flagrant délit vis-à-vis du droit à l’information qui est garanti par la loi. On estime que le journaliste a justement pour mission principale la production de l’information, sachant que la sensibilisation même est du ressort d’autres entités, indique-t-on.
Malgré toutes les tares, la presse sportive reste le secteur le plus dynamique dans notre pays mais la progression est entravée par les intrus qui portent la cagoule de journalistes. Le sport est dominant également sur toute la planète comme le montrent les statistiques. Elles indiquent que 80% de la population mondiale est intéressée par le sport et tout ce qui s’y attache. Cet intérêt influence la part du sport dans les PIB. L’autre indicateur, sont les finances de la FIFA par exemple, qui ne cessent de se consolider au gré des années au point de supplanter des institutions économiques et bancaires internationales. Le business du sport est tiré vers le haut par le sentiment de fierté des peuples envers leurs sélections nationales ou leurs champions individuels. Cela conduit souvent à la recherche de la performance maximale et ouvre ainsi la voie à la triche sous forme de dopage et autres anabolisants. Aussi, tous les rêves des peuples et toute la dynamique du secteur se retrouve sous la menace de ce fléau nocif.
Dans le subconscient de l’homme de la rue, la pratique du dopage est automatiquement suivie de contrôle et donc de sanctions. Or, ce n’est pas toujours le cas puisque qu’une entité comme l’AMAD, dont la philosophie repose plus sur la sensibilisation, ne pourra jamais jouer le rôle de gendarme, en présence d’un arsenal juridique composé la loi 97.12, la Loi 30.09, la loi pénale et la Moudouwana antidopage, en plus des conventions internationales dont le Maroc est signataire. La Loi 97.12 a pour objectifs, entre autres, la protection de la santé publique et la garantie de l’éthique dans la pratique sportive. Il s’agit plus de prévention contre les égarements à l’instar de l’AMAD. L’Agence est concernée au même titre que certains départements ministériels, les collectivités locales, le corps médical … Le grand public est désormais concerné également, une application a été élaborée à cet effet et mise à sa disposition, portant le nom de Nazih. Servant à signaler tout cas de dopage, cette application compte parmi les plus évoluée au monde, conçue par des Marocains.
C’est dire que toutes velléités d’investigation doit tenir de cet ensemble alambiqué afin de parvenir au but recherché. La résolution d’une telle matrice requiert cependant beaucoup de patience, d’abnégation et de solidarité. Aussi, la question est de savoir si nos institutions de presse seront prêtes à aider leurs journalistes à se mettre au diapason du changement et parvenir à une presse qui joue réellement son rôle informatif et économico-social.