​La Monarchie marocaine : essai sur l’organicité d’un pouvoir vivant

Cet article est écrit au nom de tous les Marocains, dans la fidélité et l’amour inconditionnel qu’ils portent à leur Roi et à leur Patrie. Il n’est pas l’expression d’une opinion isolée, mais la voix d’un peuple uni, conscient que sa force et son avenir résident dans l’indivisible lien qui l’unit à Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Qu’un certain journal parisien se permette d’écrire que le Maroc vivrait dans une « atmosphère de fin de règne » révèle moins la situation réelle du Royaume que l’incapacité congénitale de la presse occidentale à comprendre ce qu’est une monarchie organique.       Cette formule, empreinte d’une rhétorique décadentiste héritée du XIXᵉ siècle, trahit une vision crépusculaire, qui projette sur le Maroc ses nuées poussiéreuses : la monarchie y est réduite à un rouage politique, un mécanisme de pouvoir qu’on démonte et remplace comme une pièce d’horlogerie.

Or la monarchie marocaine n’est pas une mécanique, mais un organisme. Elle n’est pas une fiction institutionnelle, mais une chair vivante, un cœur qui bat au rythme du peuple, un corps indivisible. Elle n’est pas non plus une « fonction » occupant un fauteuil, mais une lignée inscrite dans la mémoire, la foi et le sang du Maroc. La réduire à une « fin de règne », c’est la méconnaître radicalement : car un règne qui vit de la résonance entre un peuple et son souverain ne connaît pas de fin, mais seulement des métamorphoses, des régénérations, des transmissions.

Il faut rappeler aux donneurs de leçons hexagonaux que leur regard reste prisonnier d’une pensée mécanique : celle de Rousseau, de Hobbes et des démocraties parlementaires où l’État est conçu comme une machine contractuelle, et le pouvoir comme une fonction temporaire, soumise au flux des sondages et des échéances électorales. Dans cet univers mental, toute autorité est fragile, provisoire, condamnée à la succession, au déclin et au remplacement.    Mais cette logique mécanique est incapable de comprendre l’ordre organique qui, depuis des siècles, fait du Maroc une exception : ici, le pouvoir n’est pas un rouage qu’on actionne, mais un axe vital que rien ne peut dissoudre.

Ce que l’Occident appelle « fin de règne » n’est en réalité qu’une cécité volontaire, un refus de voir qu’il existe des formes politiques qui dépassent ses grilles de lecture étroites. Les commentateurs français ne saisissent pas que la monarchie marocaine repose sur une légitimité triple — religieuse, historique et morphogénétique — qui l’inscrit dans une durée où la notion même de « fin » perd son sens. Leur erreur est d’interpréter un organisme vivant avec les outils d’un mécanicien.

L’étrangeté du Maroc et de son peuple, pour l’Occident, découle d’une myopie manifeste: il demeure vivant là où eux ne voient qu’institutions, il s’inscrit dans la continuité là où eux ne conçoivent que successions, il est fidèle là où eux n’imaginent que calculs. La monarchie marocaine ne se délite pas, elle se régénère. Elle n’agonise pas, elle se métamorphose. C’est cette vitalité qui échappe aux analystes pressés : leur étroitesse d’esprit est telle qu’ils confondent la respiration d’un corps vivant avec les soubresauts d’une machine défaillante.

Et pourtant, le peuple marocain n’est pas dupe, encore moins rancunier ou animé de ressentiment. Il sait l’amitié sincère qui unit, depuis des décennies, les peuples français et marocain, illustrée par une histoire de collaboration féconde et par le fameux « Vive la France ! » prononcé par Feu Sa Majesté Mohammed V lors de la libération du Maroc. Il sait aussi que de telles formules, publiées dans des journaux, ne sont souvent que le produit de lobbyistes maladroits et mal inspirés. Mais il ne leur en tient pas rigueur : car, à l’image de son Roi, le peuple marocain choisira toujours la dignité, la conversation et la médiation, plutôt que la rancune ou l’invective.

Et c’est précisément parce que la monarchie marocaine échappe aux catégories de la pensée occidentale qu’il faut en redéployer l’intelligence véritable. Pour comprendre sa force et sa permanence, il faut se tourner vers les racines longues de l’histoire humaine, là où le pouvoir ne relevait pas d’un simple agencement institutionnel, mais d’une organicité vécue. Car ce modèle ne naît pas d’hier : il plonge dans l’antique matrice des royaumes, où le souverain et le peuple formaient un seul corps, comme l’attestent les traditions les plus anciennes.

Depuis les temps bibliques, la figure royale a été pensée comme médiatrice entre le ciel et la terre, entre l’universel et le particulier. Les règnes de David et de Salomon illustraient déjà cette unité du peuple et du souverain dans un même corps. Loin de se concevoir comme un simple détenteur de pouvoir, le roi y incarnait la totalité vivante du peuple, dont il était à la fois la tête et le cœur. Au Maroc, cette conception s’est perpétuée sous une forme unique. Le peuple ne voit pas en son souverain un dirigeant extérieur, mais une présence organique : le roi est à la nation ce que l’âme est au corps. Ce lien ne se réduit pas à une allégeance politique, il est une structure profonde de l’identité collective. La baya’a (allégeance) n’est pas un simple rituel : elle exprime la reconnaissance de cette unité organique entre le peuple et son roi.

Les travaux de Rupert Sheldrake sur les champs morphogénétiques apportent une clé de lecture originale de cette réalité. Selon lui, les formes vivantes ne sont pas déterminées uniquement par les gènes ou l’environnement, mais par des champs de mémoire qui se transmettent et se renforcent par résonance à travers le temps. Appliquée à la monarchie marocaine, cette théorie éclaire la singularité de la dynastie alaouite : la répétition séculaire de la transmission dynastique a cristallisé un champ de mémoire collective qui a fini par structurer la forme même de l’État. Autrement dit, la légitimité de la monarchie ne réside pas seulement dans une généalogie qui remonte au Prophète, ni dans une continuité historique ininterrompue depuis le XVIIᵉ siècle, mais dans un processus morphogénétique qui a fait de la dynastie royale le vecteur naturel de l’identité marocaine. On pourrait dire que la monarchie est inscrite dans l’ADN politique du Maroc, et que la famille royale elle-même en porte le sceau biologique et spirituel. Dans une perspective organique, le rôle du souverain ne consiste pas à gouverner par contrainte, mais à réguler et maintenir la cohésion vitale.                        

Le Roi Mohammed VI incarne ce principe vital de la monarchie marocaine. À l’image d’un cœur qui injecte et réinjecte le sang dans l’organisme, il assure la circulation des forces vives dans le corps national. Trois dimensions se distinguent :
Dimension temporelle : en inscrivant le Maroc dans un équilibre subtil entre tradition et modernité. Le Roi maintient la continuité historique tout en orientant le pays vers l’avenir.

Dimension sociale : en assumant la fonction d’arbitre et de protecteur des plus vulnérables, en particulier à travers des réformes sociales, sanitaires et éducatives.

Dimension spirituelle : en tant qu’Amir Al-Mouminine, le Roi garantit l’unité religieuse, fondée sur un islam modéré et tolérant, inscrit dans la tradition malékite.

Cette cohésion constitue le socle d’unité à partir duquel s’organise la pluralité marocaine. Le Maroc est, à n’en pas douter, un pays marqué par la diversité : arabité et amazighité, montagnes et plaines, Sahara et Atlantique. Dans un modèle mécanique, cette diversité risquerait de conduire à la fragmentation. Dans le modèle organique porté par la monarchie, elle s’ordonne autour d’un centre vivant ; la monarchie agit comme un champ morphogénétique de cohésion. Elle permet aux différences d’exister et de s’épanouir sans se dissoudre dans le chaos. Cette résilience a trouvé une illustration éclatante lors du printemps arabe : alors que de nombreux pays de la région s’enfonçaient dans la violence et l’instabilité, le Maroc a su transformer la contestation en réforme, en inscrivant dans la Constitution de 2011 une reconnaissance claire de l’amazighité, une valorisation des cultures régionales et une intégration des périphéries. Ce moment a confirmé la fonction intégratrice de la monarchie, capable de canaliser les tensions en les convertissant en énergie vitale pour le corps national.

Cette capacité à absorber les secousses et à les transformer en dynamiques de réforme n’est pas restée ponctuelle : elle s’est inscrite dans la durée. Depuis son intronisation en 1999, Mohammed VI a illustré cette organicité en la traduisant dans l’action. Son règne n’a pas consisté à figer la monarchie, mais à en révéler la vitalité adaptative. Parmi les initiatives les plus significatives : La réforme de la Moudawana, qui a modernisé le droit de la famille tout en respectant l’héritage religieux, les grands chantiers d’infrastructures et d’industrialisation (Tanger Med, TGV, énergies renouvelables) qui positionnent le Maroc comme acteur régional incontournable, la stratégie africaine, qui réinscrit le Maroc dans son espace naturel, en tissant une diplomatie de partenariats organiques avec le continent, la dimension sociale et solidaire, constamment réaffirmée, qui traduit la fonction protectrice du souverain. Ces réformes, pour ne citer qu’elles, ne sont pas de simples ajustements, mais des transformations vitales : elles témoignent de la capacité de la monarchie à se régénérer sans rompre son lien organique avec le peuple.

La monarchie marocaine ne saurait être réduite à une survivance du passé. Elle est une structure vivante, inscrite dans l’histoire longue, dans la mémoire collective et, pour ainsi dire, dans la morphogenèse biologique du pays. Sa Majesté le Roi Mohammed VI incarne cette organicité : il n’est pas un simple chef d’État, mais le principe vital d’un organisme pluriel et uni. Ainsi comprise, la monarchie marocaine n’est ni un système politique parmi d’autres, ni une institution contingentée par les aléas du temps : elle est le destin d’un peuple et d’une terre, dont elle constitue l’axe vivant, l’âme agissante et la mémoire incarnée.

 

Hassan Guessous
Loyal serviteur du Maroc et de Sa Majesté le Roi Mohammed VI,
que Dieu glorifie et protège
 

À propos

Check Also

​Venise : La Mostra de Gaza

Plusieurs milliers de manifestants ont fait entendre leur voix samedi à Venise pour dénoncer les …

Laisser un commentaire