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Treize années d’attente, de promesses non tenues et de souffrances silencieuses : à El Jadida, la santé mentale demeure le parent pauvre du système hospitalier. Depuis la fermeture de l’ancien hôpital Mohammed V, les patients atteints de troubles psychiques sont relégués à une aile vétuste, transformée en 2013 en unité provisoire de psychiatrie. Cette structure ne dispose que de 33 lits pour une population de près de 914 000 habitants, soit un lit pour 27 696 personnes — un ratio alarmant, bien en deçà des normes établies par l’Organisation mondiale de la santé.
Ce retard chronique a des conséquences tragiques. Faute de prise en charge adaptée, certains malades sont internés de force, d’autres livrés à eux-mêmes, errant dans les rues ou se tournant vers des pratiques occultes. Des drames ont éclaté, dont le plus récent a bouleversé la commune de Sidi Ali Ben Hamdouch : un patient souffrant de troubles mentaux a tué sa femme et sa fille d’un an avant de se suicider en prison, sans avoir été jugé.
Le territoire ne compte plus qu’une seule psychiatre en exercice, contre quatre avant 2013. Ce déficit humain, conjugué à l’absence d’infrastructure, pousse les familles à entreprendre des trajets coûteux vers Berrechid, Salé, Casablanca ou Marrakech, quand leurs moyens le permettent. Pendant ce temps, le taux de suicide dans la région dépasse les 38 cas annuels, incluant des enfants.
Ce statu quo, devenu intolérable, appelle une mobilisation urgente. Il est temps que les autorités sanitaires honorent leurs engagements et offrent à El Jadida une prise en charge psychiatrique digne, humaine et conforme aux besoins de sa population.
