À l’occasion de la Journée internationale de soutien aux victimes de disparitions forcées, la Coalition des ONG sahraouies a publié une déclaration soulignant la souffrance des familles et des victimes face à ces pratiques, ainsi que leurs profondes répercussions psychologiques et sociales.
La Coalition a insisté sur le fait que les disparitions forcées ont de multiples conséquences sur les victimes et leurs proches, notamment une peur constante pour la vie de leurs proches et l’incertitude quant à leur sort, en l’absence de toute mesure de dissuasion juridique ou de protection efficace contre ces violations.
La déclaration a ajouté que la poursuite de ces pratiques constitue une grave menace pour l’État de droit et les droits humains dans la région.
La Coalition a mis en garde contre l’augmentation du nombre de disparitions forcées dans certains pays africains, notamment l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Botswana, l’Éthiopie, la Namibie et le Zimbabwe, soulignant le manque de volonté politique de ratifier ou d’adhérer à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.
La déclaration a également souligné la responsabilité du Polisario dans les graves violations commises contre les Sahraouis, notamment la torture, les assassinats et les disparitions préméditées. Certains gouvernements continuent de soutenir ces pratiques en protégeant leur organisation et en dissimulant ces crimes dans les camps de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie.
Dans le cadre de ses propositions, la Coalition a appelé à :
Encourager l’Algérie à ratifier la Convention internationale pour la prévention et la répression des disparitions forcées, à révéler les violations et à garantir réparation aux victimes ; Renforcer la coopération avec les procédures spéciales des droits de l’homme et permettre au Groupe de travail sur les disparitions forcées un accès sans restriction à toutes les régions ; Permettre au Groupe de travail de visiter les camps de Tindouf, de suivre les cas de disparitions forcées et d’assurer le suivi des victimes ; Permettre aux organisations internationales d’enquêter sur les cas de disparitions forcées et de répondre à leurs recommandations ; Dénoncer et documenter les graves violations commises dans les camps de Tindouf depuis 1975 et punir les responsables de ces crimes ; Enquêter sur la disparition de Khalil Ahmed Ibrih à Alger, identifier son lieu de détention et traduire les responsables en justice ; Sensibiliser aux dangers des disparitions forcées, soutenir les familles touchées, renforcer leur résilience et lutter contre l’injustice.
La Coalition a souligné que les efforts visant à mettre en lumière les disparitions forcées et à surveiller les violations constituent une étape essentielle pour renforcer la protection des droits humains et garantir que de telles pratiques ne se reproduisent pas dans la région.
À noter que ces derniers jours, on parle dans les camps d’une nouvelle disparition, et non des moindres : celle de Moustafa Mohamed Ali Sidi Bachir.
Moustafa est l’un des plus importants dirigeants du Polisario. Natif de Laâyoune, il avait intégré les rangs de la police espagnole avant de rejoindre les fondateurs du Polisario à Zouerate, dans le nord de la Mauritanie, en 1973. Il intégra les combattants de la milice du Polisario avant d’être envoyé en formation en Algérie, dans la base Gherchel, où il fut promu au rang de colonel, puis à Cuba.
En 2018, alors qu’il était chargé de la diaspora sahraouie, il fit la fameuse déclaration selon laquelle il n’était pas ministre et que Brahim Ghali n’était pas président, mais qu’ils n’étaient que des réfugiés sans autre statut, ce qui lui valut d’être écarté par l’Algérie.
Dernièrement, en 2024, dans une nouvelle déclaration, il a souligné son appartenance ainsi que celle de ses aïeux au Maroc, précisant qu’ils n’avaient rien à voir avec l’Algérie, un pays qu’il rejette.
Ces déclarations ont été très mal perçues par les généraux algériens, qui n’attendaient que l’occasion pour lui faire payer. Selon nos sources dans les camps de Tindouf, Moustafa, qui était bien portant mais se sentait fatigué, prit sa voiture pour se rendre à l’hôpital régional de Tindouf. Il y fut diagnostiqué d’un AVC et transféré immédiatement à Alger.
Les membres de sa famille, venus s’enquérir de son état, furent dirigés vers l’hôpital Aïn Naâja, où ils découvrirent leur patient dans un état lamentable, incapable de parler ou de bouger.
Ils se souvinrent du cas de Khalil Ahmed, envoyé pour assister à une conférence et disparu à jamais. Ces deux cas ne sont pas uniques : des centaines de cadres sahraouis ont été séquestrés par les autorités algériennes et portés disparus, tout simplement parce qu’ils tiennent un discours qui déplaît aux généraux algériens.