À l’approche de sa 69ᵉ Conférence générale, prévue du 15 au 19 septembre 2025 à Vienne, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se prépare à un moment clé de dialogue stratégique entre ses États membres. Dans un contexte international instable, marqué par une complexification des enjeux énergétiques, climatiques et géopolitiques, l’AIEA continue d’affirmer son rôle central dans la gouvernance du nucléaire civil.
Sous la direction de Rafael Mariano Grossi, reconduit pour un second mandat, l’AIEA s’appuie sur deux organes principaux : le Conseil des gouverneurs (35 membres), garant des orientations stratégiques, et la Conférence générale, qui rassemble tous les États membres pour approuver les priorités et le budget de l’agence.
L’édition 2025 de la Conférence générale devra aborder plusieurs enjeux structurants : le cadre budgétaire, les défis de sûreté nucléaire, l’adoption de technologies innovantes, la lutte contre la prolifération, ainsi que la contribution du nucléaire à l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD).
Face à des tensions croissantes, à une transition énergétique encore inachevée et à l’urgence climatique, l’AIEA apparaît plus que jamais comme un acteur essentiel du multilatéralisme scientifique et technique, au service d’un nucléaire sûr, responsable et inclusif.
❖ Budget annuel autour de 400 millions de dollars, en hausse de 30 % sur cinq ans pour répondre aux défis.
❖ Personnel de 2 600 employés, dont 900 experts techniques et inspecteurs.
❖ Plus de 450 projets de coopération technique en cours dans 148 pays.
❖ 2 800 inspections effectuées en 2024 dans 155 pays, assurant la conformité nucléaire aux traités internationaux.
L’AIEA favorise un transfert durable de technologies par formations, assistance technique, missions d’experts et renforcement institutionnel. En Afrique, de nouvelles unités de radiothérapie, infrastructures de surveillance de l’eau et laboratoires vétérinaires certifiés ont été mis en place. En Amérique latine et en Asie, le soutien technique a permis l’installation de capteurs pour la détection précoce des radiations, la création de bases isotopiques pour l’agriculture de précision et des stratégies de désalinisation nucléaire.
Les petits États insulaires et pays sans programme nucléaire accèdent à des technologies dans la santé, l’alimentation et l’environnement. Le soutien aux femmes scientifiques s’intensifie avec plus de 350 bourses Marie Sklodowska-Curie en 2024.
Le nouveau portail numérique TC Pro facilite le suivi en ligne des projets, l’accès aux documents et l’interaction directe entre États et coordinateurs. L’AIEA encourage aussi la création de centres d’excellence régionaux pour renforcer la souveraineté technologique par le partage des bonnes pratiques.
Cette coopération s’inscrit pleinement dans les Objectifs de développement durable des Nations Unies, soutenant la santé (ODD 3), l’eau (ODD 6), l’alimentation (ODD 2) et la lutte contre le changement climatique (ODD 13).
❖ Santé : Le programme Rays of Hope compte dix centres de référence en radiothérapie, répartis dans plusieurs pays (Jordanie, Maroc, etc.), avec un onzième en préparation. Le Ramathibodi Hospital en Thaïlande est devenu un centre régional spécialisé en radiothérapie pédiatrique, tandis qu’un atelier régional a eu lieu à Buenos Aires. Le guide « Setting Up a Comprehensive Cancer Centre » a été publié pour aider à créer des infrastructures modernes de traitement du cancer. Le Programme d’Action pour la Lutte Contre le Cancer (PACT) soutient plus de 100 pays, notamment les régions à faibles ressources. La production locale de radiopharmaceutiques améliore l’accès aux soins en garantissant leur sécurité.
❖ Agriculture : L’initiative Atoms4Food (AIEA/FAO) est devenue un pilier pour transformer les systèmes agroalimentaires, agissant sur la productivité, la nutrition, la sécurité sanitaire et l’adaptation au climat. Une mission ciblée a été menée au Burkina Faso, pays gravement touché par l’insécurité alimentaire. La technique de l’insecte stérile (TIS) a permis de réduire les pertes agricoles en Afrique, Amérique latine et Asie. L’optimisation de l’irrigation et de la fertilisation grâce à des traceurs isotopiques favorise une agriculture durable.
❖ Santé animale et sécurité microbienne : Le programme ZODIAC lutte contre les pandémies zoonotiques avec 128 laboratoires certifiés et 39 équipés, couvrant 150 États membres.
❖ Environnement : L’initiative NUTEC Plastics surveille les microplastiques dans 86 pays et développe des technologies de recyclage par rayonnement. Le réseau GloWAL (Global Water Analysis Laboratory) renforce les capacités d’analyse isotopique de l’eau dans 54 pays. Un partenariat avec la Banque mondiale équipe le Niger en laboratoires d’analyse de l’eau. L’AIEA prépare le Forum « Atoms for Water » pour 2025, soulignant l’importance de la gestion de l’eau face au changement climatique.
L’AIEA détecte aussi la présence de microplastiques en Antarctique, renforce la certification isotopique pour lutter contre la fraude alimentaire et soutient des innovations technologiques en surveillance industrielle, notamment dans l’impression 3D.
À l’intersection de ces secteurs, l’Agence développe des synergies entre nucléaire, santé, environnement et développement durable, confirmant son rôle d’acteur global de l’innovation scientifique.
En Europe, la France relance le chantier du réacteur EPR de Flamanville, avec une mise en service prochaine envisagée, tandis que la Finlande achève son troisième réacteur EPR à Olkiluoto, symbole de renaissance nucléaire en Europe du Nord. Aux États-Unis, les petits réacteurs modulaires (SMR) suscitent un intérêt croissant, adaptés aux zones isolées et aux réseaux électriques plus petits.
Au-delà de la production électrique, l’AIEA promeut le nucléaire comme levier essentiel de décarbonation. Aujourd’hui responsable d’environ 16 % de l’électricité mondiale, cette part devrait croître grâce au soutien de l’Agence aux États intégrant l’énergie atomique dans leurs plans climatiques, conciliant objectifs de neutralité carbone, sécurité énergétique et innovation.
Sur le terrain, plus de 2 800 inspections ont été réalisées dans 155 pays. L’Agence s’appuie sur des outils numériques avancés : capteurs connectés, plateformes de données en temps réel, télédétection et imagerie intégrée, permettant une détection rapide des écarts et une transparence accrue.
La sécurité radiologique est également renforcée. Plus de 90 pays ont bénéficié en 2024 de formations, d’assistance réglementaire et de missions d’expertise pour améliorer leurs infrastructures de radioprotection, établir des niveaux de référence diagnostiques et renforcer leurs capacités de réponse en cas d’incident radiologique ou d’exposition accidentelle.
❖ Prévention : appui aux États pour la sécurisation physique des matières nucléaires sensibles et des installations stratégiques (contrôle d’accès, surveillance, cybersécurité).
❖ Détection : déploiement de technologies de pointe (spectromètres portatifs, capteurs, systèmes passifs) pour repérer toute tentative de sabotage ou de trafic illicite.
❖ Intervention : formation d’équipes spécialisées, exercices internationaux de simulation, coordination des réponses d’urgence.
En 2024, plus de 130 incidents de trafic illicite ont été signalés, l’un des bilans les plus élevés de la décennie. En réponse, l’AIEA intensifie son assistance aux forces de l’ordre, douanes et agences de renseignement à travers formations ciblées, fourniture d’équipements de détection mobile et partage d’informations via la base ITDB (Incident and Trafficking Database), outil de coordination mondiale contre la prolifération et l’utilisation malveillante de matières radioactives.
Très bien, voici la partie suivante sur les garanties, la non-prolifération et les inspections nucléaires, toujours avec un souci de concision sans perte d’informations importantes :
Dans 75 pays, l’AIEA a pu confirmer que toutes les matières nucléaires étaient exclusivement utilisées à des fins pacifiques, une avancée notable. Le Maroc a obtenu pour la première fois cette « conclusion élargie », marquant une conformité totale.
Pour renforcer les capacités nationales, l’AIEA déploie le programme COMPASS, qui accompagne des pays comme le Bangladesh, la Bolivie, le Cameroun et le Ghana dans la mise en place de structures de conformité robustes.
L’Agence modernise aussi ses outils avec, par exemple, le Robotized Cherenkov Viewing Device, un robot autonome flottant utilisé pour inspecter les bassins de stockage de combustibles irradiés à distance, améliorant la sécurité et l’efficacité des vérifications.
L’Iran, bien que son enrichissement d’uranium ait atteint 60 %, très proche du seuil militaire, le pays a accepté un renforcement des inspections sur son site de Fordow. Néanmoins, en juin 2025, le Conseil des gouverneurs de l’AIEA a officiellement déclaré que l’Iran violait ses engagements en matière de non-prolifération, notamment en refusant d’expliquer certaines activités nucléaires non déclarées.
Ce cas souligne l’importance capitale du système international de vérification, de la coopération des États membres et du respect des accords pour garantir l’utilisation exclusivement pacifique de l’énergie nucléaire.
Objectifs : harmoniser les cadres réglementaires, partager les bonnes pratiques et adapter les solutions aux contextes nationaux, qu’il s’agisse de programmes nucléaires avancés ou émergents.
Pour les pays envisageant un premier programme nucléaire civil, l’Agence fournit des guides pratiques exposant les choix technologiques, réglementaires et économiques, en insistant sur l’importance de la transparence et de l’acceptabilité sociétale.
❖ Retraitement avancé (ex. : pyrotraitement) pour réduire la radiotoxicité, diminuer le volume des déchets et valoriser les matières fissiles.
❖ Matériaux de confinement innovants et systèmes de surveillance longue durée , en soutien à la sûreté des dépôts géologiques profonds.
L’enjeu dépasse la technique : la gestion des déchets devient un pilier stratégique pour assurer la durabilité du nucléaire civil, grâce à une gouvernance éclairée, des choix politiques responsables et l’appui scientifique de l’AIEA.
Voici la version condensée, claire et complète de la section sur le dessalement nucléaire, dans la même veine que les précédentes :
❖ En Arabie saoudite, Égypte, Koweït et Jordanie, elle mène des études de faisabilité, organise des formations techniques et favorise la coopération régionale.
❖ La Jordanie se démarque avec un projet ambitieux : installer un petit réacteur modulaire (SMR) couplé à une station de dessalement pour alimenter la capitale Amman. Ce projet pilote pourrait servir de modèle pour d’autres pays confrontés à des défis similaires.
Des outils pour guider les choix stratégiques
Pour aider les États à évaluer la viabilité de leurs projets, l’AIEA fournit plusieurs outils d’aide à la décision :
❖ DEEP (Desalination Economic Evaluation Program) : évalue la rentabilité économique de différentes options de dessalement en fonction des réacteurs, technologies et besoins.
❖ DE-TOP : optimise les performances thermodynamiques des systèmes de cogénération (électricité + dessalement), en intégrant des paramètres techniques et environnementaux.
Ces outils orientent les politiques publiques vers des solutions robustes, adaptées aux besoins locaux.
❖ Dessalement,
❖ Production d’hydrogène vert,
❖ Chauffage urbain.
Cette rencontre a renforcé les synergies entre science, industrie et gouvernance, tout en soulignant le potentiel du nucléaire dans la transition énergétique, la résilience climatique et le développement durable.
Le dessalement nucléaire s’impose ainsi comme une solution technologique crédible et stratégique face à la crise hydrique mondiale, apportant autonomie, résilience et sécurité hydrique aux pays les plus vulnérables.
❖ La 68ᵉ Conférence générale a réuni plus de 2 800 participants autour du thème « Le nucléaire pour la paix, la santé et la planète ».
❖ Des missions sensibles (Iran, Ukraine, Corée du Nord, zones de conflit) ont permis de maintenir l’accès aux sites nucléaires et de garantir la continuité des inspections.
❖ La coopération régionale a été consolidée via les réseaux AFRA (Afrique), ARCAL (Amérique latine) et RCA (Asie-Pacifique), renforçant la diplomatie scientifique Sud-Sud.
Transparence et Communication Scientifique
L’AIEA modernise sa communication pour renforcer la confiance du public :
❖ IAEA Data Hub : portail interactif offrant des données en temps réel sur les inspections, réacteurs, incidents de sécurité et émissions de CO₂ évitées.
❖ Webinaires mensuels grand public, avec plus de 30 000 participants cumulés en 2024.
❖ Présence numérique accrue (X, LinkedIn, YouTube, Instagram) via infographies, vidéos et interviews vulgarisées.
❖ Relations médias renforcées, avec des interventions régulières du Directeur général sur CNN, France 24, NHK, Al Jazeera, etc.
❖ Partenariats avec plus de 100 universités pour intégrer les sciences nucléaires dans l’enseignement supérieur.
❖ Le programme Marie Skłodowska-Curie Fellowship a dépassé les 350 boursières issues de 120 pays, promouvant les femmes dans les carrières scientifiques.
❖ Des olympiades de la science nucléaire ont été organisées dans 14 pays, sensibilisant les jeunes aux usages pacifiques de l’atome.
Une Diplomatie de Confiance dans un Monde Instable
Dans un contexte marqué par les conflits, le sabotage d’infrastructures critiques et la montée des cybermenaces, l’AIEA s’impose comme un acteur de confiance, garantissant :
❖ La neutralité scientifique,
❖ Le dialogue entre puissances antagonistes,
❖ Le suivi impartial des engagements en matière de non-prolifération.
Par son approche alliant rigueur scientifique, communication transparente et diplomatie multilatérale, l’AIEA contribue à restaurer la confiance internationale et à poser, par l’atome, les fondations d’une sécurité collective renouvelée.
Loin de se cantonner à un rôle technique, l’AIEA promeut une vision intégrée de l’atome : un outil au service de la santé, de la sécurité alimentaire, de la protection de l’environnement, de l’accès à une énergie propre et du progrès partagé. Elle veille à ce que les bénéfices du nucléaire soient accessibles, maîtrisés et équitablement répartis, en particulier dans les pays en développement.
Dans un monde fragmenté, marqué par des tensions géopolitiques croissantes et des urgences planétaires, l’AIEA se révèle plus que jamais comme un acteur pivot de la stabilité internationale. Elle incarne une diplomatie de la connaissance, de la confiance et de la responsabilité partagée, au service d’un avenir plus sûr, plus équitable et résolument tourné vers la paix.