Nous y sommes et en plein dedans. Les Marocains de là-bas, ceux des transferts de devises mais également leurs rejetons viennent faire un tour au pays. Les moins jeunes n’oublient pas de faire les beaux racontant leurs péripéties dans leurs pays d’accueil. Des histoires souvent salaces, du moins jubilatoires, régulièrement intangibles. Ça cause rodéos urbains, juges pour mineurs, gardes à vues, meufs admiratrices, parfois au bord de la frénésie. Ils conversent en empruntant la prose d’ElGrande Toto, convertie à un français que les dictionnaires ont du mal à déchiffrer. Et dire que ceci fait mouche. Les plus vulnérables sont les chastes oreilles qui absorbent sans compter des récits partis de faits réels avant de subir les affires d’imaginations invraisemblables, de contes à dormir debout, de rêves tout éveillés. Avec cela, quelques stigmatisations. Mais le shaker est à portée d’ignorance pour un résultat bien frappé. Le délit tout court vient le disputer au délit de faciès. Ce qui bifurque savamment sur « la jeunesse délinquante », étrangère de préférence. Les petits marocains d’ici, largement situés au loin, ne savent, depuis une paie, sur quel rythme se trémousser, sur quelle mélodie s’abandonner. Le rap surgit par à-coups comme pour arracher un espace par le verbe qui anéantit, par le geste qui laisse coi. Et les férus de la diatribe font front avec les épris de la logorrhée, revendiquant le droit de l’autre à s’exprimer. Bravo donneurs de leçons bien assis au loin.
