​Liban : Les lignes rouges du Hezbollah

À la veille de la séance du Cabinet, du jeudi, consacrée à la poursuite des discussions sur ce que l’on appelle désormais le «document américain», le pays entre à nouveau dans une phase politique et constitutionnelle délicate, où les pressions extérieures se conjuguent à des équilibres internes fragiles. Si le Cabinet a décidé de charger le commandement de l’armée d’élaborer un plan exécutif visant à limiter le contrôle des armes à l’État avant la fin de l’année, il est clair que la question dépasse le cadre d’une simple procédure administrative et touche au cœur du conflit politique autour de la notion de souveraineté, du monopole légitime des armes et du rôle de la résistance dans l’équation de la défense nationale.

Alors que la séance du cabinet de mardi a mis en lumière les divisions qui pourraient surgir jeudi, les ministres Tamara Zein et Rakan Nasser al-Din se retirant pour protester contre le mécanisme de vote relatif à la fixation des délais pour le contrôle des armements, faisant de la participation du duo chiite à la prochaine séance une question de consultation ouverte, le Premier ministre Nawaf Salam a tenu à affirmer l’engagement de son gouvernement envers le contenu de sa déclaration ministérielle, notamment concernant la sécurité du pays et la pleine mise en œuvre de la résolution 1701 de l’ONU.
 
Les lignes rouges du Hezbollah
À l’issue de la séance du cabinet, des cercles proches du Hezbollah ont mis en garde contre toute atteinte à l’unité de l’armée, dernier vestige de l’État. Ils ont remis en question la capacité de l’État à mettre en œuvre un plan de contrôle des armements sans stratégie de défense globale et nationale. 

Cette approche, selon ces milieux, reflète une crainte réelle que l’armée ne devienne l’instrument d’un plan étranger, ce qui pourrait sérieusement porter atteinte à son image et à son unité, surtout si elle est poussée dans une confrontation imprévue avec le Hezbollah.

Selon ces milieux, le Hezbollah estime que la souveraineté ne se limite pas à la possession exclusive d’armes par l’État, mais plutôt à l’intégration des rôles de la résistance et de l’État dans le cadre d’une vision globale de défense nationale. La proposition américaine vise à ce que le Liban abandonne progressivement sa résistance en échange de garanties, ce qu’elle considère comme un piège stratégique qui priverait le pays de son pouvoir de négociation et de sécurité.

Dans ce contexte, le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem, a clairement affirmé qu’«il n’y aura pas de désarmement de la résistance, ni progressif, ni selon un calendrier, ni hors consensus national». 

La proposition américaine exigeait directement du Hezbollah qu’il dépose ses armes dans un délai de 30 jours, et réduise de moitié les capacités militaires de la résistance. Une démarche que le Hezbollah perçoit comme une tentative de priver le Liban de sa force en échange de promesses dénuées de toute garantie et servant exclusivement la sécurité d’Israël, selon Cheikh Qassem, qui considère les États-Unis non pas comme médiateur, mais plutôt comme parrain d’un projet visant à affaiblir le Liban.

Qassem a rappelé aussi que la résistance faisait partie intégrante de l’accord de Taëf, incluant les mesures à prendre pour protéger le Liban.  Une question constitutionnelle qui donc ne peut être débattue par un vote, mais requiert un consensus de toutes les composantes de la société. 

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